Contentieux Politique et enjeux électoraux au Sénégal (Par Cissé kane Ndao et Mamadou Biguine Gueye)

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Deux nouvelles de grande importance concernant la situation du Sénégal aux plans social et politique nous sont parvenues de l’Etranger : le Sénégal a refusé de valider une proposition pro LGBT lors de l’assemblée mondiale de la santé à Genève, confirmant par-là la position claire et définitive du Président de la République, concernant la légalisation de l’homosexualité au Sénégal. Bonne nouvelle pourrait-on dire !

Mais la seconde nouvelle a jeté l’émoi et encore plus semé le doute dans l’esprit de l’opinion publique sénégalaise, en confortant par la même occasion l’opposition radicalisée dans ses convictions : le Sénégal a rejeté l’amendement du protocole de la CEDEAO contre le troisième mandat !

Pour une large frange de la population, cette posture officielle de notre pays est donc la confirmation avant l’heure que Macky Sall sera candidat à un troisième mandat !

L’heure est grave serait-on tenté de dire, car il convient de lire les dernières manifestations du 17 juin sous le double prisme d’une revendication de la participation de la liste proportionnelle de YAW aux législatives, mais plus encore, comme un coup de semonce adressé par ses leaders au Président Macky Sall, un avertissement sérieux contre toute tentative de sa part de s’arroger le droit à un mandat supplémentaire.

C’est la raison pour laquelle aux yeux des candidats de YAW empêchés par la décision du Conseil constitutionnel de participer aux législatives, cette forfaiture est un coup d’essai dont la réussite sans dommages renforcerait le président de la coalition BBY dans sa conviction qu’il pourrait en 2024 éliminer des candidats comme Ousmane Sonko de la course à la Présidentielle, comme il avait proprement écarté Karim Wade de la scène politique et muselé Khalifa Sall, à la veille de la présidentielle de 2019 !

Les élections législatives de juillet 2022 et le contexte dans lequel elles se préparent ne sont donc qu’un échauffement pour tout le monde, l’enjeu est ailleurs.

Nos forces de défense et de sécurité savent fort bien que les menaces et les troubles auxquelles elles se préparent à faire face ne sont pas encore arrivées : disons-le clairement, notre pays va vers des lendemains troubles, et la faute en est imputable à notre classe politique, de part et d’autres.

Nul dans ce landernau n’a de leçon de démocratie à recevoir de son alter ego, le bon sens étant la chose la mieux partagée, et d’ailleurs, hormis Ousmane Sonko, tous dans leur intégralité ont autant fréquenté les arcanes du pouvoir dont ils connaissent autant la réalité que les bas-fonds de l’opposition dont ils maitrisent à la perfection les contingences.

C’est donc dire que l’ambition de la conquête du pouvoir en 2024 est la seule motivation qui anime leur combat, et au vu de la beauté de la mariée, de sa richesse et de son opulence, chacun des protagonistes est prêt à marcher sur des cadavres pour la conquérir.

Notre pays est riche en effet  de toutes les matières premières dont les pays de l’Europe occidentale au premier rang desquels la France ont nécessairement besoin, dans ce contexte géopolitique marqué par le refroidissement de leurs relations avec la Russie, et la stabilité politique de notre pays est un enjeu moins important de l’avis de toutes les forces de déstabilisation que l’accès vitale à nos richesses nationales, pour assurer leur souveraineté énergétique pour certains face à la guerre économique imposée par Poutine, car elle est la base de leur souveraineté politique.

Les états n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts, disait un politologue reconnu.

Le Sénégal doit lucidement et courageusement se battre pour ses intérêts. Et cela passe par le respect de l’État de droit sans lequel il n’y pas de démocratie viable.

Au point où en est la situation, il est légitime de soupçonner le parti pris de la France en faveur du régime du Président Macky Sall, au vu de la main mise économique de cet allié historique sur notre pays. Macky Sall jouerait-il à fond cette carte pour imposer un troisième mandat avec leur soutien contre la volonté du peuple sénégalais ?

Prédisons que ce sera le débat prépondérant après juillet 2022, sur fond de polémiques et de violences pour ou contre le troisième mandat.

L’opposition représentative quant à elle compte sur le soulèvement populaire pour barrer la route au Président Macky Sall, et sa défiance clairement exprimée contre le conseil constitutionnel, suivi de son appel à la désobéissance civile lors de ce 17 juin en sont les premiers actes.

La confrontation est inévitable.

Et malheureusement pour nous, nul n’a encore parmi les protagonistes démontré que le peuple sénégalais était au centre de ses préoccupations !

Le sort des paysans, la situation de nos hôpitaux devenus de véritables mouroirs, l’éducation en déliquescence, la misérabilisation galopante des populations que l’inflation a plongées dans la pauvreté, le chômage endémique et le pillage de nos ressources de toutes sortes ne constituent une raison de se sacrifier pour une des parties.

Ils en sont encore aux conflits personnels, pour notre malheur. Et donc à la lutte pour la conquête ou la conservation du pouvoir.

La France n’est pas un allié sûr, car aucun pays au monde ne travaille pour le développement économique d’un autre état. Les derniers actes posés par les leaders de l’économie française en Afrique francophone devraient d’ailleurs nous alerter sur sa duplicité : le premier groupe bancaire français BNP s’est retiré de l’Afrique, et avant lui, le géant Bolloré a mis les voiles.

Ceux dont les sénégalais détruisent les enseignes en croyant s’attaquer aux intérêts français sont justes des franchises propriétés de sénégalais comme nous.

Retenons-le : si la France n’arrivait pas à imposer ses préfets lors des prochaines échéances politiques qui se profilent à l’horizon, la première déstabilisation sera alors une dévaluation du franc CFA par la révision de son arrimage à l’euro garanti par ses soins, avant la probable irruption de chevaux de Troie qui sèmeraient le désordre dans nos pays. Nous sommes la mamelle de la France, et le sevrage par l’équilibre de nos relations dans le cadre d’une relation équitable n’est pas envisageable par nos partenaires, surtout dans le contexte géopolitique actuel.

Au peuple sénégalais de prendre conscience de sa souveraineté, et de se battre pour son avenir, en ne comptant que sur lui-même pour son développement. 

Au Président Macky Sall de poser les actes qui conforteraient son leadership politique en renforçant l’Etat de droit et la souveraineté économique de notre pays, et chacun sera sauf !

Cissé Kane NDAO et Mamadou Biguine GUEYE

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