Choc des ambitions, divergence d`objectifs politiques, locales de 2014… Bokk Yaakar se fissure

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«Je regrette que des passes d’armes aient lieu entre alliés», dixit Idrissa Seck. «Bennoo est invivable», tranche net Moussa Touré. Quant à Doudou Sarr, il demande à mettre fin au gouvernement de Abdoul Mbaye qui, estime-t-il, «n’est pas capable de satisfaire les Sénégalais». Ces sorties récentes de membres de la mouvance présidentielle, et non des moindres, suffisent à elles seules pour rendre compte du climat délétère qui règne au sein de Bennoo Bokk Yaakaar. A l’épreuve du pouvoir, la coalition qui a élu Macky, le 25 mars 2012, est traversée par moult facteurs d’implosion. En butte au choc des ambitions de ses leaders, aux divergences d’objectifs politiques, aux critiques internes et à la perspective des Locales de 2014, Bennoo Bokk Yaakaar qui s’est longtemps maintenue dans une sorte de guerre froide se fissure de plus en plus.

Moins d’une année après sa mise sur pied, Bennoo Bokk Yaakaar (BBY) baigne dans une atmosphère de suspicions qui laisse planer de fortes menaces sur son avenir. L’alliance hétéroclite composant la mouvance présidentielle semble presque au bord de l’implosion. Déjà, le bloc est en train de se fissurer. Les sorties, ce week-end, de Moussa Touré et Doudou Sarr, tous deux anciens ministres et membres à part entière de Bokk Yaakaar, en sont de parfaites illustrations. Le premier, ancien soutien de Moustapha Niasse à la présidentielle, ne met ainsi pas de gants pour fustiger la coalition. «Bennoo Bokk Yakaar est invivable», tranche-t-il. Quant à Doudou Sarr, ex-coordonnateur adjoint du M 23, il estime qu’il faut plutôt mettre un terme au gouvernement de Abdoul Mbaye qui, selon lui, est incapable de prendre en charge la demande sociale des Sénégalais.

Est-ce la fin de la solidarité, est-on tenté de se demander? Tout porte à le croire, d’autant que les coups semblent pleuvoir de partout. A l’instar des attaques de Youssou Touré et des enseignants « apéristes » à l’encontre de Serigne Mbaye Thiam, ministre de l’Education et non moins membre du Parti socialiste de Ousmane Tanor Dieng, allié de premier choix de Macky. Mor Ngom, le directeur de cabinet du Président de la République ne fera pas moins. Le responsable de l’Apr (parti au pouvoir) est récemment monté au créneau pour fustiger, au nom du respect de la solidarité gouvernementale, les appréciations de Idrissa Seck et des Rewmistes contre l’action de l’Etat. La réponse acerbe des lieutenants de l’ancien Premier ministre ne s’est pas fait attendre, invitant Mor Ngom à «rester à sa place».

Sans entrer dans la polémique, Idrissa Seck a répondu par contre du tic au tac. «Je regrette que ces passes d’armes aient lieu entre alliés. Je m’interdis toute polémique. Je ne réponds pas à des invectives, à des menaces et autres calomnies. Tout ce qui m’intéresse, c’est la solution aux problèmes des Sénégalais. Comment réduire le coût de l’électricité, des denrées de premières nécessités et comment régler les problèmes de inondations», plaide l’ancien homme fort du PDS sur les ondes de Sud Fm. Prenant d’ailleurs du recul par rapport à ces passes d’armes, Idrissa Seck qui vient d’obtenir son récépissé s’efforce de tisser sa toile. En plus de la restructuration de son parti, le maire de Thiès séjourne de moins en moins en dehors du pays. Mieux, il se positionne davantage en perspective de la Présidentielle de 2017 et a déjà entamé un an de tournée nationale.

Une preuve si besoin en est que le choc des ambitions portées par certains leaders de BBY risque à terme de provoquer cette implosion annoncée de la mouvance présidentielle. Une coalition dont l’unité aura du mal à franchir le cap des élections communales de 2014, selon bien de ses acteurs. Moussa Touré s’est même dit convaincu que Bennoo n’en sortira pas indemne. Les contradictions internes, les divergences de convictions et d’objectifs politiques comme les frustrations plus ou moins tues de certains alliés de Macky semblent être appelées à effriter au quotidien la dynamique Bennoo Bokk Yaakaar.

Pour rappel, aux Législatives de 2012 déjà, les alliés n’avaient pas manqué de fustiger la «gourmandise» de l’Apr. Seulement, le modus vivendi de Macky Sall avait fini par convenir (ou à s’imposer) à tout le monde. Au finish, Benno Siggil Senegaal qui avait soutenu Moustapha Niasse au 1er tour de l’élection présidentielle du 26 février, s’est retrouvé avec 21 députés dont 8 seulement de l’Afp contre 20 députés du PS et 10 de Rewmi. L’Apr s’est taillé la part du lion avec 65 députés sur les 119 de la mouvance présidentielle. Au niveau de l’attelage gouvernemental, le même schéma était reconduit pour le partage des ministères. Il n’est pas évident qu’un tel scénario puisse prospérer, lors des Locales de 2014. De sorte qu’on peut postuler que l’éclatement de Bokk Yaakaar, loin d’être dans l’air du temps, semble une réalité que Macky aura du mal à éviter, à moins de lâcher du lest, encore et encore. Déjà Idrissa Seck a déclaré que le critère qui avait prévalu lors des Législatives ne pourrait être appliqué pour les élections locales.

sudonline.sn

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