Contre l’antinégrisme à travers le monde. (Par Damel Maïssa FALL)

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IL Y AURA HELAS D’AUTRES GEORGE FLOYD A TRAVERS LE MONDE

La vie de monsieur George Floyd a été arrachée avec une atrocité qui a ému la planète. Comme d’autres, avant lui, avaient succombé à la brutalité de certaines polices du monde, tel monsieur Edouard Salamu Sumbu, congolais de 43 ans, tué lors d’un banal contrôle routier, un 29 octobre 2001, à la place Pigalle, dans le IXème arrondissement de Paris. De cette tragédie, naquit, quelques années plus tard, « Au Nom des Miens », roman sélectionné en 2009 pour le Prix Fetkann, qui récompense les ouvrages qui « mettent l’accent sur l’affirmation des Droits de l’Homme et favorisent le travail de mémoire des pays du Sud et de l’humanité toute entière ». Un cri du cœur et un appel à la diaspora subsaharienne à se battre contre les violences de la police française.
Bien entendu, entre 2001 et 2020, il y eut bien d’autres messieurs Floyd à travers le monde. Donc il ne faudrait pas s’y méprendre, le cas étasunien, aussi grossissant miroir qu’il puisse être, n’est qu’un brutal rappel : l’antinégrisme est un atavisme des SYSTÈMES occidentaux, qui ont été bâtis sur des siècles de pillage et de ravage du Continent. Et au-delà de l’indignation et de la colère qu’il suscite, l’assassinat d’un afrodescendant par la police étasunienne pose la question de l’antinégrisme, une idéologie qui fera d’autres victimes, aussi longtemps qu’elle ne sera pas franchement combattue et totalement vaincue. 

En 2007, conscient du progressif glissement sémantique du terme racisme, à dessein affaibli par l’inclusion de toute sorte de discrimination, je lui préférai et créai – jusqu’à preuve du contraire, bien sûr – celui d’antinégrisme, du nègre au sens césérien. Au regard du cas français, que je maîtrisais davantage, j’en disais ceci :
« Fabrication politique, médiatique et savante d’un consensus anti-nègre, l’antinégrisme se définit comme la validation et la banalisation d’idées dites du FN, l’élaboration et la diffusion d’une avalanche de discours et d’images méprisant et dévalorisant le Nègre, la théorisation et la propagation d’idées négationnistes et révisionnistes au sujet de la Traite négrière et de la Colonisation.
Donc une doctrine hostile aux Nègres et qui, à la différence ou davantage que le racisme […] vise d’abord à les affaiblir avant de les anéantir. En effet, non pas un acte posé, telle l’insulte d’une discrimination à l’embauche ou au logement, qui exclut un individu ou un groupe, il s’agit d’un message expressément destiné à une masse, la masse subsaharienne en l’occurrence, et au-delà, à l’ensemble des Nègres de la planète, à qui il martèle : « Vous n’êtes rien, comme vous n’avez jamais été quoi que ce soit, et vous ne serez jamais rien. »
Certes s’agit-il là d’une doctrine ne s’appuyant pas sur un ouvrage tel le national-socialisme sur Mein Kampf, mais elle se fonde sur un ensemble d’idées qui, même d’apparence éloignées, voire contraires, mises ensemble, font sens, font théorie. Des idées qui ne sont pas l’apanage du monde médiatique français ou de néofascistes comme Philipe de Villiers ou Nicolas Sarkozy. Bien au contraire, elles ont cours au sein de toute l’intelligentsia française et, assurément, s’accommodent de toutes les couleurs du spectre politico-intellectuel en Occident, de l’extrême-droite nationaliste à l’extrême-gauche internationaliste.
L’absence d’un cadre théorique est en fait une ruse de la part de nos antinégristes encagoulés, en ce sens que les idées en question cachent leur agressivité, brandissent leur générosité, jurent leur honnêteté et ainsi s’arrogent une incontestable légitimité. Dès lors, les centaines de millions de personnes qui les reçoivent – par les livres, les radios, les télés, les magazines, les quotidiens, l’internet, l’affichage, etc. – les assimilent. Assimilation d’autant plus aisée que les esprits sont imprégnés d’une certaine histoire… celle qui fit les zoos humains, comme le souligne l’historien Pascal Blanchard. Voilà pourquoi Négrologie, ébauche du Mein Kampf de l’antinégrisme français, est devenu un best-seller sans qu’aucune voix française ne se soit élevée, hormis celle de François-Xavier Verschave.
Adeptes de la diversion, avec maintenant toute une rhétorique sur le racisme anti-blanc et l’antisémitisme des « Noirs », Stephen Smith et consorts se révèlent maîtres dans l’art de l’intoxication, puisqu’ils parviennent à gangrener certaines plumes de l’Afrique et de sa diaspora, lesquelles cautionnent et alimentent l’antinégrisme. La manœuvre atteint la perfection lorsque le remodelage du champ mental des Nègres les mène à cette conclusion : « Il n’y a rien à faire. » Autrement, en plus d’accepter qu’ils sont principalement responsables de la Traite négrière et de la Colonisation, donc de la situation actuelle du Continent, les Nègres s’estiment aujourd’hui incapables de réussir sa renaissance, y renoncent et, bien évidemment, appellent au secours les anciennes nations esclavagistes et autres puissances coloniales qui, ainsi, mieux que jamais auparavant, peuvent légitimer leurs crimes du passé, sans oublier de songer à refaire main basse sur l’Afrique. »

Et maintenant, nous sommes en 2020 et la situation s’empire, avec une Chine en train d’imiter les bourreaux historiques. Donc, croire que l’indignation et la colère sont la réponse à l’antinégrisme qui sévit à travers le monde trahit une réelle naïveté. Aussi croire que s’abriter derrière l’Orient préservera le Continent des méfaits de l’Occident, c’est choisir la lâcheté. L’émancipation du Continent et des afrodescendants est un combat qui exclut TOUTE compromission, pour briser l’étau – économique, intellectuel, civilisationnel et spirituel – dans lequel est emprisonné le Nègre depuis bien des siècles par l’Occident et l’Orient. Elle exige de nos élites courage politique, rigueur intellectuelle et liberté spirituelle. Mais dans leur extrême majorité, elles ne l’ont pas. POINT ! Étant entendu que les masses ne l’ont pas non plus. POINT ! Est-il donc besoin de pousser des cris d’orfraie ou de mettre un genoux à terre ?

1 COMMENTAIRE

  1. Ce que vous dîtes est vrai, mais en vous lisant on sent que vous vous adressez à cette élite intellectuelle qui est sensée vous comprendre et non à cette population qui a besoin d’être éclairée, à ces personnes qui sont à sortir de l’obscurantisme de toute sorte, pour libérer les énergies à développer l’Afrique.

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