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Côte d’Ivoire : la malédiction d’une nation

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La situation actuelle de la côte d’ivoire est lamentable et piteuse. Ce pays qui, jadis incarnait la fierté africaine tant sur le plan culturel qu’industriel, se trouve brusquement dans un état indescriptible. A cause de ce maudit concept d’ « ivoirité », à la fois ridicule et vide de sens, tout un peuple se trouve attristé par la désolation ; un concept invité par des dirigeants animés par des intérêts purement personnels. Malheureusement, leurs vaines rivalités ont conduit la « vache laitière de l’Afrique » au tartare. Mais ce qui est sidérant dans ce problème, c’est que les malfaiteurs ont préféré joué sur la fibre ethnique. Or, il n’existe pas de carte plus sensible que celle-ci dans le continent noir. La question ethnique est un fait non seulement problématique mais aussi et surtout insoluble.
Depuis la décolonisation, nos Etats gèrent très mal (pour ne pas dire pas du tout) cette donne sociale, d’où la balkanisation et l’impossibilité d’établir des Etas-nations. Partout où les vilains politiciens ont déclenché une tension liée à cette question, on a de très fortes chances d’assister à des guerres civiles apaisées de temps à autres mais jamais résolues définitivement. Rwanda, Burundi, R.D.C, Guinée (Sékou Touré), Soudan… nous montrent combien cette réalité est complexe. Il est plus que regrettable de constater que les ethnies sont à l’origine des malheurs du continent africain. Au lieu d’être des richesses, elles sont devenues des sources de divisions et de tensions. L’africain se définit généralement en tant membre d’une ethnie avant d’être citoyen, avant de se référer à son identité nationale. La plupart des pays sont déchirés à cause de leurs paysages ethniques. Chaque groupe regarde de haut son voisin et se permet, du « haut de sa grandeur », de lui donner des leçons de civilités. A l’espace de moins d’un siècle, les guerres interethniques ont fait plus de mal au continent que la colonisation et l’impérialisme.
La Côte d’Ivoire cette belle nation était sous Houphouët le pays dont tout africain aimait s’identifier pour se glorifier. Sénégalais, Guinéens, Maliens, libériens… tous pouvaient s’y considéraient comme ivoiriens. Baoulés, Dioulas, Bétés, Yacoubas… étaient tous ivoiriens avant d’être musulmans ou chrétiens. Le pays était le modèle parfait d’une intégration sociale réussie. La Côte d’Ivoire était pour l’Afrique ce que les Etats-Unis sont pour l’Amérique, et mieux encore. Hélas, comme dans un conte de fée, l’idéal d’un nationalisme en marche se trouve freiner par les démons de la division. Vraisemblablement, ils ont juré d’anéantir le continent.
Aujourd’hui, il demeure clair que le règlement du problème ivoirien passe d’abord par une réconciliation ethnique. Quant bien même les dirigeants seraient rabibochés, la paix resterait fragile car le mal est consommé à la base. Et c’est vraiment dommageable qu’on en est arrivé là.
Mais l’exemple ivoirien servira t-il de leçon aux autres pays ? Le défi des générations futures est d’arriver à créer une harmonie autour des différences ethniques. C’est-à-dire comment faire de telle sorte qu’à partir de nos dissemblances, on arrive à développer un vivre ensemble, accepter l’autre dans son altérité en se démarquant de tout préjugé. En d’autres termes, le problème de l’Afrique n’est pas la dépendance économique toute seule à savoir le blocage monétaire, l’agriculture extravertie, l’industrialisation périphérique et l’échange inégal pour parler comme Samir Amin. C’est plutôt une mosaïque d’ethnies mal gérée par les Etats qui est à l’origine de la misère africaine. Pourtant, ce problème peut bel et bien être résolu si et seulement si l’on acceptait de démystifier tout le mystère qui entoure ce fait. Car, l’ethnie n’est pas une vérité historique (voire divine) mais une construction historique.
Malao Kanté, Doctorant en philosophie, Nice

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