Coumba Gawlo Seck « Youssou Ndour, je pense qu’il ne faut pas non plus se f… du monde… on sait il n’y a pas le niveau intellectuel »

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C’est à l’âge de 7 ans qu’elle est tombée amoureuse de la musique. Un amour qui est aujourd’hui vieux de 22 ans. Coumba Gawlo, puisse que c’est d’elle qu’il s’agit, ne compte pas s’arrêter en si bon chemin qui parfois est heurté. Cet entretien est une occasion pour la native de Thiès de revenir sur ces 22 ans de carrière, ses réalisations et projets, mais aussi sur la situation politique du pays…

Vous allez fêter bientôt vos 22 ans de carrière sur la scène musicale, pourriez-vous nous en dire un peu plus ? Vos innovations ?
J’ai le plaisir de célébrer mes 22 ans de présence sur la scène musicale nationale et internationale et il se trouve que cette date coïncide avec celle de mon anniversaire. Puisque le jour de ma naissance coïncide avec un dimanche 29, j’ai voulu organiser la soirée de gala le samedi 28 afin de permettre à un plus grand nombre de personnes d’être présent. La soirée aura donc lieu le 28 à Sorano, en prélude de mon anniversaire.
Chaque année je propose quelque chose de merveilleux à mes fans. Cette année ce sera un show à l’Américaine. Ca va être époustouflant, en sons en lumière, en décor et en magie de la scène. La célébration de ces 22 ans de carrière me tient à coeur. J’ai envie de donner du bonheur à mes fans et de leur faire voir un spectacle qu’ils n’ont jamais vu jusque-là. Et j’insiste pour dire que j’ai placé cet anniversaire sous le signe de la paix parce que je suis ambassadrice de bonne volonté au Pnud. Je suis une personne engagée dans la lutte pour la paix au Sénégal et en Afrique.

Durant ces 22 ans, vous avez pu réaliser beaucoup de choses. Quel bilan faites-vous de votre présence sur le champ musical ?
J’en fais un bilan très positif quand on sait que ce n’était pas évident, vu mon parcours, de faire cette carrière. Mais aussi en ce temps-là, c’étaient les hommes qui étaient au devant de la scène. Quand j’ai démarré, je dirais que j’étais la première jeune fille à entrer dans la musique moderne et aujourd’hui quand je vois le chemin parcouru, je ne peux que m’en réjouir. Je rends grâce à Dieu de m’avoir donné autant de force pour en arriver là. J’en tire un bilan très positif, très satisfaisant.

Dans votre carrière, vous avez connu de bons comme de mauvais moments. Pouvez-vous y revenir avec des anecdotes ?
Aie ! Il y’en a eu beaucoup. Juste pour vous dire que ce métier est fait d’embûche. Quand on est dans ce métier, on a le choix entre être très fort mentalement et psychologiquement, ce qui n’est pas donné à n’importe qui, ou bien se laisser affaiblir par n’importe quoi. Moi j’ai choisi la première option même si je suis souvent très touchée par les attaques, par la méchanceté de certaines personnes. Malgré tout, j’avance
parce que je me dis que je n’ai pas le droit de trébucher, il faut que je sois forte si je veux arriver quelque part. Je n’ai pas envie de voir ces détracteurs ou ces gens qui cherchent à me court-circuiter prendre ma place et réussir dans leurs perspectives de me mettre en échec. Ce qui fait que souvent, plus jeune, j’ai été touchée par des attaques dans la presse quand dans un journal on a écrit à la Une que j’avais un bébé. Ce sont des moments qui m’ont marqué et qui m’ont beaucoup touché. Parce qu’à l’école j’étais très gênée et ça se comprend puisque j’étais adolescente. Au bout de quelques années avec la maturité, les victoires, les bonheurs sont venus couvrir les difficultés. Aujourd’hui, je n’ai envie que de me souvenir des bons moments, comme quand j’ai été sacrée en 1994 avec l’album «Yoo Maalé» meilleure étoile, meilleur espoir de la musique sénégalaise. J’ai raflé quatre prix aux «Bidew» et c’était des moments forts. Meilleure chanteuse, meilleure clip vidéo, meilleure cassette, meilleure artiste alors que j’étais une adolescente. Et quelques années après que j’ai été sacrée Disque d’Or, Disque de Platine. Je me suis dis ouah ! Ce qui m’a donné la force de continuer et d’être sacrée plus tard Kora d’Or, meilleure artiste de l’Afrique de l’Ouest, devant les artistes Koffi Olymbidé , Youssou Ndour et tant d’autres et meilleur espoir de l’Afrique. Et tout ça, ce sont des moments très forts jusqu’à ma nomination en tant qu’ambassadrice de bonnes volontés du Pnud. J’ai vécu aussi beaucoup de douleurs et de difficultés et c’est normal parce que c’est la vie. Mais je me dis que les moments de bonheur l’emportent sur les moments de douleur.

Après tous ses sacres que vous venez d’énumérer, est ce dire que maintenant Coumba Gawlo a fini de s’imposer, fini la concurrence avec les autres artistes ?
Ah ! C’est fini ça. A mon avis, je n’ai plus rien à prouver. J’ai chanté tellement de chansons et j’en suis à mon vingtième album. J’ai démarré la musique très tôt à l’âge de 7 ans et à 14 ans, j’ai été sacrée Voix d’Or.

Comment avez-vous fait pour vous forger cette personnalité, cette philosophie que vous avez de la vie ?
Vous savez, je suis quelqu’un de très croyant, j’ai beaucoup de foi et je me dis certes les hommes se font, mais la main divine y est pour quelque chose. Quand Dieu vous aime, il vous protège, il guide vos pas en quelque sorte. Cette force qui est en moi, qui me dit toujours de ne pas se laisser faire, de continuer à aller de l’avant, de ne pas me laisser abattre, ce n’est pas moi, c’est la main divine. Je me dis souvent en chahutant que j’ai deux personnages en moi : cette personne qui est Coumba Seck, la collégienne, l’artiste et cette deuxième personne qui s’appelle «Torobé», un nom Halpulhar qui veut dire le noble, la guerrière, la diva qui est en moi qui, chaque fois que j’ai voulu jeter l’éponge, me réveille de mon sommeil et m’encourage à continuer.

Les attaques n’ont pas manqué, certains sont allés même jusqu’à dire que vous avez une attirance pour les filles au lieu des garçons ?
Vous voulez que je fasse quoi ? Vous voulez que j’aille me battre contre les inconnus qui disent cela. Je ne les connais pas ces gens-là. Ceux qui disent cela ignorent tout de ma vie privée. Si toutes les semaines vous vous affichez avec un garçon, les gens diront que vous êtes une pute. Si vous choisissez de protéger votre vie privée de sorte à ce qu’on ne puisse vous collez rien de mal, les gens trouveront cela anormal
et dirons des choses dans votre dos. Je laisse Dieu juger et je ne me laisse pas déstabiliser.

Est-ce que ce n’est pas cette hargne que vous avez de vous battre tout le temps contre les maux de la société qui fait que jusqu’à présent vous n’avez pas encore trouvé chaussures à vos pieds ?
(Rires…) J’ai une vision très mystique et une philosophie très profonde du mariage. Pour moi, le mariage, ce n’est pas allé s’acheter un pantalon à côté, Le mariage, c’est sacré, c’est pure, c’est l’union entre deux personnes que Dieu, avant leur naissance, a bien voulu unir. Je trouve que de nos jours, le mariage est très banalisé, les filles n’ont plus de patience. Elles ne comprennent plus les valeurs fondamentales
d’un mariage. Les hommes n’ont plus de patience, ni l’oreille attentive pour «mougneul» leur partenaire. Et du coup, c’est le clash tous les jours. Et si c’est pour vivre cela, je dis merci. Car pour moi, le mariage est basé sur la complicité. C’est pourquoi je dis que le mariage, c’est sacré. Dieu m’a tout donné et c’est lui qui décide. Le jour où il décidera qu’il y aura l’alchimie entre quelqu’un et moi, ça se fera sans aucun doute. Je ne me prends pas la tête.

Revenons un peu sur la célébration de vos 22 ans de carrière musicale. C’est dans un contexte difficile d’avant présidentielle où les gens parlent de potentielles tensions si la candidature de Wade est validée ou invalidée…
Ce qui concerne ce jour important qui sera mon anniversaire, j’en appelle le peuple au calme, à la confiance, aussi à plus de responsabilité, de civisme et de citoyenneté. Car notre pays a la chance, grâce à Dieu et aux hommes qui ont travaillé jusque-là, d’avoir une bonne image sur la scène nationale et aussi internationale. Je crois qu’il est important, quelque soit ce qui ce passera, que nous sauvegardions cette belle
image du Sénégal. Le Conseil constitutionnel est régi dans la démocratie, dans la dignité et dans la légalité. On a besoin de paix dans ce pays. Et c’est d’ailleurs pourquoi j’ai placé cet anniversaire sous le signe de la paix. Parce que pour moi c’est important de célébrer toujours dans la paix.

Vu l’âge de Wade, pensez-vous qu’il a encore les capacités de diriger ce pays
(Elle hausse le ton) C’est incroyable ! Nous sommes en Afrique. J’ai la chance de faire le tour du monde et je vois des personnes de 90 ans continuer à travailler, à faire des choses extraordinaires. Et je ne peux pas comprendre que chez nous qu’on veille mettre automatiquement quelqu’un à la retraite. C’est comme s’il ne devait plus servir à la société. C’est mettre quelqu’un à la mort. Je pense qu’une personne,
quelque soit son âge, du moment qu’elle a toujours la capacité et les compétences de mener des activités de la vie qui peuvent servir à la société de sorte à permettre l’épanouissement des gens autour de lui, je n’y vois pas d’inconvénient qu’elle le fasse. Cependant, je suis mal placée pour juger de la capacité ou de l’incapacité du Président Wade à diriger le pays à son âge. Je ne l’aborde même pas parce que je
trouve que c’est une insulte de traiter ainsi des personnes de 80 ans, je ne sais pas son âge, donc je ne peux pas me prononcer sur ça. Je me souhaite, à 90 ans, continuer à chanter et faire les plus grandes scènes. En Afrique, et surtout chez nous, il faut avoir la pensée positive, il faut laisser les gens continuer à s’activer sur des choses dont ils sont capables.

Vous le dites parce que Wade a toujours était votre choix…
Non ! La question n’est pas qu’il a toujours était mon choix, vous n’allez me faire dire ce que vous voulez me faire dire. Je porte profondément le Président Wade dans mon coeur, je ne le renie pas. Chaque être humain a le droit d’avoir des amitiés, chaque être humain a le droit d’avoir des amitiés. Avoir une relation est différente d’avoir une amitié et le président Wade est comme un père pour moi et il me considère comme sa fille. Cela, je n’y peux rien et je reculerai devant rien. Parce que c’est mon père et c’est mon ami. Le reste, ce n’est pas important.

C’est comme votre père donc votre candidat aux élections…
(Rires…) Je ne vous le dirai pas. C’est mon ami, je le porte dans mon coeur et je suis prête à tout pour lui.

Le fait que Wade persiste à rester au pouvoir a donné naissance à des mouvements de contestations comme Y’en a marre, Yamale, Fekke maci bole, entre autres. Qu’est-ce que vous en pensez ?
Heureusement qu’il y a des contestations, c’est la preuve que nous sommes dans un pays démocratique. Et j’en suis profondément ravie. Si aujourd’hui, dans ce pays, il n’y avait pas de contestations, ni de protestations, je me poserai beaucoup de questions. C’est la preuve que le Sénégal a une bonne image aux yeux du monde entier. C’est un pays démocratique et nos dirigeants respectent la démocratie. Si celui
qui n’est pas content a le droit d’aller le monter sur la place public et dire son raz le bol, c’est très bien. C’est ce qui prouve que chacun est libre de dire ce qu’il veut et comme il le veut. Mais chacun doit accepter les choix des autres.

En cette veille d’élections beaucoup de candidats se lancent dans la course. Parmi eux, figure un artiste, Youssou Ndour. Comment voyez-vous sa candidature ?
Je ne suis pas contre la candidature d’un artiste. Les artistes ne sont pas des idiots. Il y a des artistes brillants ailleurs et j’en connais qui sont diplômés à l’extérieur, mais pas ici. En tant qu’artiste, je ne suis pas contre la candidature d’un artiste, si cet artiste a les compétences et les capacités requises pour diriger ce pays. Maintenant, quant à sa candidature à la Youssou Ndour, je pense qu’il ne faut pas non plus se
f… du monde. Parce que je pense qu’aujourd’hui, il ne faut pas se lever et dire je veux être président d’un pays quand on sait il n’y a pas le niveau intellectuel. Nous ne sommes pas des idiots non plus. Et les fans qui nous suivent aussi ne sont pas des idiots. Il ne faut pas penser que parce qu’on a des fans par-ci et par-là, qu’on va voter les yeux fermés. On n’est pas des idiots qui vont confier le pays à n’importe qui.
Bien au contraire, entre le fan qui t’admire qui t’aime pour tes chansons et celui qui t’admire parce qu’il y a le niveau intellectuel pour diriger ce pays requis, l’écart est grand. Je pense qu’il ne faut pas nous prendre pour des cons. Moi, j’ai envie de dire à la jeunesse de ne pas se laisser berner par des personnes qui ont d’autres intérêts. Parce que très honnêtement, on a vu le Président Wade, Diouf, combien d’artistes ont été là pour faire leurs éloges ? Si aujourd’hui ces mêmes artistes se mettent contre le pouvoir et poussent le peuple à la guerre pour des intérêts personnels, il faut qu’ils arrêtent.

Seriez-vous prête à soutenir un artiste pour les élections ?
Ca dépend de l’artiste. Je respecte ce métier. J’aime ce métier et j’y crois. Et je pense même que la culture est le meilleur vecteur de développement et de communication. Si un jour, dans notre pays, il y a un artiste qui a le niveau intellectuel requis, mais pourquoi pas. Mais pour l’instant, je ne vois pas cet artiste.

Propos recueillis par Awa DABO & Mously NDIAYE
popxibaar.com

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