Couverture Maladie Universelle : ça sent déjà la faillite !

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Le grand bateau de?nomme? Couverture Maladie Universelle (Cmu) est aujourd’hui en passe de sombrer et d’entrainer dans son naufrage les structures sanitaires nationales. Pour cause, elle doit des dettes colossales a? ces dernie?res dont elle compromet la viabilite? financie?re, si elle ne les a pas mises dans une situation de quasi-faillite. Bien que constituant un instrument-phare du dispositif social du gouvernement — qui place justement l’anne?e 2018 sous le signe du social ! —, l’Agence de la couverture maladie universelle (Acmu) tarde a? honorer ses engagements dans le remboursement des ce?sariennes, entre autres prestations effectue?es par les ho?pitaux.

Ainsi, depuis biento?t un an, le centre de sante? Philippe Senghor et l’ho?pital re?gional de Matam — pour ne prendre que ces exemples — n’ont rec?u aucun re?glement de l’ACMU. Bien que louant l’excellente initiative que constitue en soi cette CMU, des me?decins-chefs de district n’en de?noncent pas moins, et e?nergiquement, ses lenteurs dans le re?glement des factures. Conse?quence : des arrie?re?s s’accumulent qui risquent de plonger les ho?pitaux et centres de sante? dans l’abi?me des politiques de sante? mort-ne?es.

L’Agence de la couverture maladie universelle (CMU) serait-elle en e?tat de faillite ? En tous les cas, les prestataires de services, comme le gyne?cologue obste?tricien Mamadou Demba Ndour, sont convaincus de la mort clinique de cette structure. Ce praticien en service a? l’ho?pital re?gional de Matam estime en effet que « la CMU, au-dela? des effets d’annonce et de la politique politicienne, va tuer les structures de sante?. »

« Le KO est proche »

Son colle?gue Gabriel Masse?ne Senghor, me?decin chef de district, embouche la me?me trompette alarmiste. «C’est la me?me chose partout, on fait une gymnastique incommensurable pour le fonctionnement des services. A ce rythme, to?t ou tard, ce sera les banderoles rouges dans la rue pour de?noncer le non-paiement des salaires, l’absence de me?dicaments dans les structures…. Dans mon de?partement, on tient encore le coup du fait de l’appui des communes mais le KO est proche. »

Le centre de sante? Philippe Senghor de Yoff serait a? un an de ce?sariennes impaye?es, selon Diarra Gue?ye qui se demande comment, avec « cette farce » de couverture maladie universelle, les e?tablissements de sante? pourraient-ils tendre vers la qualite?… « C’est irritant », la?che-t-elle, e?coeure?e.

De l’ho?pital de Matam, en milieu rural, jusqu’au centre de sante? Philippe Maguile?ne Senghor de Yoff, l’Agence de la couverture maladie universelle (Acmu), pour ne pas dire l’Etat, tarde a? honorer ses engagements par rapport aux remboursements des ho?pitaux relatifs a? la gratuite? des ce?sariennes et des soins ainsi que concernant le plan Se?same. Le gyne?cologue de l’ho?pital de Matam n’y va pas par le dos de la cuille?re.

« Les e?tablissements ne sont pas rembourse?s. Au niveau de notre structure, on est sur 11 mois de ce?sariennes gratuites et 6 mois de dialyses gratuites non rembourse?es. Je ne parle pas du Plan se?same et de la gratuite? des soins chez les enfants de ze?ro a? 5 ans », a-t-il poste? sur sa page Facebook. Poursuivant, le gyne?co soutient que « l’Agence de la Couverture maladie universelle (Acmu) est plus pre?occupe?e a? louer des immeubles dans toutes les re?gions et a? ge?rer son lourd budget de fonctionnement » qu’a? rembourser les dettes hospitalie?res.

Tre?s irrite?, il estime que l’ « agencialisation » des services publics est l’une des plus grosses erreurs politiques des 30 dernie?res anne?es. La ve?rite?, dit-il, c’est que l’ACMU n’a pas les moyens de sa politique. « Pour rembourser les structures et promouvoir la mutualisation, on n’a pas besoin d’une nouvelle agence… Les re?gions me?dicales peuvent bien faire le job en relation avec le ministe?re de la Sante?. Pourquoi louer des immeubles pour de pre?tendus sie?ges ? Le personnel, je n’en parle pas… Tout cet argent aurait pu servir a? e?ponger une partie de la dette», soutient le gyne?cologue de l’ho?pital de Matam.

Lamine Tamba, ge?rant d’une mutuelle de sante?, soule?ve un autre aspect du proble?me. « Au-dela? de la composante prise en charge des “gratuite?s” de la CMU, la branche mutuelle de sante? au niveau du monde rural ne se porte pas mieux car l’indice des cotisants ne cesse de se de?grader passant de 57% a? 25% au niveau de notre mutuelle de sante?. L’Etat doit accepter de mettre en place une structure financie?re autonome ge?re?e avec rigueur et qui sera en relation avec toutes les structures sanitaires afin que les remboursements des actes soient automatiques pour permettre de renouveler les consommables. Sinon, nos ho?pitaux et postes de sante? continueront de rester des mouroirs pour la majorite? des Se?ne?galais ».

La CMU, aucun be?ne?fice pour les populations ?

Enfonc?ant le clou, Diarra Gue?ye du centre de sante? Philippe Senghor conside?re que « la CMU, c’est aucun be?ne?fice pour la population ! Faites une analyse de la situation, sans vous contenter du mot de gratuite?. Nous avons fait des structures a? l’e?tranger et au Se?ne?gal. La gratuite? n’existe nulle part. C’est une prise en charge par qui ? Par un Etat qui re?cupe?re les impo?ts correctement et les retourne a? la population. Les structures de sante? peinent a? acheter du mate?riel, a? renouveler leurs lits… j’en passe. Qui paye les pots : la population qui a droit a? des soins obsole?tes par manque de mate?riel ade?quat, qui a droit a? un inconfort total et un retard dans la prise en charge. Qui paye ? Tout retombe sur le personnel soignant. C’est terrible », se de?sole-t-elle.

Le de?pute? Toussaint Manga du Parti de?mocratique se?ne?galais (Pds) dit avoir interpele? le ministre de la Sante? sur la question des arrie?re?s de paiement de la CMU, en commission technique a? l’Assemble?e nationale. A l’en croire, le ministre aurait reconnu la re?alite? des dettes alle?gue?es par les structures sanitaires et promet une enveloppe de 6 milliards FCfa dans le prochain budget pour payer une partie de la dette.

C’est de?ja? un pas en avant, ont applaudi des deux mains ces spe?cialistes de la sante? qui ont pose? le de?bat sur leur page facebook. Mais, a? les en croire, ce budget de 6 milliards FCfa ne couvrirait que la gratuite? pour les re?gions de Dakar et Thie?s sur une anne?e. Et que ce montant devrait e?tre « grandement » revu a? la hausse.

La gratuite? des soins, selon le soignant Aliou Ndour, est une utopie. « Un Etat qui alloue moins de 10 % de son budget a? la sante? ne peut pas assurer un bon fonctionnement des structures primaires, a? plus forte raison payer pour une CMU. Qu’on arre?te de se leurrer, pour de?velopper le secteur et assurer une bonne couverture, il faut que l’e?tat augmente le budget alloue? a? la sante? et que les plus nantis payent pour les moins nantis par les taxes ! »

Et dire que, selon le Premier ministre, qui pre?sentait sa De?claration de politique ge?ne?rale mardi, tout est bien dans le meilleur des mondes pour notre politique de sante? !

Maimouna FAYE

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