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C’est Souris. à titre personnel, qui a avance à Metsu trois mois de salaire

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Après l’inhumation de Bruno Metsu arraché à l’affection des Sénégalais, les témoignages se prouvent. Et c’est un de ses fidèles amis, qui l’a accueilli et hébergé à l’hôtel Novotel, pendant les six premiers mois de son séjour dans notre, qui raconte sa galère. Douga Diop, c’est nom, actuel gérant de la Résidence Mamoune, révèle, dans cette première partie de l’entretien qu’il nous a accordé, que c’est le président «Souris» qui a tiré d’affaire le fétiche > coach en lui faisant une avance de trois mois de salaire. Sans manquer de revenir sur sa complicité avec le défunt coach des «Lions».

Qui est Douga Diop pour les Sénégalais ?

Douga est un petit bonhomme. Vous savez moi j’ai grandi dans le sport. Très Jeune, j’ai eu à pratiquer le sport. J’ai évolué à l’Us Gorée dans les petites catégories. Et n’eussent été mes exigences professionnelles, j’allais embrasser une carrière de footballeur professionnel. Personnellement, j’ai été le tout premier, en tant que passionné de football, à ouvrir la brèche aux joueurs sénégalais qui devaient se rendre en Belgique. Je suis parmi ceux qui ont fait partir Mackou Niasse en Belgique.
C’est vrai que je n’ai pas obtenu de diplômes d’entraîneur, parce que le temps matériel ne me le permettait pas. Mais en tant que sportif, j’ai eu à encadrer beaucoup de jeunes et à accompagner plusieurs joueurs dans leur carrière footballistisque. J’ai eu à donner beaucoup de documents et de supports à plusieurs entraîneurs qui en avaient besoin.
Sur le plan professionnel, j’ai suivi une carrière d’hôtelier après mes études. Je suis parmi les tout premiers cadres hôteliers à avoir ouvert les plus grands établissements hôteliers sénégalais, dignes de ce nom. J’ai travaillé à Teranga, au Novotel après une interruption pour une formation en Italie (…) Sur le plan national, je suis vraiment quelqu’un qui œuvre pour le développement du pays. Jai formé les meilleurs hôteliers et je continue à être sollicité pour redresser certaines structures. Je ne connais que l’hôtellerie et le football en matière de sport.

On vous cite parmi les fidèles amis de Bruno Metsu. Comment avez-vous tissé vos liens avec le défunt coach des «Lions» ?

C’est par hasard que j’ai rencontré Bruno Metsu. Un jour de service, j’étais sorti, et de retour à l’hôtel, un de mes employés m’a dit «boss nous avons un client chez nous». Je lui demande de qui s’agit-il, il me répond que c’est le nouvel entraîneur de l’équipe nationale de football. Alors je me suis rapproché de lui pour savoir de quoi il s’agissait. C’est Mama Sow, directeur technique, à l’époque, qui l’avait conduit
à l’hôtel Novotel. Dès qu’il est descendu de sa chambre, on a discuté. Mais sans parler de football.
Après, il m’a annoncé qu’il venait pour l’équipe nationale. Et je lui ai souhaité la bienvenue en lui faisant savoir que ça me faisait plaisir de le rencontrer.
Ce, d’autant plus que je suis du milieu du foot et que si Dieu le veut bien, on va cheminer ensemble. Chemin faisant, on a vraiment collaboré jusqu’à devenir des confidents.

Parlant de confidence, quel est votre degré de complicité ?

En tant que confident, je lui parlais de la culture sénégalaise. Je lui expliquais comment est conçu le Sénégal en tant que pays et comment lui, étranger, devrait-il faire pour être bien vu par les Sénégalais. Et je lui ai dit aussi l’amour du Sénégal par rapport à l’étranger. Parce que le Sénégalais disait tout bas, en ayant un ami étranger, pour montrer son appartenance, «sama Toubabi la». C’est vraiment quelqu’un qui attrait à un accaparement. Et sur le fait qu’il ait commencé à découvrir la mentalité des Sénégalais et d’aller vers la culture de notre pays.

On dit aussi que vous l’avez hébergé et soutenu pendant ses six premiers mois de galère au Sénégalais ?

C’était vraiment six mois de dèche. Parce que Bruno Metsu est venu et hébergé au Novotel pendant six mois mais sans contrepartie par rapport à la relation qui devait lui permettre de réussir sa mission. Il est resté six mois sans salaire. Et à moment donné, c’est le président de la fédération d’alors, Malick Sy «Souris», qui lui a avancé de son propre compte, trois mois de salaire pour avoir de quoi survivre et avoir vraiment quelque chose de consistant.
Et petit-à-petit, je découvrais que même pour se restaurer, j’étais obligé, sur ma propre volonté et avec les compétences qui me sont dévolues au niveau de ma profession, de prendre en charge une partie de sa restauration. Que ça soit au déjeuner ou au dîner, on prenait le repas ensemble, jusqu’au moment où il commençait à s’intéresser et à avoir les coudées franches.

Donc, il était à bout…

J’avoue que pour le premier match qu’il devrait livrer en dehors du pays, jusque à la veille du voyage, son contrat n’était pas validé. En partant au ministère pour rencontrer les autorités, il me disait qu’au cas où elles me rappellent, c’est pour me dire que le contrat est validé. Au cas contraire, il va tout simplement accompagner l’équipe. Mais il ne reviendrait pas au Sénégal. Et c’est à quelques heures de son départ pour le voyage avec l’équipe que son contrat a été validé. Mais auparavant, il a eu à bâtir une équipe pour aller rencontrer la Gambie en match amical avec des joueurs espoirs. C’était pour avoir une identité sénégalaise avant de «compétir» dans les joutes internationales. Et il a monté une équipe qui est allée jouer en Gambie. Il y a eu aussi un match amical contre l’équipe olympique du Mali. Et c’est Mayacine Mar qui prenait en main l’équipe qu’il avait commencée à préparer. Et c’est l’avant-veille de la compétition qu’il a trouvé un accord avec la fédération pour aller entraîner l’équipe. Lorsqu’il m’a parlé de projet d’équipe locale, je lui ai suggéré un joueur. C’était Diégo de Ouakam qui évoluait à l’époque en D2. Et il a
effectivement sélectionné le joueur qui n’avait pas démarré le match, mais a marqué l’unique but de l’équipe contre le Mali.

Quelle a été son attitude après qu’il a commencé à percevoir son salaire ?

Ça c’était sous forme d’hébergement par le ministère. C’était au tout début et quand le contrat a été validé, l’Etat lui a trouvé un logement de fonction. On lui a même donné des moyens pour mener à bien sa mission. Après avoir fait son match, il revenait vers moi, le soir, pour s’impliquer davantage dans ce qui se passe pour le football sénégalais. Parce que j’étais bien introduit dans le football que j’ai toujours suivi à un âge très jeune. Je n’ai pas lâché que ce soit en petites catégories, en juniors et en seniors. Mon père me disait «même si tu vois un ballon entre un troupeau de chèvres, tu attends toujours qu’elles passent pour te saisir du ballon». Tellement, j’étais très accroché au football.

Comment se faisait la collaboration avec ce «héros parmi les héros sénégalais» ?

Quand il commençait à bâtir l’équipe de 2002, il est parti de sa propre conception, de ses propres idées et de son propre destin. Bien vrai que j’ai eu des discussions intenses avec lui. Il était très futé et faisait attention à tout. Tous les matches des adversaires, nous les visionnions lui et moi entre minuit et 4h du matin, à l’hôtel. On discutait à bâtons rompus. Et comment il a bâti l’équipe ? Au préalable, il y avait trois joueurs qui venaient lui rendre visite, Oumar Dieng, Alassane Ndour et le capitaine Aliou Cissé.
J’étais la 4e personne. Un jour, lors d’une discussion autour d’une table, j’ai dit à Metsu ce que je pense sur ces trois personnes. A Oumar Dieng, je lui ai fait savoir qu’il est le plus gros détracteur de l’équipe. Parce qu’il a été toujours contre nous pour des raisons diverses. Il a refusé sa première convocation en équipe nationale puisque à l’époque, au poste il y avait Roger Mendy qui était indétrônable. Pour Aliou Cissé, il a été remplaçant pendant toute une saison au Psg. Et quand Okacha est parti à la Can 2000, il a décliné l’offre de Peter Schnittger. Et quant à Alassane Ndour, il est stagiaire à Saint-Etienne. Pour ces trois, c’étaient les raisons qui expliquent leur attitude de ne pas déférer à la convocation. Ils avaient alors tout à gagner en regagnant l’équipe nationale pour redorer leur blason.

Comment il s’organisait pour bâtir son groupe ?

A l’époque, rien que pour les contacts avec les joueurs pour bâtir son équipe de rêve, il avait une facture de téléphone de 800 000 francs. Et partant de ça, je lui ai fait visionner la casette de Sénégal-Nigeria de la Can 2000, à Lagos. Je lui ai donné des infos sur cette sélection de Peter Schnittger. Et quand il a vu les joueurs, il m’a dit «Douga, je ne prendrais personne». Je lui ai dit toi tu es fou, comment tu peux ne pas prendre ces éléments qui ont évolué en équipe nationale. Où vas-tu prendre d’autres joueurs ? Il faut trouver une base. Mais il m’a dit qu’il a déjà une vision sur la future équipe à bâtir. Et il m’a promis que je ne serais déçu de ses choix et de sa vision. Ainsi, il a confectionné une liste pour préparer les éliminatoires de la Can 2002. J’ai beau tenter de le convaincre que ces joueurs ne sont pas connus, il a insisté pour dire que ce sont des contacts qu’il a noués et qu’il ira chercher ces joueurs ciblés.

Qu’est-ce que vous retenez de l’homme Metsu qui nous a quitté ?

Ce que je retiens de lui, c’est son humanisme, son humilité, sa simplicité. Parce que je sortais, de temps à temps, l’accompagner à l’avenue Lamine Guèye. Les petits badauds, il leur accordait son temps pour échanger ou prendre des photos. Et à chaque fois, il me disait que le peuple ce sont ces jeunes-là, le futur de l’équipe nationale, ce sont les jeunes. Il prenait ces jeunes comme ses enfants. Il revenait parfois à l’hôtel avec un enfant entre ses bras. C’est quelqu’un qui n’avait pas de barrière.

Quel a été votre apport dans son adoption qui fera de lui un «vrai Lion» ?

A juste raison ! Durant le baptême de son premier fils, ici à Ngor, avec sa première femme Daba Ndiaye, il m’a demandé de lui organiser le dîner de mariage pour ses beaux parents. Je lui ai préparé un menu, un buffet pour une vingtaine de personnes autour de sa piscine. Je ne me souviens pas du coût, mais je l’ai fait à un prix préférentiel. Auparavant, il m’a appelé pour dire que je serai la seule personne à qui il va présenter son enfant. Il m’a amené jusque dans sa chambre à coucher pour me montrer l’enfant pour qui j’ai formulé des prières. Il m’a dit : «Douga, avec tout ce que tu as fait pour moi, c’est vraiment cet honneur que je pouvais te réserver». Il m’a aussi présenté son épouse. Cette dernière a tenu, à son tour, à me remercier pour tout ce que j’ai fait pour son mari. Je lui ai fait comprendre que je l’ai fait pour un homme bien, que j’ai découvert dans le cadre de mon travail.

Quelle a été votre vraie complicité avec l’ami Bruno ?

La complicité était basée sur la sincérité. Metsu avait visionné toutes les cassettes des matches avec moi. En ce moment, il n’avait de relations privilégiées avec Abdoulaye Sarr. J’ai été toujours avec lui, depuis qu’il a commencé à bâtir l’équipe jusqu’aux compétitions. Je suis l’un des rares Sénégalais qui a juré sur le Coran et devant lui que le Sénégal ira en Corée du Sud et au Japon. C’était bien avant qu’on
aille au Maroc avec le fameux but de Ferdinand Coly que l’arbitre a refusé.

Et comment votre présence dans la Tanière a été appréciée par les fédéraux ?

J’étais très effacé. Je n’ai jamais été en regroupement. La communication se fait toujours au téléphone entre Bruno et moi. Et même jusque au Japon. Après chaque match, il m’appelait pour me commenter le déroulement de la rencontre. Et jusque au match contre l’Uruguay qui nous a remontés au score. Pour ce match, il m’a dit qu’on a été novice et que les Uruguayens nous ont déconcentrés, à la mi-temps, dans le couloir menant aux vestiaires. Ils nous ont provoqués, nos joueurs se sont emportés et n’ont pas supporté. De retour sur le terrain, les joueurs étaient déconcentrés et ont paniqué. C’est ce qui a valu cette remontée. Ils étaient plus matures que nous.

Avec le recul, comment jugez-vous la Tanière après le départ de Metsu ?

Disons, Laye Sarr a eu à me présenter Guy Stephan. Et régulièrement, j’allais à Ngor Diarama rendre visite aux joueurs. Avant qu’il ne me présente Guy Stephan, de retour du Mali avec l’équipe olympique que dirigeait Ablaye Sarr, je suis allé à l’aéroport pour l’accueil, à 4h du matin. A ma grande surprise, j’ai vu Guy Stephan, qui était parti suivre le match, sortir en laissant les joueurs à l’intérieur. Et ce geste ne m’a pas plu. Quand on nous l’a présenté, je l’ ai rappelé en lui disant qu’il n’a pas la culture africaine. Parce qu’il devait accompagner les joueurs jusque dans le bus. Je lui ai dit que ça marquait et j’ajoutais : «Avec ça, vous ne ferez pas de résultats au Sénégal». Parce qu’en Afrique, il faut avoir l’amour du pays pour espérer réussir. Tout le monde a vu que Guy Stephan a quitté le Sénégal sur la pointe des pieds.

seneplus.com

1 COMMENTAIRE

  1. Merci Douga et que Dieu vous benisse!La natioin toute entiere vous doit rconnaissance pour votre humanisme and votre patrotisme. Dommage que nous vous decouvrons, un peu tard, les perepities qui ont jalonne votre compagnonage avec Bruno. Vous meritez, autant que Bruno, les honneurs de la nation. Ici et maintenant.

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