Dans un rapport publié ce lundi 11 février au matin, l’ONG de défense des droits de l’homme dresse un tableau des différentes violations des droits de l’homme en Côte d’Ivoire en particulier des atteintes aux libertés civiles et politiques. Malgré de nombreuses avancées dans les textes, Amnesty International s’inquiète du contexte politique et redoute une crispation des acteurs à l’approche de l’élection présidentielle de 2020.
Derrière une image de relative stabilité portée par la croissance économique, Amnesty International relève plusieurs signes inquiétants, des mutineries de 2017 aux interdictions de manifester et surtout la fréquence des atteintes à la liberté d’expression. « Les lois liberticides sont utilisées pour réprimer les opinions dissidentes avec, par exemple, des peines de prison pour la diffamation, pour la divulgation de fausses informations, pour les troubles à l’ordre public. On a recensé depuis quatre ans et demi, 17 détentions de journalistes et de blogueurs en Côte d’Ivoire, c’est beaucoup », estime François Patuel, chercheur sur l’Afrique de l’Ouest.
Prisons: taux d’occupation de 200%
Le rapport alerte sur les conditions de détention. Avec un taux d’occupation de 200% dans les prisons, peut-on lire, les conséquences sont souvent dramatiques. « Il y a eu au moins 152 personnes qui sont décédées depuis 2014 dans les prisons en Côte d’Ivoire, détaille le chercheur. Il y a une utilisation de la torture et des mauvais traitements au moment de l’arrestation, pendant la période de la garde à vue et dans des centres de détention non officiels, comme la Direction de la surveillance du territoire, la fameuse DST, qui est utilisée pour détenir des personnalités généralement politiques. »
L’impunité, trop souvent la norme
Amnesty International regrette de n’avoir pu évoquer ces questions avec le ministre de la Justice ni accéder aux centres de détention et s’interroge sur la liste des 800 personnes amnistiées par ordonnance présidentielle en août dernier. Une préoccupation majeure pour François Patuel, car l’impunité, dit-il, reste trop souvent la norme en Côte d’Ivoire.
rfi