Commentaire – La saison des raideurs

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Vite que l’année 2014 soit enterrée ! A deux semaines du nouvel an, nous revoilà devant un nouveau bug politico-médiatique, aussi confus que le fameux scandale de la drogue de la Police qui avait bouclé 2013. Comment un seul  homme,  qui  a été proprement sorti de la scène en  2012, a-t-il pu ébranler, à lui tout seul, tout le pays, au  point que le temps  se soit  presque suspendu au dessus de nos têtes ? A coup sûr, le capharnaüm Mittal/Petro-Tim est bien révélateur de la grande fragilité  du  système sur laquelle beigne le régime.

L’image ressemble à bien des égards à celle du maître d’école qui   abat avec violence sa cravache sur la table pour créer la peur dans la classe. Tous les élèves se replient alors dans le même élan corporel, de la tête au pied, le regard braqué sur le tableau noir. Depuis que Me  Abdoulaye  Wade a lancé ses ‘’bombes’’ Mittal et Pétro-Tim, le pouvoir est dans une posture si inconfortable qu’il a  du mal à le cacher. L’effet est bien atteint. Les élèves de la classe,  version Etat, ont fini de trembler. Ils suivent, dans une posture terriblement réactive, le Maitre…qui déroule. Au lieu de prendre le temps d’apporter une bonne réplique bien millimétrée, ce sont les dégaiements, cris de  peur  et autres expressions émotives qui ont accompagné le coup de fouet.

A l’exception bien relative du Premier ministre qui  s’est astreint   samedi à une discipline de concision, l’on a assisté, ces derniers mois, à des démonstrations alambiquées, aussi confuses que  longues, des monologues incompréhensibles tout en chiffres et tournures expressives inutilement compliquées. Le tout décliné dans des démonstrations si dithyrambiques, tellement éreintantes que le commun des sénégalais en perd le souffle.

Pourtant, Me Abdoulaye Wade, bon bluffeur qu’il est, ne semblait pas si sûr de son coup au départ. Juste concentré sur l’effet recherché, il a commencé par insinuer. Avec simplicité. Très vite, il a senti qu’il n y avait pas grand chose à même de le contrer. Que le terrain n’était pas miné, mais plutôt assez mou pour faire gober même les mensonges les plus diurnes. Et alors, sans état d’âme, il a accéléré la cadence, selon la bonne vieille formule de l’ex premier ministre Aminata Touré. La tâche de Wade est d’autant plus aisée qu’il ne cherche pas à démontrer quelque chose. Les faits ne l’intéressent pas à priori, mais l’impact que ses  propos peuvent  avoir au niveau de l’opinion. Il sait que les effets d’un mensonge bien articulé sont plus efficaces dans la  formation d’une opinion que les démonstrations les plus fines. Pour cela, il faut d’abord maîtriser la science des grimaces ; chose qu’on n’apprendra certainement pas à Gorgui.

A partir de ce moment, les faits n’ont plus aucun sens. Largué dans la mer de l’oubli que c’est Wade et personne d’autre qui est  à l’origine aussi bien des affaires Mittal que Pétro-Tim. Oublié que c’est lui qui a tout signé, même si le pouvoir a ensuite confirmé ; que c’est sous son régime que les tribunaux arbitraux ont condamné le Sénégal à payer des milliards à des sociétés étrangères ; que l’actuel régime n’a pas récolté une seule condamnation depuis qu’il a été installé; bien  au contraire, il a pu  récupérer près 200 milliards Cfa etc. Cela ne veut du reste pas  dire qu’il  n y a rien de trouble dans le dossier. Cela signifie que rien, dans l’accusation, n’est prouvé pour l’instant.

Cette fragilité de l’appareil étatico-politique, cette porosité est l’indice d’un malaise qui n’est sans doute pas reconnu mais qui est réel. L’effet Wade apparaît comme l’indice d’un manque de cohérence des forces politiques au sein de la majorité présidentielle. Le Pape du Sopi n’est sans doute pas lui-même si bien servi que lui-même est en train de voir son appareil politique se disloquer, du fait de sa volonté inébranlable d’imposer son fils, même si tous les sénégalais devraient pour cela mourir.

Le problème n’est donc pas Wade, mais aussi le refus justifié ou pas des forces alliées de prêter main forte au Président Sall, accusé souvent de ne donner des clins d’œil à ses compagnons que lorsqu’il se trouve en situation difficile. Ces forces politiques qui avaient déjà exprimé une certaine frustration avant les Locales, veulent reprendre du poil de la bête, conquérir plus de territoire que le parti au pouvoir n’est sans doute pas prêt à concéder pour de nombreuses raisons dont les échéances électorales à venir.

L’effet ne peut être que catastrophique lorsque cela rencontre la fronde silencieuse de forces politiques internes à l’APR qui refusent de mouiller le maillot. Cette ‘’résistance ‘veut- elle, trouver sa légitimité dans le fait que les privilèges ne sont pas assez distribués pour justifier un engagement conséquent. Cela n’est naturellement assumé publiquement mais informe au sens propre le comportement politique de certains compagnons du Président. On trouve dans ce cocktail des acteurs qui ont encore une peur bleue de Wade du fait que les cadavres dans les placards libéraux sont encore frais ; l’éclatement de la famille libérale étant bien récent.

Lorsque donc nous avons d’un côté un problème de savoir-faire évident, qui vient s’accoupler à un malaise politique qui refuse d’être nommé, cela ne peut donner qu’un cocktail du genre ‘’Pétro-Mittal’’. Dans tous les cas, l’effet est tout en ‘’sables mouvants’’. On s’enlise à tous coups, donnant même à certaines forces  occultes assez de mordant pour espérer  rebondir. ‘’Nous sommes là parce que ça fermente’’, a bien avoué samedi le Premier ministre Mahammed Dionne. Espérons simplement que cette fermentation donne une bien précieuse liqueur que ce qui se donne à boire. Et surtout… point d’intoxication horizon 2017 !

EnQuête

1 COMMENTAIRE

  1. Enquête qui s’échine à tenter de leur tirer la tête de l’eau.

    La première question est de savoir si le Sénégal actuel est une république de transparence et de bonne gouvernance ?
    La deuxième question est de savoir si cette transparence et bonne gouvernance doit se faire sur un peuple qui a ravalé son intelligence (et ses questionnements) ou sur un peuple qui garde son esprit critique ?
    Le gouvernement interrompe une procédure d’arbitrage avec Arcelor, pour laquelle le Sénégal escomptait 2500 milliards, et accepte 75 milliards pour tout. Le peuple doit-il applaudir et répéter que le fautif c’est Wade ou exiger de savoir pourquoi cet accord à perte pour le Sénégal ?
    Le ministre des finances au lieu de s’expliquer sur le pourquoi de l’accord préfère nous expliquer l’utilisation des 75 milliards reçus (40 pour la LFR 2014 et 25 pour 2015). Lorsque le premier ministre vient après lui pour dire que la totalité des 75 reçus sera utilisée prochainement pour financer le PSE, devrons-nous ravaler notre intelligence pour crier « Bravo tout est clair » ?
    Ce même premier ministre nous promet de TOUT publier, et en fait de publication, sur un document qui dit bien 10 pages, il en publie 3, devrons-nous nous faire violence pour dire que le dossier est clos ?
    Un autre dossier aurait pu être facilement clos si le gouvernement pouvait tout simplement opposer qu’il n’y a jamais eu de décret ou contrat signé par le président de la république pour son frère ou un partenaire de son frère, ou pour quelqu’un dont son frère est le représentant ou le délégué ou quoi que ce soit. Le débat serait clos. Mais que l’on passe de « il était employé licencié » à « il est le gérant » puis à il est propriétaire, mais c’est l’ancien président qui avait signé », il y a de quoi s’interroger.
    Le président actuel a signé pour son frère. C’est clair. On nous dit qu’il s’agit d’une extension pour une approbation qui avait été faite par le président précédent. Et pour preuve le PM nous publie un décret sans date et sans n°. Mais puisque le précédent décret n’a pas été exécuté, le suivant ne peut être une extension, mais une première. Il ne faut pas jouer sur les mots. Si un décret est sans numéro et sans date, quelle sera la base du contrat qui y sera issu ? Devrons nous nous asseoir sur notre petite intelligence pour pouvoir approuver ?

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