XALIMANEWS : Lors de la 13e?me session du Conseil pre?sidentiel de l’investissement (CPI), le patronat a sorti ses griffes pour attaquer le chef de l’exe?cutif. D’apre?s Mansour Kama, pre?sident de la CNES (Confe?de?ration nationale des employeurs du Se?ne?gal) mandate? par le prive? se?ne?galais a? cet effet, il n’existe pas de dialogue entre le secteur prive? et le gouvernement, ce qui induit des conse?quences ne?fastes pour notre e?conomie. De plus, a? en croire les entrepreneurs se?ne?galais, tous les marche?s juteux, porteurs de croissance, ont e?te? attribue?s a? des entreprises e?trange?res alors pourtant que l’expertise se?ne?galaise dispose du potentiel ne?cessaire pour la re?alisation de ces projets. De me?me, la question de l’adhe?sion « pre?cipite?e » du Maroc a? la CEDEAO e?tait inscrite a? l’ordre du jour par le patronat se?ne?galais qui craint l’engloutissement de notre e?conomie par le royaume che?rifien.
S’inscrivant en faux contre ces assertions, le chef de l’Etat a fait valoir que plusieurs cadres de concertation ont e?te? cre?e?s pour permettre un dialogue franc entre les service de l’Etat, le gouvernement et le secteur prive? en vue d’une meilleure prise en compte des pre?occupation des nationaux. Visiblement, il n’a pas convaincu ses interlocuteurs du prive? national…
Le secteur prive? national n’a pas rate? le pre?sident Macky Sall lundi lors de la 13e?me session du Conseil Pre?sidentiel de l’Investissement (CPI). En effet, ce cadre a servi de tribune aux entrepreneurs se?ne?galais, par la voix de M. Mansour Kama, de?le?gue? par le pre?sident du Conseil national du patronat (CNP), Baidy Agne, pour flinguer la politique e?conomique de l’actuel re?gime. Du moins, en ce qui concerne la gestion du secteur prive? de notre pays.
Devant une assistance compose?e des ministres de l’Economie et des Finances, du Commerce, de la Promotion des investissements, en particulier, mais en re?alite? de presque tous les de?partements ministe?riels sans compter les directeurs des services strate?giques, M. Mansour Kama n’a pas he?site? a? interpeler sans me?nagement le pre?sident de la Re?publique. Sa charge e?tait tellement dure qu’on pouvait me?me sentir les mouches voler dans la majestueuse salle du Centre international de confe?rences Abdou Diouf, tellement les propos tenu par l’entrepreneur e?taient choquants.
Quant au Pre?sident, le visage crispe? par moments, il a encaisse? la charge, un tantinet e?nerve? par moments. Les attentes du secteur prive? vis-a?-vis des autorite?s e?tant nombreuses, M. Mansour Kama a profite? de l’occasion pour cracher ses ve?rite?s a? Macky Sall qui est reste? du de?but jusqu’a? la fin de cette rencontre de haut niveau. Le porte-parole du secteur prive? a de?bute? son intervention par de?plorer le manque de dialogue entre le gouvernement du Se?ne?gal et le secteur prive?.
Selon lui, en effet, « le dialogue s’est beaucoup appauvri sans que nous sachions pourquoi ». De plus, sur un ton pas du tout diplomatique, Mansour Kama a soutenu que le secteur prive? estime que « le chef de l’Etat ne dialogue pas suffisamment avec lui ». Suffisant pour comprendre la de?ception qui habitait le patronat qui est alle? me?me jusqu’a? ironiser sur la me?sentente qui pre?vaut entre les acteurs politiques. En effet, a soutenu l’orateur, « si les partenaires politiques ne parviennent pas a? se retrouver, le secteur prive?, lui, ne demande qu’a? dialoguer en attendant que vous vous retrouviez ».
Une phrase qui a fait rire toute la salle. Conside?rant certainement qu’il fallait en rajouter pour qu’enfin, les pre?occupations du secteur prive? soient prises en compte par les de?cideurs politiques, le patron des patrons a ajoute? que le dialogue avec le secteur prive? est aussi inte?ressant que le dialogue politique. Plus grave encore, le secteur prive? estime qu’il a e?te? marginalise? dans l’attribution des marche?s publics au profit d’entreprises e?trange?res.
Or, soutient le pre?sident de la CNES, « sans le secteur prive? national, nos e?conomies ne seront pas sur les rails de l’e?mergence pour la simple raison que notre Etat n’encourage pas ce prive? national et ne le soutient pas en lui donnant des opportunite?s d’affaires a? travers l’attribution de marche?s inte?ressants ». Evoquant « les manquements du gouvernement » dans la prise en compte des pre?occupations des prive?s nationaux, Mansour Kama a interpele? le pre?sident Macky Sall.
« Le 14 avril 2014, Baidy Agne vous a rappele?, lors de la confe?rence sociale, la place re?serve?e au secteur prive? pour la re?alisation du PSE et vous aviez donne? des instructions pour y parvenir. He?las, malgre? nos rappels successifs, nous sommes reste?s sur notre faim car nous constatons que nos demandes fortes n’ont pas trouve? re?ponses satisfaisantes a? la mesure de leurs attentes ». Citant « un exemple re?cent », celui qui portait la parole du patronat se?ne?galais au cours du CPI d’hier a souligne? que « les projets comme celui de l’AIBD et du TER sont passe?s sous le nez de l’expertise se?ne?galaise qui dispose pourtant de la technologie ne?cessaire pour leurs re?alisations ».
L’adhe?sion du Maroc a? la CEDEAO
Le secteur prive? national a aussi souleve? hier la question de l’adhe?sion du Maroc a? la Communaute? e?conomique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Il a exprime? ses craintes de voir les e?conomies de la sous-re?gion de?vore?es par une puissance africaine de la trempe du royaume che?rifien. En fait, ce qui inquie?te d’emble?e le secteur prive? national, c’est « la proce?dure acce?le?re?e d’adhe?sion du Maroc dans la CEDEAO ainsi que ses conse?quences ».
D’apre?s le secteur prive? national, une e?tude d’impact de cette adhe?sion conclut que tous les secteurs e?conomiques sous re?gionaux seront touche?s par la pre?sence du Maroc dans cette partie occidentale du continent en tant que membre a? part entie?re de la communaute? e?conomique. De?s lors, il urge, selon le patronat se?ne?galais, d’anticiper sur les conse?quences de?sastreuses d’une e?ventuelle adhe?sion du Maroc a? la Cedeao.
He?las, de?plore Mansour Kama, notre pays est reste? muet face a? une question aussi cruciale pour notre e?conomie. Le patronat de la sous-re?gion est d’autant plus inquiet que « le pre?sident de la commission de la CEDEAO n’a pas rencontre? le secteur prive? de la sous re?gion alors qu’il est alle? au Maroc y rencontrer les patrons marocains ». Une manie?re pour Mansour Kama de dire que nos gouvernants n’accordent pas d’importance aux conse?quences gravissimes qui peuvent de?couler de cette inte?gration du Maroc dans notre zone e?conomique. Et le chef de l’Etat Macky Sall ne fait pas exception a? cette re?gle de la passivite? de nos chefs d’Etat, selon le pre?sident de la CNES.
Les arguments de Macky Sall
Apparemment, ces interpellations du patronat ont indispose? le pre?sident de la Re?publique. Ayant initialement pre?vu de prononcer un discours, il est passe? outre. Il a donc indique? qu’il mettrait « plus de temps a? re?pondre aux interpellations et interrogations du secteur prive? ». Ce, apre?s avoir lu le discours pre?pare? par ses services.
Seulement voila?, il n’a pu tenir cette promesse car, au bout de quelques phrases de son texte, il n’a pu s’empe?cher de re?pondre a? l’une des interpellations du patronat. Vantant les performances de l’e?conomie, Macky Sall s’est fe?licite? du fait que l’enque?te du Doing business de la Banque mondiale ait salue? les avance?es du Se?ne?gal en matie?re de transfert de proprie?te?, d’ame?lioration des taux de recouvrement de cre?ance des entreprises de?clare?es en situation d’insolvabilite? entre autres sans compter l’ame?lioration de nos institutions et de nos infrastructures.
Mais ce qui inte?ressait visiblement le plus le pre?sident de la Re?publique, c’e?tait de re?pondre au secteur prive? ; et il a bien su le faire. Apre?s avoir magnifie? notre « de?marche concerte?e et inte?gre?e dans la quelle le secteur prive? et la socie?te? civile occupent une place pre?ponde?rante », Macky Sall s’est dit « tre?s surpris d’apprendre que le dialogue n’existait plus entre le secteur prive? et le gouvernement. »
D’apre?s lui, au lendemain de la journe?e nationale de concertation, il avait indique? que le dialogue national ne saurait se re?sumer au seul dialogue politique parce que « le dialogue, dans une de?mocratie moderne, c’est au Parlement ». Cette affirmation est pour lui une manie?re de dire qu’il est alle? plus loin que ce que permet les textes puisque l’opposition et le pouvoir se retrouvant de?ja? a? l’Assemble?e nationale, il aurait pu s’en arre?ter la?. Or, dit-il, « j’ai rajoute? un autre cadre de concertation politique et il appartient a? chacun d’y aller ou de ne pas y aller ».
Re?pliquant au patronat, il ajoute qu’il avait instruit le ministre de l’Economie et des Finances de rencontrer le secteur prive?, et au ministre du Travail d’e?changer avec les partenaires sociaux pour « sortir des solutions qui devraient permettre a? notre pays de faire des avance?es ». A son avis, ce sont ces cadres de discussions qui ont permis d’e?laborer et de mettre en œuvre le Pacte de stabilite? social conclu entre le gouvernement, le patronat et les organisations de travailleurs.
En ce qui concerne l’ostracisme dont s’est plaint le secteur prive? vis-a?-vis de ses entreprises dans l’attribution des marche?s publics, Macky Sall a pre?tendu que le patronat national n’est pas bien informe? de la re?alite? en ce sens que des mesures ont e?te? prises avant l’effectivite? de projets ou de chantiers comme l’AIBD et le Train Express Re?gional imposant aux entreprises e?trange?res d’associer les entreprises se?ne?galaises « pas en tant que sous-traitants mais en tant que co-traitants ». D’ailleurs, a-t-il ajoute?, « des entreprises se?ne?galaises sont implique?es dans le TER ».
Au sujet de l’adhe?sion du Maroc a? la CEDEAO, Macky Sall s’est voulu clair. Selon lui, il s’agit la? d’« une question africaine car les Etats africains travaillent pour un marche? unique d’ici 2018 ». Par conse?quent, pre?cise-t-il, le proble?me n’est pas d’axer le de?bat sur l’adhe?sion du Maroc mais « de faire comme le Maroc pour rendre nos e?conomie compe?titives ». Selon le Pre?sident, en dehors me?me de ce contexte e?conomique, nous allons aussi sur la zone de libre e?change continental, qui est un cadre de ge?ne?ralisation des e?change commerciaux de tout le contient africain. Raison pour la quelle, cette question du Maroc semble « petite » par rapport a? ce qui attend le Se?ne?gal du point de vue des perspectives e?conomiques et de pre?paration de ses entreprises.
En conclusion, le chef de l’Etat Macky Sall a formellement de?menti Mansour Kama qui soutenait que le pre?sident de la commission de la CEDEAO n’a pas e?tudie? en profondeur la question de l’adhe?sion du Maroc et qu’il a voulu acce?le?rer cette dernie?re. A ce sujet, il invite le secteur prive? « a? respecter les chefs d’Etat qui sont capables de de?fendre les inte?re?ts de leurs pays », sans omettre de rappeler au secteur prive? que la CEDEAO a commis des experts qui se sont rendus au Maroc, des experts qui soumettront en de?cembre un rapport pour savoir les tenants et les aboutissants de cette adhe?sion.
L’OBS