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Coca-Cola se défend de favoriser l’obésité

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Le 30 mai 2012, la décision de Michael Bloomberg, le maire de New York, de faireinterdire, dans les cinémas, les snacks et les restaurants de la ville, la vente de sodas de plus d’un demi-litre, a résonné comme une déclaration de guerre pour la firme d’Atlanta, plus grand fabricant au monde de boissons non alcoolisées, accusé de jouer un rôle majeur dans le développement de l’obésité. Les dirigeants de Coca-Cola organisent désormais la riposte.

Le maire de New York souhaite éliminer les boissons de plus d'un demi-litre (16 onces) dans les cinémas, snacks et restaurants de la ville.

LE VISAGE DE LA RIPOSTE

commencer par Katie Bayne, la PDG de Coca-Cola Amérique du Nord, interrogée le 7 juin par USA Today. La quadragénaire au physique longiligne est devenue le nouveau visage de la marque, chargée de la contre-offensive sur les questions d’obésité. Cette dernière se targue de boire des sodas à longueur de journée. « Je peux prendre un Coca light quand je prépare le petit déjeuner, un Powerade zero [produit également par le groupe] quand je vais faire mon jogging. Au travail, je m’accorde un Coca light dans la matinée et l’après-midi, un thé glacé. Et pour le goûter, une canette de Coca. Je préfère cela à une barre chocolatée ou à un cookie », raconte-t-elle.

 

Katie Bayne, PDG de Coca-Cola Amérique du Nord.

 

Bien évidemment, ses enfants profitent du même régime. « Si mon fils pratique la crosse pendant trois heures, nous allons tout droit chez McDonald et acheter un Powerade d’un litre », explique-t-elle. Pour cette responsable, « il n’existe aucune preuve scientifique qui relie les boissons sucrées à l’obésité. Et pour preuveelle avance qu’« au cours de la décennie 1999-2010, où l’obésité a été en hausse, la part de sucre dans les boissons a diminué ».

Le 18 juin, c’est au tour du PDG de Coca-Cola, Muhtar Kent, de se défendre dansle Wall Street Journal. « Oui, l’obésité est un problème crucial, mais désigner une seule marque ou aliment n’améliorera pas la situation. Il faudrait travaillerensemble et mettre en place des partenariats », annonce-t-il. Pour sa défense, il ajoute que ces cinq dernières années, huit cents produits sans calories ou à faible teneur en sucre ont été lancés par son groupe. Pour autant, le PDG de Coca-Cola ne se risque pas à affimer qu’aucun lien n’existe entre boissons gazeuses et obésité.

5 800 NEW YORKAIS VICTIMES DE L’OBÉSITÉ CHAQUE ANNÉE

Mais les arguments de Coca-Cola ne pèsent pas assez lourd pour faire changerd’avis la municipalité de New York. Samantha Levine, l’adjointe au maire chargée de la presse, persiste : « Le fait demeure, les boissons sucrées sont un facteur clé de la crise de l’obésité qui tue 5 800 New-Yorkais et coûte à la ville 4 milliards de dollars chaque année. » Si la préconisation du maire est suivie par le Conseil de la santé de la ville de New York, les vendeurs de sodas et de boissons sucrées auront neuf mois pour changer la taille des gobelets.

Comme le montre le site Sugar Stacks (piles de sucres), de nombreuses boissons de la marque sont saturées en sucre. La corrélation entre sucre et obésité est établie depuis longtemps. La dernière étude en date, un article publié jeudi 2 février dans la revue Nature, par trois scientifiques de l’université de Californie, soutient que la consommation excessive de sucre est une menace pour la santé et justifie la mise en place de mesures comparables à celles prises pour limiter la consommation de tabac et d’alcool. Le lien établi entreconsommation de sucre et augmentation des maladies non transmissibles – diabète, obésité, maladies cardio-vasculaires, cancers, etc. – plaident selon les scientifiques en faveur d’un encadrement strict de la vente des produits sucrés et de leur taxation.

Or, souligne la nutritionniste Barbara Moore, directrice de Shape Up America(« Remettre l’Amérique en forme« ), « aujourd’hui, non seulement les enfants et les adultes boivent des sodas tous les jours, mais ce n’est plus 10 cl, c’est 40 cl, 60 cl, ou même un litre« , constate-t-elle.

BLOOMBERG « SUPER NANNY » ACCUSÉ D’INGÉRENCE

Si Coca-Cola ne peut compter sur les scientifiques pour sa défense, le lobby de l’agro-alimentaire et des restaurateurs est quant à lui monté au créneau pourattaquer la proposition anti-soda de Bloomberg. La chaîne de fast-food McDonald’s dénonce une « interdiction malavisée », alors que l’association des restaurants de New York proteste contre une « incroyable attaque ».

Mardi 12 juin, une « lettre ouverte au maire » de New York publiée par le journalMetro contestait le projet de réglementation. « Laissons les gens décider », affirmait cette lettre, qui cachait en réalité une publicité… pour des machines à faire des sodas maison. Dans le métro new-yorkais, des affiches vantaient ces derniers jours la grande variété de « choix » offerte aux consommateurs par l’industrie du soda.

Michael Bloomberg, dont le mandat se termine fin 2013, est accusé par ses détracteurs d’ingérence dans la vie des New-Yorkais, et se voit taxé de quolibets tels que « Big Brother Bloomberg » ou « Super Nanny » par le Centre pour la liberté des consommateurs. Le maire se voit enfin taxé d’hypocrisie, car il est favorable à la journée annuelle du beignet ou au concours du plus gros mangeur de hot-dogs organisé chaque année à Coney island… A New York, la guerre des sodas semble bel et bien déclarée.

Pauline Pellissier

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