Le Fmi a raté sa vocation qui était d’aider les pays en difficulté. C’est la conclusion à laquelle est parvenu Mounirou Ndiaye qui présentait, vendredi derrnier, un ouvrage sur ‘Economie sénégalaise/enjeux et problématiques’.
(Correspondance) – L’Institut universitaire de technologie, Iut, de Thiès a abrité samedi dernier la cérémonie de dédicace organisée par le professeur El Hadji Mounirou Ndiaye pour son œuvre intitulée ‘L’économie sénégalaise/ Enjeux et problématiques’. Une occasion pour le professeur de revenir assez largement sur son œuvre, qu’il dit être d’une écriture très simple pour être à la portée non seulement des économistes mais aussi et surtout du simple lecteur sénégalais et de l’homme politique. Aussi, le professeur de considérer son œuvre comme un document qui peut être d’une grande utilité puisque traitant des secteurs que l’on dit les plus problématiques de l’économie sénégalaise, à savoir les finances publiques et l’administration ; la croissance et l’emploi ; la justice et l’équité sociale ; la dépendance et la vulnérabilité économique ; la régulation et l’intégration internationale. En effet, dans son ouvrage, le professeur El Hadji Mounirou Ndiaye s’est employé à faire le diagnostic global des difficultés et des défis auxquels l’économie sénégalaise est confrontée. Laquelle économie a connu deux modèles dominants de gouvernance. Le premier étant un modèle socialiste et d’assistance abandonné au lendemain de l’ajustement structurel en 1985. Le second a consisté en une libéralisation définitive de l’économie qui s’est approfondie à partir de 2000 avec l’arrivée aux affaires du régime libéral.
Aussi à l’occasion de ladite cérémonie, l’auteur est largement revenu, pour s’y appesantir, sur l’endettement du Sénégal avec à la clé un doigt accusateur sur le couple Fmi/Banque mondiale. Il trouve en effet inconcevable que trois ans seulement après le programme Programme pays pauvre très endetté (Ppte), qui avait permis au Sénégal de réduire sa dette de 2 400 milliards à 172 milliards, le Sénégal ait pu accumuler 500 milliards de dette supplémentaire pour se retrouver avec un endettement de 1700 milliards de francs Cfa. Une situation qui amène l’économiste à indexer systématiquement le Fmi. Laquelle institution financière donne, selon lui, des instructions infécondes depuis trente aux pays africains sans jamais leur dire ce qu’ils doivent faire pour ne pas s’endetter. Pour lui, le Fmi semble se limiter à dire : ‘Je vous donne de l’agent, je regarde si vous êtes solvables et vous en donne selon votre solvabilité.’ Pour simplement dire que le Fmi se base sur l’indice de solvabilité et non sur l’accumulation de dettes qui va poser des problèmes aux générations futures. Par conséquent, le professeur d’estimer simplement que le Fmi a raté sa vocation qui était d’aider les pays en difficulté à asseoir une politique budgétaire expansionniste. En termes plus explicites, des politiques qui permettent de relancer la consommation. ‘Quand la consommation est relancée dans un pays, les entreprises vont pouvoir vendre et par conséquent recruter pour produire davantage. C’est comme cela que l’on peut régler le problème de la production et celui du chômage’. Paradoxalement, souligne-t-il, au Sénégal, le Fmi milite même pour la suppression de certaines subventions. Or, quand on supprime la subvention, les prix vont flamber et la consommation va être découragée.
Un autre point sur lequel l’auteur du livre ‘l’Economie sénégalaise/Enjeux et problématiques’ s’est appesanti est relatif à la croissance. Sur ce point précis, il se dira d’avis que, pour que le Sénégal atteigne un taux de croissance de 10 % comme souhaité pour réduire la pauvreté, il faut impérativement qu’il investisse 40 % du Produit intérieur brut, Pib. Or, aujourd’hui le pays est a seulement 26 % du Pib soit un gap à combler de 14 %. Aussi dira-t-il qu’il faut que le Sénégal mette l’accent sur l’attraction des investissements étrangers mais aussi convaincre les Sénégalais qui ont des capitaux, moyennant des facilitations dans le circuit d’investissement, à venir investir dans le pays. Car rien qu’en 2006, les Sénégalais ont épargné dans les banques près de 600 milliards et aucun investissement de leur part.
A CAUSE DES COUPURES D’ELECTRICITE : ‘Depuis plus de cinq mois, pas un seul franc n’a été investi au Sénégal’, selon Mounirou Ndiaye
Aussi et à l’en croire, la réticence des investisseurs trouve son explication dans la façon dont le régime administratif sénégalais est stratifié. Une stratification extravagante qui fait que les investisseurs ne parviennent plus à identifier leurs interlocuteurs.‘Deux agences qui s’occupent de la même chose, deux ministères qui font la même chose voilà des états de fait qui sèment le flou dans la tête des investisseurs qui n’ont plus d’interlocuteur’. C’est, selon lui, cette cacophonie institutionnelle qui est la raison fondamentale de la réticence des investisseurs. A cela est venu s’ajouter, pour l’aggraver, le problème de l’électricité avec les coupures intempestives qui ont fait que l’investissement est complètement freiné au Sénégal. ‘Depuis plus de cinq mois, pas un seul franc n’a été investi au Sénégal et si cela continue comme ça, le taux de croissance va être négatif en 2011’.
Sidy DIENG
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