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[Chronique] Le vieux Sidibé connait par cœur le scénario qui se profile à l’horizon. Par Lamine Niang

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Chronique: Hivernage: le retour du monstre dans la capitale. Par Lamine Niang
Le vieux Sidibé lève une nouvelle fois la tête et regarde avec beaucoup d’angoisse le ciel s’assombrir. Un regard lourd où se défilent sans cesse les souvenirs apocalyptiques des inondations de l’année dernière. Les gros nuages noirs qui se forment ne laissent plus de doute sur l’arrivée imminente des premières gouttes de pluie de ce début d’hivernage à Dakar. Il donne aussitôt l’ordre à ses enfants de mettre à l’abri tous les objets qui trainaient dans la grande cour de la maison.

Comme il s’y attendait, quelques millimètres ont suffi pour inonder sa demeure avec son lot de désolation et de dégâts multiples. À l’extérieur, comme un navire qui émerge des flots de l’océan, ce quartier périphérique est subitement devenu méconnaissable sous l’eau stagnante.

Cela fait des années que cette galère perdure. Le vieux Sidibé connait par cœur le scénario qui se profile à l’horizon. Pour le moment, la situation est sous contrôle. Mais lorsque l’hivernage aura pris ses aises, les sinistrés se compteront encore par milliers dans tout le pays. Les écoles de quartier rouvriront leurs portes pour les accueillir dans des conditions pitoyables. Parents et enfants s’entasseront comme des sardines dans les salles de classes. Les images d’horreur feront encore le tour du monde pour toucher la sensibilité des âmes charitables. Les secours se mobiliseront pour sauver ce qui peut l’être. Ce sera à nouveau la course aux dons et à la compassion bien calculée des politiciens. D’ailleurs, il se demande encore où sont passés les milliards de francs réunis à la faveur du grand élan de solidarité par les citoyens du pays comme ceux de la diaspora l’année passée?

Le vieux Sidibé sait bien que les autorités, devant leur incapacité à régler ce fléau endémique, se rangeront comme d’habitude derrière les arguments classiques : On leur reprochera d’avoir habité dans les zones inondables. On tentera de justifier cette situation douloureuse par la proximité des maisons avec les nappes phréatiques et les cours d’eau. On brandira aussi l’urbanisation anarchique et le manque d’assainissement de la ville. On rivalisera à qui mieux mieux d’explications scientifiques et techniques dont il ne comprendra pas grand-chose. Bref, le même discours lassant et verbeux fera son retour.

Et la solution? On leur fera miroiter des solutions tout au long de leur supplice, en attendant la fin de l’hivernage et l’assèchement des sols. Ils regagneront leurs domiciles et on passera à autre chose. C’est comme cela que les élus se nourrissent de la candeur du peuple.

La preuve : le porte-parole du gouvernement a annoncé cette semaine que le « l’État du Sénégal a investi plus de 61 milliards de francs CFA dans la construction de logements et de canaux de drainage des eaux dans le cadre du programme d’urgence de lutte contre les inondations. Ces ouvrages sont en construction dans la banlieue et dans les régions du Sénégal. ». Ce monsieur du gouvernement, réputé véridique par le passé, parle surement d’un autre pays inconnu, selon le vieux Sidibé. Maintenant, il se tortille lui aussi dans les sables mouvants des déclarations mensongères de toute espèce pour servir des peccadilles.

Pour le vieux, Depuis qu’on a retiré les nombreuses motopompes qui jonchaient le sol de sa citée perdue après le dernier hivernage, rien n’a été fait pour se préparer à la prochaine saison des pluies. Sidibé trouve même ridicule qu’on leur parle encore de maisons en construction alors que le nouveau pouvoir sait pertinemment que le problème ne date pas d’aujourd’hui. Il est convaincu de patauger encore dans les eaux avant de regagner l’école du quartier. En somme, il est incrédule devant ses déclarations pompeuses qui ne font plus rêver que quelques esprits, mais comme disait Hannah Arendt dans Du mensonge à la violence: « Le mensonge est souvent plus plausible, plus tentant pour la raison que la réalité, car le menteur possède le grand avantage de savoir d’avance ce que le public souhaite entendre ou s’attend à entendre. »

Lamine Niang

[email protected]

Inondation_Dakar

5 Commentaires

  1. Qualifier la pluie de montre il faut vraiment être de pauvres sénégalais pour oser l’écrire pendant que des pays prient pour une pluviométrie abondante.
    Non monsieur le pluie ce n’est pas le monstre, le montre c’est celui qui offre des milliards à son marabout ou a des militants alors que les citoyens attendent.
    Le montre c’est macky et ses hommes incompétents.
    Le montre c’est cette police corrompue et certainement pas la pluie

  2. Il est très fort machallah, il écrit de très bons articles mais cette fois ci c’est moins long mon ami par rapport aux autres articles lolllllllllllllll…Bonne continuation mon frère tu es fait pour le journalisme je t’assure lamine. Si je pouvais te conseiller de changer de veste…

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