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Criminalité : comment les adolescents sont devenus des acteurs des scènes de crime

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Des enfants de plus en plus impliqués dans des crimes. Ce qui étaitjadis inimaginable est hélas devenu une réalité au Sénégal. Adolescents etjeunes ne tuent plus accidentellement, ils suppriment désormais des vies froidement. Pourquoi ontils basculé dans le crime ? L’Obs a mené l’enquête.

La scène se passe dans l’une des rues sablonneuses d’un des quartiers populeux de la banlieue. Trois enfants âgés d’à peine sept ans jouent à se faire peur. L’un d’eux brandit une brindille arrachée d’un balai et menace son camarade : Dama Lay Diam (je vais te piquer). L’image ne heurte personne, bien au contraire, elle fait sourire un groupe d’adultes rassemblés non loin autour d’un jeu de cartes.

«Déjà à leur âge», lance l’un des adultes, avant de détourner son regard plus préoccupé par la suite du jeu de cartes qu’autre chose. Juste un petit commentaire pour une image qui, pourtant, à elle seule, suffit pour montrer comment les jeunes ont banalisé l’usage d’une arme blanche pour solder le moindre différend.

Pourtant, dans une dizaine d’années, ces enfants seront certainement à la place des deux jeunes qui, le jour de la Korité, se sont affrontés à mort à Grand Thiaroye 7, un quartier de la commune de Guinawrails-Sud. Un quartier où soixante-douze heures après ce crime retentissant survenu lundi dernier, jour de la Korité, les populations s’interrogent encore.

Le crime d’un gamin de quinze ans suscite des interrogations

A Guinaw-rails, c’est l’âge de la victime et celui du mis en cause qui émeuvent plus que le crime. En effet, aussi bien la victime, âgée de 16 ans, que le mis en cause, son cadet d’un an, sont tous deux des élèves. Un crime commis par un jeune du nom de F. Ndiaye parce que juste son camarade presque du même âge a osé sur le ton d’une raillerie, mettre en doute la qualité de ses habits (Voir L’Observateur du mercredi 4 mai 2022).

«Le mobile est trop léger», souffle un habitant, l’air désespéré. Pourtant, dans les deux communes de Guinaw-rails, les choses ont vraiment changé.

«La drogue n’y est plus très présente comme avant. La plupart des dealers ont été neutralisés par la police. Les clichés classiques qui évoquent l’alcool et la drogue pour justifier cette criminalité juvénile ne sont plus valables», confie Ousmane Mbengue, délégué du quartier Issa Mbengue.

Pour lui, il faut changer de regard sur la jeunesse pour comprendre cette folie meurtrière impulsée par des jeunes. «C’est un phénomène nouveau qui doit être analysé autrement.»

Deux mineurs âgés respectivement de 17 et 12 ans surpris en pleins ébats sexuels par une gamine de huit ans, l’étranglent à mort

C’était à Bargny il y a juste quelques jours, le 25 avril dernier, en plein Ramadan, Anta Ndiaye, âgée juste de sept ans, a été retrouvée morte dans un bâtiment en construction. Une découverte qui a installé le choc dans cette commune adossée à la mer. L’autopsie a révélé que la petite Anta Ndiaye a été étranglée brutalement au point que du sang s’est échappé de ses narines et de sa bouche avant qu’elle ne succombe.

Dans le certificat de genre de mort délivré par le médecin-légiste de l’hôpital Aristide Le Dantec, il est fait état «d’une mort survenue à la suite «d’une asphyxie mécanique par étranglement, associé à des lésions de coups et blessures par objet contondant».

Cette mort violente de la petite Anta Ndiaye continue de susciter bien des interrogations sur le profil psychologique des mineurs qui n’ont accordé aucune chance à la petite fille.

Comment les deux jeunes mineurs en sont arrivés à tuer froidement Anta Ndiaye ? Comment ont-ils basculé dans une telle violence, le garçon en train d’étrangler pendant que l’autre (sa petite amie)l’aide en tenant solidement les pieds de la gamine pour l’empêcher de se débattre, de résister ?

Bargny et partout ailleurs au Sénégal, on cherche désespérément encore une réponse à cette interrogation. Tant ce crime odieux a secoué tout le monde. Les deux mineurs, en l’occurrence le garçon M. Ba, connu sous le sobriquet de Memeu, âgé de 17 ans et la fille Th. Mboup qui a soufflé ses douze bougies, ont été placés sous mandat de dépôt hier mercredi

Mortelle bagarre entre deux jeunes pour les beaux yeux d’une fille

A Nietty-Mbars dans la commune de Djeddah-Thiaroye-Kao, samedi 23 avril 2022. Quelques heures seulement après la rupture du jeûne, aux abords du bassin de rétention, populations et passants assistent à un duel.

D’un côté un jeune employé de l’Unité de Gestion et de Coordination des déchets solides (Ucg) qui a à ses côtés ses trois amis, prêts à intervenir et de l’autre, un jeune marchand ambulant réputé très agressif et joueur de Bongo pendant ses moments de loisirs.

Une trentaine de minutes avant ce face à face, l’employé de l’Ucg s’était copieusement défoulé sur une fille trouvée en compagnie du joueur de Bongo. Les deux jeunes après s’être défiés, se sont donné rendez-vous aux abords du bassin de rétention de Nietty-Mbars pour solder les comptes. Hélas, pendant la bagarre, les deux jeunes se blessent mutuellement.

Le marchand ambulant, Ismaël Ba, se retrouve avec une large entaille sur l’avant-bras, pendant que l’employé de l’Ucg a la cuisse déchirée par un coup de couteau. Moins chanceux, ce dernier va se vider de son sang avant de succomber pendant son évacuation parce qu’affaibli par une forte hémorragie.

Le bongoman, traqué par la police, a été retrouvé à l’hôpital A. Le Dantec où il s’était rendu dans la même nuit pour soigner sa blessure, une large entaille sur l’avant-bras droit

L’aveu poignant d’un jeune charretier

C’était au quartier Hamdallaye – Comico situé dans le département de Keur-Massar. Dans lanuitdumercredi8aujeudi 9décembre 2021. Deux jeunes charretiers en viennent aux mains. L’un d’eux utilise son sabre et tranche la carotide de son collègue.

Traqué par la gendarmerie, il sera arrêté à Malika où il s’était réfugié au domicile de son oncle. Face aux enquêteurs de la gendarmerie de Keur-Massar, FaCoumba Guéye alias Bathie avouera sans remords son crime, en expliquant par des mots crus comment il s’y est pris pour tuer son collègue charretier «Ouije lui ai tranché la carotide avec un sabre parce qu’il refusait de me remettre ma part de l’argent issu de la vente de drogue». Un aveu devant des gendarmes abasourdis par tant d’assurance pour un jeune d’un tel âge

Réalisé par L’Obs

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