Ces derniers jours beaucoup d’amis, d’universitaires, d’activistes de la sensibilisation anti-covid19, des proches, après m’avoir annoncé une grippe, un rhume ou un paludisme ont fini après un test PCR par se rendre à l’évidence : ils avaient contracté le covid19. D’autres amis m’ont exprimé la difficulté à se faire tester.
Les communiqués du ministère de la santé et de l’Action sociale (MSAS) de la dernière semaine, du mercredi 14 juillet à aujourd’hui mardi 20 juillet 2021, montrent un taux de positivité quotidien supérieur à 25%. Le taux de positivité atteint même des taux énormes de 35% avec un pic à 38.97%. Ces taux seraient plus importants si on défalquait des tests ceux provenant des voyageurs qui naturellement ont un taux de positivité beaucoup plus faible. Le nombre de tests reste bas, il tourne en général autour de deux mille avec un maximum à quatre mille cinq cent et un minimum en dessous de mille. Le Rwanda a onze millions d’habitants tandis que le Sénégal en a seize millions. Ce pays atteint régulière huit mille tests et ces derniers jours le Rwanda annonce plus de cinquante mille tests par jour, les tests peuvent y être achetés en pharmacie. La politique des tests du MSAS mérite d’être précisée car la faiblesse constante du nombre de tests, l’absence d’une politique systématique de dépistage même localisée ne semblent pas de nature à interrompre la contamination surtout avec ce variant Delta (le mutant Delta selon le Professeur Mame Thierno Dieng) beaucoup plus contagieux.
Le cumul du nombre de cas positifs au covid19 augmente chaque jour. Cette augmentation va entrainer une très forte pression sur le système de santé de notre pays : urgences, hôpitaux, cliniques privées, besoin en oxygène, etc. D’ailleurs cette pression est aujourd’hui déjà sensible. Et malheureusement le nombre de décès va aussi augmenter. Certains scientifiques affirment que le variant Delta est moins virulent cependant, même si cette affirmation était avérée, la multiplication des cas finira par avoir un impact catastrophique.
La région de Dakar est un cluster géant. Les déplacements de la Tabaski vont disperser le virus un peu partout sur le territoire national, et sans surprise, comme l’année dernière, il faudra s’attendre, après la Tabaski, à une augmentation du nombre de cas communautaire et au renforcement de la territorialisation de la maladie.
Les vaccins sont efficaces contre le variant Delta. Je connais des personnes vaccinées testées positives mais elles s’en sont sorties sans atteindre l’état de cas grave nécessitant une hospitalisation en réanimation. Il est donc important de se faire vacciner. Une tension sur les vaccins est perceptible, des personnes devant prendre la seconde dose attendent.
L’Union européenne, la Grande Bretagne, les USA et Israël ont vacciné un nombre très important de leurs populations. Ils ne pensent pas à l’Afrique et aux pays en développement. Cela nous rappelle, si nous sommes encore lucides, l’impérieuse nécessité de développer le capital humain de nos pays (éducation, formation, enseignement supérieur), de mettre la priorité sur la science, la technologie, la recherche et l’innovation et de lier fortement ces politiques avec l’émergences d’entreprises, de PME, de startups endogènes et innovants pour répondre aux besoins vitaux de nos pays notamment la maîtrise de la fabrication de produits pharmaceutiques et de vaccins. Car les pays développés ne pensent qu’à eux-mêmes et ne donneront jamais à nos pays les moyens scientifiques et techniques d’être autonomes.
Au niveau individuel, comme au niveau collectif, vacciné ou pas vacciné, nous devons renouer avec les gestes barrières :
- porter le masque en se couvrant le nez et la bouche,
- se laver régulièrement les mains avec le savon ordinaire ou le gel hydro-alcoolique,
- éviter les rassemblements,
- éviter les déplacements,
- etc.
Il faut ajouter à ces mesures barrières la nécessité de s’isoler et de se faire tester dès qu’on sent des symptômes ou lorsqu’on a des doutes.
Il revient, comme je l’ai souvent dit dans mes précédentes chroniques, aux autorités d’assumer des décisions qui peuvent être impopulaires, mais qui sont salutaires pour la population et dans la durée. L’exercice du pouvoir est un sacerdoce, il impose inclusion, participation et autorité. Le chef de famille, le chef de village, le chef de quartier, le maire, le préfet, le gouverneur,…., le ministre, le Président de la République sont tous logés à la même enseigne : prendre des décisions éclairées au bon moment ! Toute défaillance est coupable. Cependant toute décision doit tenir compte d’une forte paupérisation de la population la moins favorisée, d’un certain décrochage d’une partie des classes moyennes qui souffrent de l’impact économique du covid19 et de la baisse du soutien des sénégalais de la Diaspora. En définitive, éviter toutes décisions qui pourraient briser les liens de solidarité entre les sénégalais, aujourd’hui au bord de la rupture. C’est la stabilité sociale de notre pays qui est en jeu.
Je souhaite à chacune et à chacun une excellente fête de Tabaski. Je demande pardon à chacune et à chacun. Je donne mon pardon à tout le monde.
Dewenëti ! njuule mo wuuri !
Unis et engagés, nous vaincrons !
Dakar, le mardi 20 juillet 2021
Mary Teuw Niane