Coronavirus : Comment les ressortissants sénégalais d’Italie vivent la situation l’Etat d’urgence décrété à travers le pays ?

XALIMANEWS- A Torino, à l’instar de toute l’Italie, le confinement est de mise dans un contexte d’aggravation de la situation de contamination. Un moment insaisissable et insoutenable pour les services sanitaires. A ce stade, des compatriotes sénégalais, établis dans certaines villes, racontent le calvaire d’un confinement qui les oblige à s’adapter à un autre quotidien, faisant également face aux conséquences économiques.

Le témoignage de S. B, Torino

« Je suis un jeune Sénégalais qui se trouve à Torino au moment où l’épidémie a vite sévi contre toute attente. Car j’avoue que les choses se sont passées très vite. Et la situation a atteint un stade critique en deux semaines. Si bien que les autorités ont pris des mesures sévères.

Après une grosse sensibilisation autour de l’impact du virus en Italie avec l’appui des médias, qui ont tous apporté des messages sur l’hygiène et les dispositions à prendre pour éviter la propagation du virus, le gouvernement, notamment le Premier ministre, a sorti un décret pour exiger le confinement de la population.

Dès lors, nous avons songé à rester sur place en raison de la protection que nous devons à nos familles restées au pays. Pour certains, c’est un sacrifice énorme si l’on sait que rien que l’isolement peut constituer un problème.

Aujourd’hui, nous sommes tous en confinement plus ou moins total. Il consiste à rester chez soi et de ne pas en sortir pour quelque raison que ce soit. Sauf dans un cas de force majeur notamment les déplacements en pharmacie, dans un supermarché et ce n’est pas à tout bout de champ, tout est contrôlé ! Même en ce qui concerne les autres mesures comme le fait de se laver les mains, d’utiliser le gel hydro alcoolique, les masques de protection, d’éviter la promiscuité, les agents de sécurité affectées dans les villes, départements et communes  veillent au grain. Par moment, ils peuvent être intraitables. Ainsi, nous autres ressortissants, sommes obligés de suivre les consignes.

A ce stade, les choses sont très difficiles pour tout le monde, pour nous particulièrement qui sommes venus dans ce pays, uniquement pour travailler. L’isolement n’est bon pour personne surtout dans un environnement de stress. Tout le monde sait qu’en Europe, le stress fait partie du quotidien des gens et peut avoir des conséquences néfastes. Il y a ensuite cette situation de pandémie et de crise économique qui s’y ajoute. Pour nous, c’est encore plus dur car nous n’avons pas l’habitude de nous isoler ou de nous retrouver seuls. Même loin de notre pays, nous nous sommes toujours arrangés à être ensemble mais actuellement, ce n’est plus possible. Certes, on est confiné avec la famille mais cela reste difficile vu les conditions dans lesquelles la situation est intervenue. Pour certains qui n’ont pas de famille en Italie, le quotidien devient encore plus sombre. Je ne parle même plus du fait que nous ne poussions plus envoyer au pays, les choses sont évidentes concernant cet aspect. Le plus dur, c’est notre survie dans un tel contexte. Pour la plupart, les ressortissants sénégalais travaillent dans le secteur informel, dans certains commerces ou usines qui ont été les premiers à ressentir les conséquences liées aux consignes. Seuls les pharmacies, supermarchés et grandes entreprises sont autorisées, avec certains repères, à continuer leurs activités.

Personnellement, je travaille dans une usine de près de 900 personnes ou les responsables ont décidé, pour éviter que l’entreprise ne soit un vecteur de propagation, d’arrêter nos activités pour une durée de deux semaines minimum, en attendant de voir comment les choses vont évoluer. Ainsi, à l’instar de beaucoup de compatriotes en Italie, je ressens, au premier niveau, cette situation.

Ce qui est certain justement est que sur le plan économique, je vais beaucoup perdre d’autant plus que je suis en « Casa integracion » (Chômage technique), je ne serai pas payé mais juste dédommagé sur une petite partie. Même si je ne suis pas préparé, je suis obligé comme tous les autres compatriotes de vivre cette situation dont on ignore la suite et où est ce qu’elle va nous mener. En attendant, on essaie de tenir le coup». 

D.S