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Messieurs nos politologues, « comparaison n’est pas raison » ! Par Mamadou Goumbala

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Depuis la fin des élections en Guinée et en Côte D’Ivoire, on entend au Sénégal, des voix qui s’élèvent pour dire que les leaders de Benno Siggil Senegaal n’ont qu’à prendre exemple sur ce qui s’est passé dans ces deux pays. Ils concluent hâtivement, sans beaucoup de discernement, que la stratégie des candidatures multiples est la meilleure au sein de cette coalition d’une trentaine de partis. Revisitons les faits pour éclairer certains de nos compatriotes  pas très avertis de la chose politique et qui se suffisent souvent de déclarations simplistes ne reposant sur aucune analyse sérieuse et lucide.

En Guinée, le Ministère de l’Intérieur n’a pas organisé les élections. Jean Marie Doré, le Premier Ministre et le Président Konaté n’étaient pas, non plus, candidat s et n’avaient pas de candidat déclaré. L’administration était strictement neutre.  Les élections ont été organisées par une commission indépendante qui disposait de suffisamment de moyens et d’autorité pour accomplir en toute honnête sa tâche ; ce qui n’est absolument pas le cas au Sénégal.

Les résultats du premier tour publiés par la Commission nationale indépendante donnaient les pourcentages suivants : Cellou Dalein Diallo 43%, Alpha Condé 18% et Sydia Touré 13%. Mais, à ce tour, seulement 1.350.000 électeurs guinéens se sont déplacés pour accomplir leur devoir civique. Dans la précipitation et peut-être par calcul, Sydia est allé conclure un accord de gouvernement avec Diallo pour occuper, d’une part le poste de Premier ministre, et d’autre part, éliminer définitivement Alpha Kondé de la scène politique pour se présenter comme le porte drapeau des Malinkés dans les compétions à venir.

Un deuxième tour fut laborieusement organisé après beaucoup de négociations et de conciliabules. Pour ce dernier tour, 2.800.000 électeurs se sont déplacés, soit  deux fois que lors du premier tour. Cette élection a tiré en longueur et s’est déroulée sur trois mois au moins. Après la publication des résultats du second tour, la majorité d’alors (43%+13%=56%), sous les coups de boutoir de la coalition arc-en-ciel, devient la minorité.  Alpha, l’opposant historique, le combattant suprême, fut triomphalement élu, au grand dam du camp opposé. Les conditions de l’organisation de l’élection guinéenne, le temps qu’il a fallu pour la faire, les réalités guinéennes que nous tairons ici, n’ont rien à voir avec les nôtres. L’exemple guinéen n’est ni opérant, ni pertinent pour le Sénégal.

Comme en Guinée, les élections ivoiriennes ont été organisées par deux structures complètement indépendantes du pouvoir administratif. Le Ministère de l’intérieur et l’Administration centrale ont été dessaisis du dossier des élections. Elles ont été organisées par la CEI (Commission électorale indépendante) et l’ONUCI (Opération des Nations Unies en Côte D’Ivoire). Ces deux organismes ont travaillé méthodiquement pendant trois ans, avec des moyens colossaux tant matériels qu’humains, pour arriver au résultat qui a été reconnu et validé par la communauté internationale. Le journaliste, Abdou Latif Coulibaly en a fait un excellent bien détaillé. Que se passerai-il si Gbagbo et son administration avaient organisé les élections ? Il n’y aurait même pas de deuxième tour. En 2012, qui va organiser les élections au Sénégal et dans quelles conditions? Chers amis politiques et leaders politiques, vous êtes très laborieux mais arrêtez ces comparaisons futiles, ubuesques, insensées  et maladroites ! Si certains veulent se présenter pour mesurer leur potentiel électoral, ils sont dans leur bon droit. Cependant, je continue à penser que la meilleure stratégie pour 2012, c’est la candidature unique pour les partis qui composaient l’ancien Front Siggil Senegaal (FSS) et  je souhaiterais des candidatures multiples sorties des flancs du PDS. A la suite de Paul Mauriac, je dirai : « j’adore le PDS, plus sa progéniture est nombreuse plus je me réjouis ». Tous les leaders politiques, les démocrates, les mouvements citoyens sont interpellés.  Wade qui vient d’inaugurer les locaux de la radio FM Saapi, de la télé Saapi et qui a construit une superbe permanence aussi luxueuse que le Tag Mahal, est-il prêt à lâcher démocratiquement le pouvoir à la suite d’élections claires et transparentes ? Le retour de son meilleur élève, Ousmane Ngom, au Ministère de l’Intérieur n’augure rien de bon ! J’ai appris, par expérience, que pour battre un président sortant, en Afrique, il faut beaucoup de moyens qu’un seul parti de l’opposition, ne peut mobiliser. Il faut en plus, après l’unité qui fait  seule la           force, beaucoup de courage, d’abnégation, de lucidité et une parfaite organisation.

Mamadou Goumbala militant de l’AFP Colobane- Gossas.

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