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Casamance: la mauvaise conscience du président Wade

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Désireux de se faire réélire à la tête du Sénégal, Abdoulaye Wade se doit de gèrer mieux le conflit en Casamance.
Et de deux. L’armée sénégalaise, les célèbres «Djambars», vient d’essuyer un revers sanglant dans la région contestée de Casamance en proie à une rébellion depuis une trentaine d’années. Une dizaine de soldats dont un officier, selon les journaux dakarois, sont restés sur le carreau, le 20 décembre dernier.

Une région minée par les conflits

La première attaque de Kabeumb (centre de la Casamance) avait également fait des morts dans les rangs de l’armée sans qu’aucune source militaire n’en précise le nombre exact. Probablement excédé, le président Abdoulaye Wade a donné l’ordre à l’armée sénégalaise de pourchasser les rebelles casamançais au-delà des frontières, s’il le faut.

La Gambie est ainsi visée, parce que suspectée de servir de base-arrière aux rebelles. Pourtant,ce pays et la Guinée-Bissau sont parties prenantes des accords de Banjul 1, 2 et 3. Il est difficile d’établir actuellement l’identité des assaillants. Un porte-parole du Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (MFDC ) avait condamné la première attaque.

Vraisemblablement, ces attaques seraient l’œuvre de factions rebelles nées des divisions intervenues au sein du MFDC. Mais quel que soit le cas de figure, le problème reste entier pour les autorités sénégalaises. L’insécurité est réelle dans le Sud du pays et les négociations pour un accord de paix définitif sont au point mort.

Des négociations de paix compliquées

Les successeurs de l’abbé d’Augustin Diamacoune Senghor ont du mal à faire bloc pour un accord de paix. Depuis 2007, date de la mort de ce chef historique de la rébellion, la division a gagné les rangs. C’était dans ce contexte que Wade avait annoncé qu’il règlerait le problème casamançais en 100 jours. Les faits sont têtus, et le «vieux» devrait avoir la sagesse de reconnaitre qu’il a perdu son pari. Il devrait donc envisager le règlement de ce conflit larvé par d’autres moyens.

Les 17 et 18 décembre derniers, le MFDC avait convoqué des états généraux du processus de paix en Casamance. Le secrétaire général du Mouvement, Jean-Marie François Biagui, avait alors demandé la réactivation des accords de Banjul. Le gouvernement sénégalais devait procéder à des investissements structurants dans la région afin de réduire son dénuement vis-à-vis du reste du pays.

Si, de ce côté-là, les choses semblent avoir bougé, pas suffisamment pour faire taire les armes, Abdoulaye Wade doit être le plus embarrassé dans cette affaire, d’autant que les attaques tombent mal.

Un enjeu de la campagne présidentielle

La Casamance s’invite de façon fracassante dans le débat politique national. Il est difficile d’y voir des actes isolés. Les auteurs de ces attaques visent un objectif, celui de remettre en selle le dossier casamançais. Et la mort de soldats sénégalais pourrait faire mouche au sein d’une opinion publique qui attend de voir clair dans la liste définitive des candidats à la présidentielle de février 2012.

Les adversaires du président sénégalais tiennent là certainement un sujet sur lequel ils peuvent surfer allégrement: la promesse électorale non tenue de Wade. L’homme n’avait certainement pas mesuré l’ampleur du problème. Pour Wade, l’heure des comptes a certainement sonné. Avis donc aux autres candidats qui se risqueraient à faire monter les enchères sur la crise casamançaise.

Abdoulaye Tao, Le Pays

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