Bibo Bourgi s’est présenté hier, lundi 1er septembre 2014, au procès de Karim Meissa Wade et co-prévenus, couché sur un lit d’hôpital, avec ses bouteilles de perfusion et sous la supervision du personnel médical. Cette image a soulevé l’ire des organisations de défense des droits de l’homme qui rappellent à la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) le caractère sacré et inviolable de la vie humaine, en indiquant que «Les impératifs d’une procédure judiciaire ne valent pas les droits à la vie et la santé»
Sa dispense de comparution expirée, en même temps que les exceptions de nullité, Abdou Khalil Bourgi dit «Bibo» a assisté hier, lundi 1er septembre 2014, au procès de Karim Meissa Wade et co-détenus dont Pape Mamadou Pouye, mais cette fois sur un lit d’hôpital avec ses bouteilles de perfusion et assisté d’un médecin superviseur.
Dans un communiqué conjoint daté d’hier, la Ligue sénégalaise des droits humains (Lsdh), Amnesty internationale section Sénégal (Ai/Sn) et la Rencontre africaine de défense des droits de l’homme (Raddho), soulignent qu’au regard des dispositions pertinentes des Conventions internationales signées et ratifiées par l’Etat du Sénégal et reprises à l’article 07, alinéa 1er de la Constitution de 2001 «la personne humaine est sacrée. Elle est inviolable. L’Etat a l’obligation de la respecter et de la protéger». Ces défenseurs des droits humains insistent en effet sur le fait que «le droit à la santé est également garanti comme corollaire au droit à la vie».
Suffisant pour que ces organisations «considèrent par conséquent, qu’au-delà de la personne de Bibo Khalil Bourgi, aussi bien le droit à la vie que le droit à la santé ne sauraient être sacrifiés sous l’autel d’impératifs d’une procédure judiciaire ou d’enjeux quelconques». Mieux, affirment-ils dans le document, «il s’agit d’un combat de principe qui transcende les causes circonstancielles»,
Les trois signataires du texte conjoint, à savoir Seydi Gassama (Ai/Sn), Me Assane Dioma Ndiaye (Lsdh) et Aboubacry Mbodj (Raddho), disent avoir été saisis formellement des différents dossiers médicaux concernant Bibo Bourgi. Et, selon eux, le traitement des différents et variés avis des spécialistes consultants ou consultés laisse apparaitre une vulnérabilité certaine en terme de santé de la personne qui induit inéluctablement à une prise en charge médicale urgente en l’état et manifestement incompatible avec les servitudes et rigueurs de toute comparution devant un Tribunal.
Déjà, à l’ouverture du procès le 31 juillet dernier, faisant allusion à Hosni Moubarack, l’ancien président égyptien qui avait comparu sur un lit d’hôpital, le juge avait décerné un mandat d’amener au prévenu. Conséquence, le principal présumé complice dans l’affaire Karim Wade avait débarqué dans la salle d’audience sur une chaise roulante avec deux bouteilles de perfusion et sous le contrôle de médecin et infirmiers. Ce qui avait suscité beaucoup de réactions d’indignation.
Même les plus fanatisés des plus fanatisés finiront par comprendre qu’on se joue de leur tête.
Admettons que Bourgi triche.
Qu’est ce que le tribunal a prévu contre la tricherie ?
N’est-il pas possible de le laisser avec sa tricherie et de la contourner pour la bonne suite du procès ? N’est-il pas possible de lui faire faire une déposition, en clinique, devant huissiers ? N’est-il pas possible de renvoyer son audition lui, pas celle de Karim, et de poursuivre le procès ? En le forçant à venir en civière, en fauteuil roulant, le tribunal n’est-il pas entrain de jouer sur les sentiments des sénégalais pour trouver une raison de renvoyer le procès (ce qu’il voulait sans oser le faire face à l’opinion) ? Le tribunal n’est-il pas entrain de renvoyer à l’opinion la responsabilité d’avoir arrêter le procès, parce que cet opinion aurait eu pitié d’un malade ou d’un tricheur ? Qui a intérêt à imposer la comparution de Bourgi comme condition absolument nécessaire de la suite du procès ? Qui a intérêt à imposer la vision d’un Bourgi en civière de façon répétitive ? Qui veut forcer le peuple à avoir pitié alors qu’il est possible de s’en passer ?
La direction de la banque de Singapour est-elle sur civière ? La direction de la banque de Monaco est-elle sur fauteuil roulant ? Pourquoi la présence de Bourgi est nécessaire pour prouver que Karim est riche de 99 milliards à Monaco et de 46 milliards à Singapour ?
Arrêtons le théâtre. Au point où nous en sommes; le peuple ne veut plus d’échappatoire. Ou Karim est coupable de vol de 117 milliards (Singapour et Monaco, sans Bourgi, font 145 milliards) et il sera condamné à vie, ou il s’affiche devant le monde entier qu’une CREI peut inventer le pire des mensonges qu’un être humain puisse proférer. Mais il ne peut y avoir de troisième possibilité.
Dés le premier jour de procès, j’ai posé la question: pourquoi Bourgi, en fauteuil roulant, au tribunal ? Vous allez bientôt comprendre comment Ndikiri Jom Moolo a fait pour lâcher le cou du serpent.