Capitaine, tu es parti le 15 octobre, ton bourreau partira en fin (enfin)

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Outre tombe, tu passeras ce mot à ton « alter ego » comme tu aimais l’appeler :

« Mon amitié indéfectible qui trahissait cette naïveté romantique que tu admirais tant mais que tu détestais tant aussi, paradoxalement, te faisait souffrir. Les paradoxes, les contradictions et les nuances qui ont tant troublé ta personnalité t’empêchaient de me regarder les yeux dans les yeux. Je te vois encore baisser tes yeux à chaque fois que nos regards se croisaient furtivement. Je savais combien ma présence t’était devenue insupportable. Toi, petite personnalité qui ne pensait et pansait le comble de ce vide psychologique atavique que dans la méchanceté, la jalousie et la violence. Je te vois encore, avec ce sourire criminel sciemment « retravaillé » pour dissiper les doutes qu’entretenait mon entourage sur la sincérité de ton amitié. Tu n’y as pas réussi. Mais je ne pouvais faire comme toi. Je ne voulais pas. Je ne pouvais pas. Les contraires s’attirent dit l’adage, c’est vrai! Tout nous opposait. Tu étais cynique, j’étais romantique. Tu étais faux, j’étais véridique. Tu étais sournois, aimais le luxe et ses incontournables « luxures », pardon!. J’étais entier, direct, sobre, très peu porté sur les mondanités. Tu rêvais de soirées de gala arrosées dans les cours d’un palais monstrueux. Je préférais le marathon populaire du samedi matin. Tu n’appréciais guère que j’eusse versé au Trésor public l’ensemble des cadeaux reçus de mes pairs. Comment aurais-je pu condamner le vol de nos deniers publics et dérober moi-même les biens reçus au nom du peuple qui m’a mandaté pour le représenter? Si je pouvais encore supporter cette contradiction interne sans m’étouffer d’indignité, sans doute serais-je encore en vie, en ta compagnie, quelque part dans un champ du Faso, pour honorer notre promesse de « consommer local », employés par nos épouses à qui notre révolution avait rendu justice  en faisant légalement des propriétaires terriens au même titre que les hommes. Tu me disais alors qu’on va faire des « mécontents » avec les chefs traditionnels qui n’apprécieraient guère qu’on remettre en cause un héritage séculier pompeusement baptisé tradition, comme s’il en existait de figée, de fixe et de définitive.. Outre tombe, j’ai entendu tes explications auprès de ces « Moro Naba » que tu disais vouloir réhabiliter pour « corriger » les dérives de notre révolution. Ta supposée maturité, même pleine de calculs cyniques était portant appréciable. De là où je me trouve, j’avais applaudi en toute sincérité le Machiavel qui dormait en toi et que tu avais su réveiller avec dextérité. Tu mesures ma naïveté. Je ne sais pas te détester, cela m’aurait rendu nihiliste en appréciant ton œuvre, durant toutes ces années de gestion solitaire du pouvoir, en mon absence. Notre « ami » et voisin de pallier au Paradis, Senen Andriamirado peut en témoigner. Lui qui me demanda un jour si je ne craignais pas un coup venant de toi. Te souviens-tu de ma réponse? Je lui disais que je ne pourrai jamais prévenir un coup venant de toi, c’est comme si je voulais éviter me donner à moi-même un coup, car tu es mon alter ego; si Sankara devait partir, Blaise sera là, lui disais-je, donc la révolution des hommes intègres sera sauve. Cher ami, Tu as rompu le pacte en te laissant griser par la petite gloriole. Celle d’avoir vaincu ton meilleur ami, tué « dans un bête accident » comme tu disais avec regret. J’ai entendu ton mea-culpa, durant le transfert « éhonté » de mon cadavre de cimetière en cimetière par tes croquemorts qui savaient goûter au plaisir de ta satisfaction de me savoir « caché », quelque part, même mort, pour ne point mériter l’hommage posthume de mes sympathisants. J’ai failli me relever pour t’en dissuader, mais comme Mao nous enseignait dans ses manuscrits à peine lisibles que nous « buvions » ensemble dans le retrait de nos casernes lugubres : « L’histoire fera son chemin à notre insu ». Depuis lors, des dizaines de jeunes africains qui n’ont pas vécu notre histoire apprennent « mon » histoire à travers leurs parents qui m’ont fait l’honneur d’être parrain de leurs enfants, sans m’avoir jamais rencontré. C’est la leçon de l’histoire de Mao : les honneurs me trouvent dans ma tombe depuis ce fameux 15 octobre. Et tu creuses la tienne sur les décombres de ton déshonneur, ce 31 octobre. Je devine tes premiers mots à notre prochaine rencontre : « Tout cela en valait-il la peine? ». Je te répondrai avec mon sourire éternel et sincère : « Non! Mais…. tout nous opposait! Et pourtant, on était des amis ».

Pr Ndiaga Loum, UQO

14 Commentaires

  1. Une peine immense m’envahit Mr.Parce que vous ne pouvez entendre les applaudissements universels, et les acclamations qui déchirent le silence à chaque fois que l’on lit votre texte.Vous avez écrit ce texte non pour narrer mais pour nous instruire sur l’Anitié et sur la trahison .Thomas et Blaise ont vécu un temps court mais fabuleux et rien ne fut semblable à leur tandem .Pendant plus de vingt ans Sankara dort et vous avez veillé sur son sommeil pour nous faire cette louange imperissable qui a un charme de grande leçon pour la postérité.Votre plume y gagne des palmes

  2. J’ai l’impression d’avoir lu un roman moyennant deux cents pages et que après des jours de lecture j’ai pu enfin sortir l’idéal de son contenu …. Votre texte mérite d’être publier traduit et vendu dans les rues non seulement de la Burkina mais dans le monde entier puisque la langue francaise à été très bien manier … Belle plume Ndiaga on est fière très fier de votre plume….

  3. Au delà du succès que semble rencontrer ce texte d’outre-tombe, il y a une phrase qui me gène particulièrement :

    Notre « ami » et voisin de pallier au Paradis, Senen Andriamirado peut en témoigner.

    C’est quand même très fort …

  4. Merci xalima de nous montrer ce que d’autre ne feront que quand il sont courtise pour des billets de banque …. J’ai pas trouver leur adresse pour leur dire que copier coler ce genres d’article nous fais mieux plaisir que les leurs vide et insensé et d’un français médiocre

  5. Pape corrige d’abord tes fautes d’orthogragraphe avant de parler du français médiocre des autres.: d’autreS …courtiséS….trouvÉ…coLLer…faiT…videS…insenséS.Tu vois que tu es déjà disqualifié pour jouer sur ce terrain .Ensuite , qu’aurais-tu fait si tu avais des adresses ? Tu ferais encore plus de fautes élémentaires , tu es un cagoulé.

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