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CODOU FALL : «J’ai failli intégrer un réseau de prostitution en fuyant mon enfer familial»

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Codou Fall est une jeune femme de 32 ans. Elle est stable et ordinaire. Mais elle souffre dans sa chair. Il lui manque beaucoup de choses pour s’épanouir. L’affection familiale surtout. Sa cadette, la préférée de ses parents, lui rend la vie impossible. Ce qui l’a poussé à s’exiler au Maroc. Mais Codou Fall ne demeure pas longtemps au royaume chérifien. Elle est retournée au pays, préférant son enfer familial à un réseau doré de prostitution qui lui ouvrait les portes de la richesse.

«Je me nomme Codou Fall. J’habite à l’unité 15 des Parcelles assainies de Keur-Massar. Je suis la fille aînée d’un gendarme à la retraite. Je suis infirmière au chômage. Je viens vous voir pour partager ma situation avec les gens. Je vis mal. La raison est que je ne connais pas l’amour parental. J’ignore ce que signifie l’affection filiale. Juste après mon sevrage, mes parents m’ont envoyée à Thiès (quartier Médina Fall) chez ma grand-mère paternelle.

A 7 ans, je suis revenue à Dakar pour me faire inscrire au cours d’initiation (CI). A cette époque, mes parents vivaient à la caserne du Front de terre. Mais depuis lors, ils ne font pas attention à moi. Et ne ratent jamais l’occasion de me démontrer que leur préférence va à ma petite sœur. J’accepte leur choix, mais c’est dur. Ce que je ne peux pas comprendre, c’est qu’ils n’ont aucune attention à mon égard. Cette situation a perturbé mes études. Alors que la famille devait déménager à Keur-Massar, je faisais la classe de première au lycée mixte Maurice Delafosse (à Gueule Tapée). Beaucoup de personnes ont plaidé pour que je reste dans cet établissement. On était en 2000. Mais mon père est resté intraitable. Il m’a fait transférer au lycée Abdoulaye Sadji de Rufisque. Même mon proviseur de l’époque avait voulu. que je reste. Il jugeait que j’étais une brillante élève. En plus, j’avais la possibilité de rester chez ma tante à la Médina. Par la suite, j’ai fait trois fois l’examen du baccalauréat sans succès. Les obstacles étaient insurmontables. J’aime la médecine et tout ce qui se rattache à la santé. Je demande à mon père de m’inscrire dans une école de formation. J’ai remué ciel et terre pour lui faire payer cette formation. J’ai même failli retourner chez ma grand-mère à Thiès avant qu’il ne se décide à satisfaire cette demande. A la maison, je m’occupe de tous les travaux ménagers. Je les ai toujours cumulés avec mes études. J’ai toujours été l’objet des plus atroces maltraitances de la part de mes parents. Ils me battaient comme cela n’est pas permis. Il m’arrive même de me demander s’ils sont mes véritables géniteurs. Et pourtant, ils le sont. (Elle se tait un instant pour retenir ses larmes). Beaucoup de voisins pensent que je ne suis pas membre de ma famille, mais une domestique.

Ma cadette, mon ennemi juré

Pendant ce temps, ma petite sœur est choyée comme une reine. Elle peut faire tout ce qu’elle veut. Aller où elle veut. Ni mon père, ni ma mère ne bronche. Moi, je suis contrainte de rester à la maison pour faire les travaux domestiques. Après l’échec de ma sœur au concours d’entrée en sixième, mon père s’est proposé de lui payer des études en couture ou en coiffure. Mais elle n’a pas voulu. On lui a trouvé un travail à Africamer. Mais depuis qu’elle a commencé à travailler là-bas, elle est devenue mon ennemi juré. Elle bénéficie du soutien de nos parents. Quant à moi, tout ce que je fais est mal vu par mes parents. Cela fait plusieurs années que ma sœur et moi nous ne nous adressons pas la parole. Elle ne rate pas la moindre occasion pour me faire ma fête. Elle a même failli, avec la bénédiction de nos parents, s’en prendre à une de mes amies qui voulaient arranger les choses entre nous. (Cette fois, elle ne parvient pas à retenir ses larmes). Ces déboires avec ma famille m’ont fait tenter l’émigration. J’ai essayé le Maroc, mais ça n’a pas marché. En effet, une collègue de mon copain, du nom de P.D., à une sœur qui vit au royaume chérifien. Cette dernière connaît une personne qui souffre de paralysie. Elle avait besoin d’un infirmier à domicile, Quand on m’a expliqué la situation, j’ai décidé de partir. Avec la bénédiction de mes parents bien sûr. J’ai préparé le voyage en une semaine. La famille de la malade devait me prendre en charge totalement. En plus d’un salaire de 100.000 FCFA par mois. Mon copain a sommé P.D de dire à mon employeur de m’envoyer un billet aller-retour pour plus de garanties. En plus d’un certificat d’hébergement au nom de P.D. Toutes les demandes ont été satisfaites

Exil au Maroc

J’avais considéré ce voyage comme une aubaine pour m’échapper de l’enfer familial. Après les derniers réglages, j’ai embarqué le 25 juillet 2011 pour le Maroc. Mon copain s’est présenté comme mon mari pour plus de garanties. Mais mes attentes ont été déçues. Lorsque notre avion a atterri à Casablanca, P.D. est venue me prendre pour me conduire à Rabat. Quelques heures après, la famille de la malade est venue me chercher. Je n’ai pu contacter ma famille pour les informer que j’étais bien arrivée.
P.D faisait tout pour éviter que j’appelle. Moi je ne me doutais de rien. Elle disait que la famille de la malade allait me prendre en charge et me donnera un téléphone portable. Elle avait promis de contacter mon copain pour lui expliquer que je suis bien arrivée. Quand j’ai vu la malade, j’ai failli tomber dans les pommes. Elle est obèse et paralysée. Pendant trois jours, je me suis occupée de cette personne. Avec toutes les peines du monde. Comble de tout, je dormais dans un petit coin. Durant tout ce temps, je n’ai pas appelé mes parents. Au quatrième jour, la bonne n’est pas venue travailler. Alors la mère de la malade me somme de faire les travaux domestiques. Ce que j’ai refusé catégoriquement. Mais elle a insisté, comme si elle était dans son bon droit. Alors, j’ai compris que P.D ne m’avait pas tout dit à propos du contrat. Je déjeunais à 17heures avec la bonne. Nous mangions les restes de la famille. J’ai appelé P.D pour lui signifier que j’arrêtais ce travail. Elle s’est emportée. Elle voulait que j’accepte de faire le ménage. A ce moment, j’ai compris que c’était une clause du contrat. Je décide alors de rentrer au Sénégal.

A deux pas d’un réseau de prostitution

Une fois chez elle, P.D utilise les plus diaboliques schémas pour me retenir. L’idée était de me faire admettre dans un réseau de prostitution. Mais elle ne lé dit jamais clairement. Parce qu’elle croyait due j’étais mariée. Elle propose de me mettre en relation avec un de ses amis, un avocat international pour que je lui tienne’ sa maison. Au départ, j’ai refusé , mais elle, a fini par me convaincre de rester. Comme j’avais déposé des dossiers dans des structures sanitaires, j’ai aussi voulu attendre les réponses. De façon détournée, elle me faisait croire que je pouvais gagner de l’argent. Elle allait jusqu’à me reprocher de m’être mariée très tôt. Elle n’arrêtait pas de me souffler à l’oreille que les Marocains aiment les femmes de mon calibre. Je lui ai clairement dit que je ne m’adonnerai jamais à de telles pratiques. Pour me mettre en rapport avec les hommes, elle prétextait que je ne. pouvais pas rester chez elle, son mari n’accepterait jamais qu’une étrangère demeure chez elle, selon ses dires. Une manière détournée de me mettre en relation avec des hommes. Elle avait mûri son plan pour me jeter dans les bras de son ami avocat, âgé de 65 ans. Ce n’est qu’au moment de rejoindre le quartier résidentiel où l’avocat vit que P.D a daigné me dire qu’il est célibataire et vit seul. J’ai alors renoncé à ce travail. Mais P.D voulait coûte que coûte que j’y aille. Sinon, disait-elle, elle n’allait pas pouvoir récupérer le prix de mon billet, qu’elle a payé de sa poche, dit-elle. Pour me coincer, elle m’a demandé d’appeler ma famille pour qu’on m’envoie 35.000 FCFA, comme je refusais de travailler. J’ai dit non. Nous avons vécu comme ça pendant un mois, avant que je ne retourne au Sénégal. Sa domestique s’est confié à moi. Elle qui est parfois utilisée dans ce réseau de prostitution. Elle a 25 ans et a déjà des rides. On lui aurait donné 50 ans. J’ai finalement décidé de revenir au Sénégal pour éviter ce réseau de prostituées. Mon retour au Sénégal, mes parents ne me l’ont jamais pardonné. Ils voulaient que je reste au pays de Mouhamed 6. Peu leur importe comment je gagnais ma vie. L’important était que je puisse leur envoyer de l’argent de temps eu temps. Même quand je leur ai expliqué que je ne pouvais pas tomber dans un réseau de prostitution, ils n’ont pas essayé de me comprendre. J’ai alors dit tant pis. Dieu est plus proche de notre cœur. Je continue à souffrir le martyre. Mon chemin de croix se poursuit …»
Codou Fall : nom d’emprunt
SOURCE : L’OBS MAKHALY NDIACK NDOYE

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