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Ce rapport d’une fondation allemande qui confirme Boubacar Seye

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XALIMANEWS- Sur commande de la Fondation Heinrich Böll Sénégal, une étude a été réalisée sur les projets et programmes migratoires au Sénégal de 2005 à 2019. Le document signé du Dr Mamadou Dimé, sociologue et enseignant-chercheur au Département de sociologie de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, fait part d’ « une avalanche de financements pour des résultats mitigés ».  Comme pour confirmer les doutes du président de l’ONG Horizon sans frontière (HSF) sur l’utilisation de l’argent injecté par l’Union Européenne dans la lutte contre l’émigration clandestine au Sénégal.

Selon ledit rapport parcouru par PressAfrik, plus de 200 milliards de francs CFA (environ 305 millions d’euros) ont été investis au Sénégal, dans le domaine de la migration entre 2005 et 2019, principalement autour de trois axes. Il s’agit de la surveillance des frontières, favoriser les retours, et améliorer la situation socio-économique dans les zones de départ.

Le constat a révélé que de 2015 à 2019, la voie terrestre par le Sahara puis l’Afrique du Nord était la route migratoire principale utilisée par les migrants pour se rendre en Europe. Selon les statistiques de l’Union européenne, 19.235 Sénégalais sont arrivés  en Italie, en Grèce et en Espagne par voie maritime de janvier 2016 à mars 2019.

En plus, cette période est marquée par une augmentation massive des financements de l’Union européenne relatifs à la migration irrégulière. Durant cette période, l’Union européenne a lancé le Fond fiduciaire d’urgence en faveur de la stabilité et de la lutte contre les causes profondes de la migrations irrégulière et du phénomène des personnes déplacées en Afrique (FFUE) visant à appuyer la mise-en-œuvre de la déclaration politique commune de La Valette.

Entre 2015 et 2019, le Sénégal reçoit par l’intermédiaire du FFUE au moins 170,8 millions d’euros (environ 112 milliards de francs CFA) pour une dizaine de projets. Au total, de 2015 à 2019,  plus de 120 milliards de francs CFA (environ 182 millions d’euros) ont été, au total, décaissés pour la mise en œuvre des projets et programmes orientés vers la dissuasion des migrations irrégulières, soit une augmentation de 140% par rapport à la période précédente.

Malgré cette augmentation exponentielle des financements, les résultats de ces projets et programmes sont « mitigés du fait que les montants dépensés ne sont pas à la hauteur des attentes et des objectifs pour lesquels les projets et programmes ont été mis en œuvre », relève Dr Mamadou Dimé.

Le dernier profil migratoire du Sénégal publié par l’Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie et l’OIM en 2018 conclut que l’émigration irrégulière au Sénégal continue de « prendre de l’importance », tout en notant l’impossibilité de donner des chiffres exacts en l’absence de données cohérentes et collectées de manière régulière.

Egalement, une note de recherche publiée par l’OIM en 2019 constate une recrudescence des migrations irrégulières du Sénégal vers l’Espagne par la voie maritime en 2018. Cette étude conclut que le «  manque d’opportunités économiques  » et «  l’image positive de la migration  » véhiculée par les proches continuent à pousser les jeunes Sénégalais à la migration irrégulière.

L’auteur du rapport explique « ces résultats mitigés peuvent s’expliquer par différents facteurs, à commencer par un éparpillement des responsabilités institutionnelles dans la gouvernance des migrations ». Car, remarque-t-il, « il n’existe aucune structure au Sénégal ayant pour mandat d’aborder le fait migratoire dans sa transversalité (émigration, migration interne et immigration) ».

Cet éparpillement institutionnel, avance-t-il « contribue à faire de la migration un champ éclaté propice à la multiplication des initiatives sans un cadre de concertation apte à fédérer les actions et à contrecarrer le chevauchement et la duplication des programmes et des projets ». Il empêche aussi « l’émergence d’une ligne politique claire et cohérente dans la gouvernance des enjeux et défis posés par les migrations ».

Des migrants de retour et candidats à l’émigration interrogés, ont exprimé leurs préoccupations et leurs frustrations. Ils ont mis en exergue le décalage entre l’ampleur des financements proposés par les bailleurs au Sénégal et les montants qui parviennent finalement aux populations. Les migrants ayant bénéficié de l’assistance de l’OIM dans le cadre de retours volontaires estiment souvent que les montants alloués sont « insuffisants et finissent par remettre en cause la pertinence de cette assistance ».

« J’ai tenté de partir en Europe en passant par le Mali puis le Niger et la Lybie. Je suis resté bloqué au Niger avec beaucoup d’autres jeunes Sénégalais. Nous avons connu la galère dans ce pays. Lorsque l’OIM nous a proposé de rentrer au Sénégal, moi je n’ai pas hésité car je n’en pouvais plus. Lorsque je suis rentré, on nous a proposé des montants insignifiants pour pouvoir faire quoi que soit. […] En plus, ce qu’ils ignorent, c’est ce que nous nous endettons ou bien nous vendons tous nos biens pour partir, donc tu es rapatrié, la situation qui t’a amené à partir n’a pas changé d’un iota. Ce ne sont pas des montants d’argent aussi faibles qu’on amènera à renoncer à l’Europe », a témoigné dans le rapport, un migrant de retour.

Il ajoute : « Il ne se passe pas un mois sans que l’on ne parle à la télé de financements accordés à des migrants de retour. C’est beaucoup d’argent […]. On se demande où part cet argent et qui en profite. […] Dans mon entourage, chez mes compagnons avec qui je suis rentré, je ne connais personne ayant réussi à bénéficier d’un quelconque financement. L’argent destiné à aider les migrants de retour doit arriver jusqu’à nous. Nous avons beaucoup de projets mais nous n’avons pas les moyens de les réaliser.»

Quelques recommandations aux autorités sénégalaises

Au terme de cette étude, l’auteur du rapport a formulé quelques recommandations aux autorités sénégalaises. Dr Dimé a demandé notamment la « mise en place des politiques et programmes orientées vers l’identification de réponses pérennes et articulés aux défis et enjeux migratoires propres au Sénégal et non pensés par rapport à l’agenda de ses partenaires techniques et financiers, la création d’un ministère chargé des questions migratoires ayant pour mandat d’assurer la mise en œuvre de la politique nationale de migration et la coordination des interventions relatives à la migration, et une révision en profondeur de la politique nationale de migration du Sénégal avant sa validation politique, notamment afin de mettre en valeur les opportunités liées à la mobilité internationale de la population sénégalaise ».

Pour rappel, le président de l’ONG Horizon sans frontière a été arrêté à sa descente de l’AIBD vendredi dernier et placé en garde à vue le lendemain samedi. Avant d’être placé sous mandat de dépôt en début de semaine. Il est poursuivi pour diffusion de fausses nouvelles, après avoir déclaré que l’argent injecté par l’Union européenne pour la lutte contre l’émigration clandestine devait faire l’objet d’audit, après les centaines de morts enregistrées au Sénégal en 2020 dans la mer.

Pressafrik

1 COMMENTAIRE

  1. Ce que les gens ignorent en parlant de Heinrich Böll Stiftung ou fondation, que cette structure est un démembrement du parti « les verts », opposants au gouvernement fédéral actuel de Merkel. Cette structure n’est pas apolitique, elle a des intensions de vulgariser son idéologie en Afrique comme l’écologie, l’égalité des genres et les associations lgbt. Il appartient à l’ue de faire la lumière. Il ne peut même pas avoir de détournements d’objectifs car tous les investissements en européens dans les pays en développement sont contrôlés en amont et en aval. L’ue doit rendre compte à son opinion publique, et donc ne peut en aucun cas laisser passer un détournement. Il faut être intelligent pour le comprendre malheureusement

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