ABIDJAN, Les forces du président ivoirien reconnu par
la communauté internationale Alassane Ouattara s’approchaient mercredi de la
capitale politique Yamoussoukro, au troisième jour de leur offensive, alors
que le président sortant Laurent Gbagbo a appelé à un « cessez-le-feu immédiat ».
Ces combats, quatre mois après le début d’une crise post-électorale ayant
fait, selon l’ONU, au moins 460 morts et déplacé près d’un million de
personnes, provoquent de nouveaux mouvements de population, comme à Duékoué
(ouest) où 10.000 civils ont trouvé refuge à la mission catholique.
Les Forces républicaines de M. Ouattara, regroupant essentiellement les
ex-rebelles qui tiennent le Nord depuis 2002, ont remporté d’importantes
victoires mardi, en entrant à Duékoué, Daloa (centre-ouest) et Bondoukou
(est), mais aussi Abengourou (sud-est), à seulement 220 km de la capitale
économique Abidjan.
L’ambassadeur de Côte d’Ivoire en France nommé par Alassane Ouattara, Ally
Coulibaly, a assuré mercredi que les forces de son camp contrôlaient « les
trois quarts » du pays.
Mercredi, les affrontements se concentraient au centre du pays autour de la
ville symbolique de Yamoussoukro, village natal du « père de la Nation » Félix
Houphouët-Boigny, devenu capitale politique du premier exportateur mondial de
cacao.
Venus de leur fief de Bouaké (centre), les combattants pro-Ouattara,
souvent à bord de pick-ups armés de mitrailleuses, ont attaqué la ville de
Tiébissou, point stratégique pour accéder à la capitale politique située 40 km
plus au sud.
« Depuis 02H00 (locales et GMT), les combats ont lieu à l’arme lourde, nous
sommes cachés dans nos maisons », a raconté un résident de Tiébissou à l’AFP.
« Actuellement, les combats ont lieu au centre-ville », a ajouté un autre.
Des tirs étaient toujours signalés en fin de matinée.
Selon des habitants, des combattants pro-Ouattara ont également été vus à
Bouaflé (60 km à l’ouest de Yamoussoukro) et Didiévi (60 km au nord-est).
Dans leur offensive, les forces pro-Ouattara, équipées de mortiers et de
lance-roquettes notamment, progressent, non seulement vers le centre, mais
vers l’est et l’ouest.
Sur le front est, ils avancent rapidement, sans rencontrer de fortes
résistances, s’approchant toujours un peu plus d’Abidjan, coeur du régime
Gbagbo.
Sur le front ouest, de violents combats ont eu lieu, en particulier à
Duékoué – où au moins 10.000 civils se sont réfugiés dans la mission
catholique, selon Amnesty International – mais les combattants visent
notamment San Pedro, principal port d’exportation de cacao au monde.
Plus de 400.000 tonnes de cacao sont bloquées depuis l’appel du camp
Ouattara à cesser les exportations. Cette mesure a encore été renforcée par
des sanctions occidentales.
Isolé diplomatiquement, de plus en plus asphyxié économiquement, sur la
défensive militairement, le camp Gbagbo a appelé mardi soir à un
« cessez-le-feu immédiat », se déclarant prêt à des négociations avec le camp
rival sous l’égide de l’Union africaine début avril à Addis Abeba.
Mais avant même cette demande de cessation des hostilités, M. Ouattara et
ses alliés avaient tranché: « toutes les voies pacifiques pour amener Laurent
Gbagbo à reconnaître sa défaite (à la présidentielle de novembre) sont
épuisées ».
Tout en se disant prêt au dialogue, le camp Gbagbo se préparait aux
affrontements à venir, notamment la très redoutée bataille d’Abidjan, dense
métropole comptant avant la crise 5 millions d’habitants et jadis eldorado
pour toute l’Afrique de l’Ouest.
L’armée fidèle à M. Gbagbo doit enrôler de nouvelles recrues dès ce
mercredi. « Le moment d’enrôlement effectif est arrivé », a lancé mardi soir le
chef d’état-major, le général Philippe Mangou.
Plusieurs milliers de jeunes s’étaient inscrits la semaine dernière à
l’appel du camp Gbagbo, pour défendre la « patrie ».
Côte d`Ivoire : les forces de Ouattara aux portes de la capitale Yamoussoukro
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