La définition des mots étant une exigence de méthode, en sciences humaines et sociales, je m’attellerai, tout d’abord, à élucider les concepts clés de mon titre. Je choisirai délibérément les notions d’ « opposition » et de « chef ».
La notion d’opposition est polysémique. En politique, elle désigne l’ensemble des mouvements, partis politiques légalement constitués, contestant les décisions majeures des détenteurs du pouvoir et officiant en qualité de contre-pouvoir bien structuré. Je ne reviendrai pas sur ses déclinaisons. Tel n’est pas l’objet de mon propos.
Du latin « caput », c’est-à-dire « la tête », le chef renvoie à toute personne qui commande, qui exerce une autorité, une influence déterminante ou qui a encore un pouvoir de décision dans un groupe; bref un leader.
À la lumière de ces deux définitions, je retiens que l’on peut être chef de parti, sans pour autant être chef de l’opposition, cadre beaucoup plus élargi. Comment, dès lors, le sobriquet de chef de l’opposition, peut-il être attribuable à un chef de parti? Faut-il se baser essentiellement sur le classement/les suffrages sortis d’un scrutin, auquel on s’est présenté sous la bannière d’une coalition (très) élargie de partis politiques? Ou sur la capacité d’un leader politique de l’opposition à remplir pleinement ce dont pourquoi l’opposition existe, par nature, et revitalisant la démocratie: la contradiction utile et constructive et donc les débats?
Depuis les indépendances, le Sénégal a eu de grands opposants; grand de par leur capacité à faire bouger les choses, à remuer le camp présidentiel par leurs idées fécondes et leur détermination à se battre pour le peuple et rien que pour le peuple. Citons, entre autres, Abdoulaye Wade, Cheikh Anta Diop, les leaders du PAI et dans un présent récent, Idrissa Seck, Ousmane Sonko.
À l’état actuel du champ politique sénégalais, et au regard de l’acception la plus courante de la notion d’opposition en sciences politiques, force est de reconnaitre que – sans parti pris aucune et ne militant dans aucun parti ni de gauche, ni de droite – Ousmane Sonko apparait, à mes yeux, comme le vrai chef de l’opposition.
En effet, quand Sonko parle le Palais riposte et non la moindre. Tout un arsenal communicationnel est, souvent, mobilisé pour tenter de battre en brèche ses arguments. Quand, il se tait, l’accalmie est de mise au plus haut sommet de l’Etat. Une telle posture n’est pas donnée à n’importe qui, même si, dès fois, le silence est une forme assourdissante de communication.
En tout état de cause, les enjeux du moment me poussent à croire que cette « bataille » visant à s’arroger le statut de chef de l’opposition est puérile. Elle ne profite pas à ceux qui aspirent à conquérir l’État. Au contraire, elle renforce la division, préjudiciable, du reste, à leurs ambitions et confortant davantage le régime dans sa conviction selon laquelle les opposants ne s’opposent point pour le bien-être du peuple, mais pour leur propre compte.
Que chacun s’oppose en fonction de ses convictions. Au cas échéant, que l’on reconnaisse qu’en politique, l’aura d’un leader, sa capacité de nuisance et ses aptitudes à relever le débat démocratique sont des atouts incommensurables pour la conquête de l’électorat averti.
Dr. Mamadou Yéro BALDE
Historien.
Belle analyse !..cette question sur le statut du chef de l’opposition pose forcément la question de la fonction qui doit être assigné à ce dernier. En effet,est ce simplement un titre «honnorifique», si honneur y en a ,ou bien est ce une
Belle analyse !..cette question sur le statut du chef de l’opposition pose forcément la question de la fonction qui doit être assigné à ce dernier. En effet,est ce simplement un titre «honnorifique», si honneur y en a ,ou bien est ce une fonction qui se doit d’être remplie avec des actes ? Pour la bonne marche d’une nation, les garde-fous sont d’une importance capitale car ils limitent les dégâts, contrôlent l’action politique et la gouvernance et posent les débats. Et a mon avis,s’il y’a un homme qui pose des au Sénégal c’est bien Ousmane Sonko. Je sais pas si toutes ses allégations sont vraies ou fausses mais il aura au moins piqué la curiosité des Sénégalais et les a poussé a s’intéresser d’avantage sur la gestion de leur ressources.
Chaque parti politique a un « chef ». A chaque fois que de besoin dans l’intérêt du Sénégal le président pourrait recevoir les « chefs » des 5 partis ayant le plus grand nombre de représentants à l’Assemblée Nationale, en excluant les coalitions de partis. Cela ne peut être fait qu’après les prochaines législatives. Prendre des locales comme base de ce choix ne serait pas pertinent.