Centenaire de Maodo, l’un des plus grands stratèges de l’histoire, symbole de l’intelligence , de la pluridisciplinarité ( par LAMIN AL’AMIIN JÓOB)

UNE APPROPRIATION RATÉE

MAODO DÉCONSTRUCTEUR DE MYTHES, MAÎTRE DES SCIENCES ISLAMIQUES, MANAGER INCONTESTABLE, DIPLOMATE, MARABOUT DES DEUX TEMPS, PLURIDISCIPLINAIRE SANS FAILLE, LE NIL SÉNÉGALAIS DU SAVOIR

L’EXEMPLE DE MAODO AUX LEADERS D’AUJOURD’HUI

ET SI LE SÉNÉGAL, L’AFRIQUE SAVAIT PRENDRE LE CÔTÉ DE TOUT DE SES GRANDS HOMMES?

Centenaire de l’homme sans ténèbres qui a fait tomber beaucoup de barrières mentales en replaçant l’homme noir au coeur de l’intelligensia.
Centenaire de la lumière qui a chassé l’ombre pour illuminer même les décombres.
Centenaire de l’homme avec un grand H qui a confirmé la perfection divine.
Centenaire de l’un des plus grands stratèges de l’histoire qui a déconstruit notre fausse considération du marabout en mettant des stratégies jamais égalées contre la colonisation.
Centenaire d’un pluridisciplinaire plein, difficile à situer.
Centenaire d’un marabout intellectuel qui a passé toute sa vie à construire et à déconstruire.
Juin 2022, Dakaar, Tiwaawan, le Senegaal célèbre comme à l’accoutumée les 100 ans de la disparition du grand Maodo, en dressant des statues, faire sortir de la terre des monuments, créé beaucoup de bruit, faire du tintamarre continu, des débats illimités sans jamais s’approprier des grands travaux de l’homme multidimensionnel célébré.

UNE APPROPRIATION RATÉE
Quel est l’intérêt de bien vivre si après sa mort tout s’arrête sur notre vie? Quel est le sens de bien faire si notre action commise pendant qu’on était en vie est réduite à néant après notre mort?Pourquoi écrire autant de livres et faire une grande production intellectuelle si nous ne leur gardons sans jamais l’intégrer dans notre quotidien pour définitivement changer nos vies?Qui aura une belle mort dans cette société qui laisse ses grands humains mourir deux fois?
Si le défaut d’appropriation est une dérive intolérable, cette concurrence aveugle qui tue les prouesses de nos plus grands humains est le summum de la bêtise humaine. Parler de l’homme plus que son œuvre a toujours été la pire maladie jamais éradiquée de cette société. Jamais le combat n’a été l’intégration de la production intellectuelle de Maodo dans les curriculas. Réduire tout aux débats de personnes nous a toujours privé de voir au-delà de nos certitudes fausses. Faire de nos marabouts des lutteurs en créant pour eux des écuries est le plus grand manque de respect envers ses illustres hommes. Nous sommes faux dans notre rapport avec les grands humains quand ils sont en vie, car on le leur reconnaît ce statut de grands humains que quand ils sont morts.
Le seul grand hommage qui tient c’est de forcer l’élite politique à intégrer sans délai leurs œuvres pour l’éducation des masses et de faire en sorte que tous ces disciples proclamés remplacent leur spiritualité à la mode à une recherche d’une élévation spirituelle dans l’ombre.

MAODO DÉCONSTRUCTEUR DE MYTHES, MANAGER INCONTESTABLE, MARABOUT DES DEUX TEMPS, PLURIDISCIPLINAIRE SANS FAILLE, LE NIL SÉNÉGALAIS DU SAVOIR
Maodo, le sage, était plus qu’un guide spirituel. Dans son héritage, nous devrions avoir un œil plus regardant, une exigence d’analyse et une réflexion profonde pour toucher le côté de tout de Maalik ne serait-ce que pour la reprise du modèle quasi parfait qu’il était : économiste, politique, grand humaniste, philanthrope, agriculteur, universitaire, bâtisseur de patrimoine matériel comme immatériel, dompteur d’âme, manager, révolutionnaire, géographe, astronome, architecte, historien scientifique, diplomate, visionnaire…
Maodo plus qu’un universitaire parce qu’il est à l’origine de la mise en œuvre de la grande université de Tiwaaouan. Dans l’imaginaire de ceux qui n’ont pas encore déconstruit le mot « université », il faut qu’il y ait de grands bâtiments, des étudiants en costume cravate et des professeurs qui Shakespeare la langue anglaise. Pourtant, tout cela n’est que de la littérature: sans les facultés, sans les branches de savoir enseignées au sein, il n’y a point d’université.
Maodo enseignait à ses disciples comment tracer et placer une mosquée à la bonne place, dans une meilleure position sans boussole sans rater la Xibla. Notre aliénation nous empêche de voir le côté astronomique de cette prouesse technique et scientifique.
Réussir à contrecarrer les plans diaboliques du côlon en faisant traîner tous leurs projets est un acte révolutionnaire qui n’est pas donné à un non stratège. Depuis leur projet de civilisation du monde noir jusqu’à la réalisation du système qui devrait maintenir et continuer cette mission civilisatrice, Maodo n’a jamais prêté le flanc. Une des citations nous renseigne que lorsque le blanc était venu pour implanter dans sa zone des infrastructures qui vont lui permettre de donner leurs enseignements, » Nous voulons construire des écoles » Maodo leur avait répondu: » Je suis d’accord que si vous me premettiez moi aussi de construire des mosquées ».
Parvenir à avoir des élites comme MAME RAWANE NGOM, EL HADJ ABDOUL HAMID KANE KAOLACK, THIERNO MOUNTAGA TALL, EL HADJI BABA NDIONG PODOR, EL HADJ AMADOU CISSE PIRE, EL HADJ AMADOU DIEGUENE, MOUHAMMED HADI TOURE, EL HADJ DAOUDA DIA JOLOF, EL HADJI IBRAHIMA SAKHO pour ne citer que cela, n’est pas une tâche aisée. Maodo devrait avoir une dimension intellectuelle qui dépasse l’impossible pour pouvoir être maître de tous ces grands maîtres. Seydi Haaj Malik utilisant ses talents politiques et managériaux a réussi à former et à placer tous ces hommes dans des localités différentes pour expandre l’islam confrérique mais surtout pour défendre les valeurs africaines menacées par la présence du colon. Et si cet exemple de leadership avait été repris par l’élite politique, nous n’en serions pas là aujourd’hui à crier scandales ou ministres incompétents. Et si nos élites récupéraient nos génies et investissaient suffisamment pour leur formation, l’Afrique serait capable aujourd’hui de bâtir et réussir des projets miraculeux sans aide étrangère.
Il était agriculteur parce que convaincu qu’il avait suffisamment de disciples jeunes avec une énergie incommensurable, il était hors de question pour Maodo d’aller quémander ce qu’ils doivent manger, compter sur leur propre force et exploiter ce potentiel énorme, Maodo choisira de régler le problème d’autosuffisance alimentaire qui devrait être un modèle pour les dirigeants de notre époque.
Son statut de grand humaniste et philanthrope n’était pas un choix infondé car Maodo avait très tôt compris que ce n’est que par la solidarité que les sociétés humaines et africaines devraient passer pour régler ensemble tous leurs problèmes sans mourir à faire des efforts.
Ceux qui cherchent à rester le soleil ont peur et ont horreur de voir la naissance ne serait-ce des étoiles car ils veulent seuls briller sans être intimidés, Maodo a déconstruit le mythe du marabout qui doit être le centre en ayant tous les privilèges pendant que son disciple, lui, traîne à rester un éternel soumis sans jamais parvenir à se réaliser.

L’EXEMPLE DE MAODO
Sa grande leçon aux dirigeants affamés de pouvoir de notre époque était de montrer qu’: il ne faut jamais utiliser son pouvoir pour satisfaire ses désirs mondains personnels, ensuite, un leader doit être honnête et prêt intellectuellement pour diriger en adoptant les meilleures stratégies pour la réalisation d’une réussite collective, enfin, notre existence sur cette terre doit avoir un but précis et le plus grand sentiment qui doit empêcher de dormir tout leader c’est celui du sentiment devoir accompli, être utile pour l’autre.
Je ne parlerai pas de sa bibliographie miraculeuse pour la simple et bonne raison que Maodo était venu sur cette terre pour prouver l’omniprésence de Dieu et ceux qui connaissent l’histoire des deux êtres qui l’ont mis au monde savent que ce grand érudit sénégalais est né sur le chemin de la recherche du savoir.
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ET SI LE SÉNÉGAL, L’AFRIQUE SAVAIT PRENDRE LE CÔTÉ DE TOUT DE SES GRANDS HOMMES.

LAMIN AL’AMIIN JÓOB Journaliste, Communicateur digital, apprenti chroniqueur