Comment Tivaouane a empêché Safiétou Sy de siéger dans le gouvernement de Wade?

SAFIÉTOU SY DECAMPE, DES « CORRECTIFS » ENCORE ATTENDUS
Rififi au sein du gouvernement

Safiétou Sy n’aura même pas siégé au Conseil des ministres qu’elle a rendu le tablier, avant de se faire succéder par Coumba Gaye, nommée hier nuit ministre déléguée auprès du ministre de la Justice, chargée des Droits humains. D’autres « correctifs » sont encore annoncés alors que des interrogations fusent sur l’utilité même de ce ministère puisqu’un commissariat chargé des droits humains existe déjà.

Le Conseil national de la Jeunesse, qui étouffait de rage contre la non présence d’un seul de ses membres au Conseil économique et social, est finalement honoré, et pour cause. Le président de la République a, en effet, nommé, hier nuit, Coumba Gaye ministre déléguée auprès du ministre de la Justice, chargée des Droits humains. Célibataire et juriste de formation, la successeur de Safiétou Sy n’est pas une novice dans les grilles du Palais, car elle était jusqu’à hier membre de la Cellule juridique de la présidence de la République. Membre de l’Union des jeunesses travaillistes libérales, Coumba Gaye, 31 ans, est très bien connue de la scène politique de Rufisque, où elle est la responsable des jeunesses et chargée des questions électorales.
Jointe au téléphone vers 21h30, l’ex-conseillère confirme sa nomination et explique avoir été informée de la nouvelle quelques minutes auparavant. Mais, tient-elle à déclarer, « après avoir remercié le président de la République pour la confiance placée en ma modeste personne, je tiens à dire que c’est le Conseil national de la Jeunesse qui est honoré ». La désormais ministre déléguée Coumba Gaye, qui est un produit de l’Université Gaston Berger, est réputée être intransigeante vis-à-vis des partisans du moindre effort. « Pour elle, le travail bien fait, c’est son credo », confie un de ses ex-collaborateurs au Conseil national de la Jeunesse.

Mais le moins que l’on puisse dire, c’est que le renoncement de Safiétou Sy à son poste ne relève nullement d’un accident de l’histoire. Pour cause, de sources sûres, elle avait été pourtant consultée par le Premier ministre, Souleymane Ndéné Ndiaye, avant de donner son accord. Les mêmes sources croient que c’est sa famille plus particulièrement, Pape Malick Sy de Tivaouane qui s’est opposée à son entrée dans le gouvernement. Pourtant des sources contactées avant-hier par « L’As » sur les informations faisant état de la démission imminente du gouvernement de Safiétou Sy convoquaient les « relations » entre Wade et Pape Malick Sy qui ont d’ailleurs séjourné ensemble en prison. A la nomination de Safiétou Sy, déjà des « questions » fusaient concernant son profil. Même si elle a récemment décroché une maîtrise en Droit, il n’en demeure pas moins qu’elle n’a jamais travaillé de sa vie, selon certaines sources.

Si Safiétou Sy part, ce n’est nullement le cas, comme certains l’ont évoqué, pour Fatou Blondin Ndiaye Diop qui, comme nous le révélions, a été reçue hier par le Premier ministre, ensuite par le chef de l’Etat, alors que des informations sous-entendaient qu’elle ne serait plus de la nouvelle équipe gouvernementale. Le moins que l’on puisse dire est que ce changement ne serait que l’arbre qui cache la forêt. Des sources autorisées croient savoir que le président de la République pourrait procéder à d’autres correctifs cette semaine même.

Mais au-delà du changement intervenu à la tête du ministère délégué auprès du ministre de la Justice, chargé des Droits humains, certains observateurs se posent même des questions sur la pertinence de ce ministère. En effet, il existe déjà un commissariat aux Droits de l’homme, sous la tutelle de la Présidence de la République. Ce commissariat est d’ailleurs dirigé par Mame Bassine Niang. Des sources, pour justifier ce télescopage affirment que le Président Wade, compte tenu de ses relations avec Me Mame Bassine Niang, souffrante, ne veut pas dissoudre la commission, presque inactive depuis quelque temps.

Daouda THIAM et Cheikh Mbacké GUISSE
lasquotidien.infi