Coronavirus : L’Arabie saoudite n’a pas annulé le Hadj. Le Sénégal suspend les formalités.

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Le virus de l’information se propage-t-il plus vite que le coronavirus ?
Beaucoup de journaux ont repris l’information faisant état de l’annulation du Hadj par le Sénégal,
parue à la une du journal « Libération » de ce vendredi 13 mars 2020.
D’autres, certes moins alarmistes, trouvent le raccourci pour réduire la citation du Président de la
République en une simple phrase qui la déforme de son sens original « l’Arabie Saoudite suspend le
Hadj ! ». Heureusement que le Ministre et l’Ambassadeur ont vite fait de rétablir les faits.
La citation du Chef de l’Etat est plus nuancée que l’interprétation que beaucoup en ont faite. « Nous
avons reçu de l’Arabie saoudite un message important qui demande de suspendre les opérations liées
au pèlerinage pour cette année ».
En vérité, comme l’a bien reprécisé son excellence l’ambassadeur de l’Arabie Saoudite, à l’occasion de
la rencontre entre le Ministre des Affaires étrangères, la Délégation générale au pèlerinage et les
voyagistes privés, seule la Oumra est suspendue et non le Hadj. Cependant, les opérations financières,
notamment les contrats avec les logeurs saoudiens, les transporteurs et les services annexes, sont
temporairement suspendues dans le but de mieux maitriser l’évolution du coronavirus.
C’est la raison pour laquelle, le Ministre Amadou Ba a demandé à la Délégation Générale au
pèlerinage de surseoir au démarrage des inscriptions de ses 2.000 pèlerins. Il demande aussi aux
privés et aux pèlerins de ne pas prendre d’engagement financier afin de minimiser les risques en
attendant de voir si le hadj aura lieu ou non. Voilà la quintessence des déclarions du Ministre des
Affaires étrangères et de l’Ambassadeur de l’Arabie saoudite. Par la suite le Chef de l’Etat citera parmi
les décisions prises ce samedi, la suspension des formalités nationales liées au pèlerinage pour l’année
2020 aux lieux saints de l’islam et de la chrétienté.
Il ressort de ce qui vient d’être dit plus haut que l’Arabie saoudite n’a pas annulé le Hadj et que le
Sénégal suspend les formalités.
Quelle analyse peut-on faire de cette situation ?
Nul ne doute de la gravité de l’épidémie du coronavirus désormais déclarée pandémie par l’OMS,
Organisation Mondiale de la Sante.
L’Arabie saoudite prend donc les dispositions à la fois sécuritaires et préventives pour faire face à ce
fléau et réunir les conditions de l’effectivité du Hadj. Après la suspension de la Oumra, les autorités
saoudiennes ont construit 25 hôpitaux pour la prise en charge des personnes susceptibles d’être
affectées. Les deux Saintes Mosquées sont continuellement désinfectées, non pas pour rester toujours
vides mais très certainement pour accueillir et protéger les pèlerins. Les deux guerres mondiales 14/18
et 39/45 n’ont pas empêché le Hadj de se dérouler de même que toutes ces épidémies de choléra,
bronchite et autres maladies graves qui se sont invitées au pèlerinage près de deux siècles.
Le Sénégal avait convoyé en 2019, 13.000 pèlerins dont 2000 par la Délégation et les 11.000 par les
voyagistes privés. Si la Délégation suspend le démarrage de ses inscriptions au moment où les privés
avaient anticipé depuis deux mois et que des pays comme la Côte-d’Ivoire ont déjà bouclé leur quota
et clôturé les inscriptions, tout indique qu’elle sera non partante pour cette année. De là à vouloir
l’étendre au quota global, le Sénégal marquerait négativement l’histoire du pèlerinage á la Mecque. Si
cela devait arriver, ce ne serait pas par gaité de cœur mais par contrainte car à l’impossible, nul n’est
tenu.

Les autres décisions prises ce samedi par le Chef de l’Etat pour freiner l’avancée du terrifiant
coronavirus, sont salutaires au même titre que la suspension temporaire des formalités du Hadj : il
s’agit de l’interdiction des manifestations publiques pendant 30 jours, de la fermeture des écoles et
universités pendant trois semaines, etc. Ces suspensions bien circonscrites dans le temps, renvoient
aux grands évènements qui dépendent exclusivement de notre souveraineté et qui drainent en interne
plus de monde que le Hadj. Chaque Magal, Gamou ou Appel rassemble au minimum un million de
personnes là où le pèlerinage n’atteint pas quinze mille pèlerins. Ces derniers sont maîtrisés et
identifiés à travers une base de données fiable, tout le contraire de ceux qui se déplacent pour célébrer
nos propres évènements religieux et qui s’exposent au danger du coronavirus ou en deviennent des
vecteurs redoutables non identifiables.
Ces mesures citées doivent inclurent la fermeture des stades, des bars, des boites de nuit et
l’interdiction des concerts pour un délai d’un mois.
Conclusion :
Ni le Sénégal ni l’Arabie Saoudite n’ont annoncé une annulation définitive du Hadj
comme l’interprètent malencontreusement certains medias. Cependant nous n’écartons aucune
hypothèse dans un proche avenir compte tenu à la fois de la dangerosité de ce virus et de sa vitesse de
propagation, de la capacité de nos médecins et de la science à endiguer ce mal, des précautions prises
par le Président de la République et de la vigilance des autorités saoudiennes du Hadj qui ne ménagent
aucun effort pour sécuriser les lieux Saints de l’Islam. Nous prions le Bon Dieu pour qu’il mette fin à
ce fléau dans tous les coins du monde. C’est en Lui que nous plaçons notre confiance et Il nous suffit
comme Protecteur.
Je demeure convaincu que le Sénégal restera à l’écoute de l’Arabie saoudite et ne commettra jamais
l’imprudence de marquer l’histoire du Hadj en annulant unilatéralement le convoyage de tous ses
pèlerins au moment où la communauté musulmane continue de célébrer le Pèlerinage aux Lieux
Saints de l’Islam.
On ne peut pas garder une chance de participer à un grand évènement tel que le Hadj et se garder de le
préparer à temps. Le recrutement des pèlerins, leur enregistrement sur le portail électronique, la
réservation de billets auprès des compagnies aériennes d’aviation ne sont pas des opérations à
improviser juste au lendemain d’une confirmation officielle du déroulement du Hadj.
L’attitude respectable du Sénégal face à la Chine consistant à refuser le rapatriement immédiat de ses
ressortissants doit faire réfléchir ceux qui s’étaient précipités à ramener les siens et qui aujourd’hui,
sont dépassés par l’ampleur des dégâts.
Pour éviter tout équivoque, la suspension annoncée des formalités liées au pèlerinage doit être bien
délimitée et ne devrait pas excéder vingt-cinq jours. Au-delà de ce délai, ce serait soit l’annulation
définitive, soit la levée de la suspension et la continuité des opérations du Hadj.
Dans le cas d’une annulation définitive, les voyagistes se retrouveraient en face d’un mal nécessaire.
Ils subiraient les dommages et préjudices pour cessation d’une activité annuelle qui nécessiterait sans
doute l’accompagnement de l’Etat.
Dans le cas d’une levée de la suspension, l’Etat pourrait pour raison de démarrage tardive, retirer ou
annuler son quota de 2.000 pèlerins et anticiper la privatisation intégrale du Hadj.
Dans ce cas, une bonne partie de la subvention accordée à la mission nationale pourrait servir à la lutte
contre le coronavirus.
Cheikh Bamba Dioum

Président du GIE Yoonu Makka email: [email protected]

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