Les États arabes du Golfe accentuent la pression sur le Qatar, quatre jours après la rupture des relations diplomatiques. Une liste de personnes et d’organisations soutenant le terrorisme et liées à Doha a notamment été publiée vendredi.
La crise diplomatique se poursuit entre le Qatar et les États arabes du Golfe. Ces derniers ont accentué la pression sur Doha vendredi 9 juin, quatre jours après la rupture des relations diplomatiques, tandis que les États-Unis adoptaient un ton plus modéré.
L’Arabie saoudite, les Émirats, le Bahreïn et l’Égypte ont ainsi diffusé une liste de 59 personnes et 12 organisations qui seraient liées à des activités « terroristes » soutenues, selon eux, par le Qatar. Cela démontre que Doha « affirme d’un côté lutter contre le terrorisme alors que d’un autre il soutient, finance et héberge des organisations terroristes », ont écrit les quatre pays dans un communiqué commun, affirmant qu’ils « ne seront pas cléments dans leurs efforts » pour les pourchasser.
Le ballet diplomatique se poursuit en parallèle. Le ministre qatari des Affaires étrangères est attendu à Moscou et à Bruxelles. Le roi de Bahreïn se rend chez son allié égyptien pour des discussions sur la crise.
Le Qatar appelle de son côté au dialogue et à la diplomatie, mais rejette toute intervention dans sa politique étrangère, a déclaré jeudi son ministre des Affaires étrangères en excluant cependant l’option militaire. « Personne n’a le droit d’intervenir dans notre politique étrangère », a déclaré à l’AFP cheikh Mohamed ben Abderrahmane Al-Thani. « Une solution militaire n’est pas une option », a-t-il poursuivi, affirmant qu’aucun mouvement de troupes n’avait été opéré vers la frontière avec l’Arabie saoudite.
Le Parlement turc avait approuvé la veille la mise en œuvre d’un accord permettant le déploiement de troupes sur une base turque au Qatar. Le vote du Parlement autorise Ankara à envoyer des troupes sur une base militaire installée à Doha dans le cadre d’un accord de défense signé fin 2014.
Dans sa seconde intervention sur le sujet, le président américain Donald Trump a appelé jeudi à lutter contre le terrorisme lors d’une conversation téléphonique avec l’émir du Qatar, le cheikh Tamim bin Hamad al-Thani, indique la Maison Blanche.
Donald Trump avait d’abord pris le parti du camp saoudien, à l’initiative de la rupture avec le Qatar, accusé de soutenir le terrorisme islamiste. Mais, des responsables américains de la Défense ont tenu des propos élogieux sur Doha, conscients que le Qatar abrite une importante base militaire américaine qui sert, entre autres, de point de départ pour les frappes contre les jihadistes de l’État islamique.
Puis, dans un autre appel avec le prince héritier d’Abou Dhabi, le cheikh Mohammed ben Zayed al Nahyane, Donald Trump a appelé à l’unité entre les États arabes du Golfe « mais jamais au détriment de l’éradication du financement de l’extrémisme radical ou de la défaite du terrorisme ».
Le président français Emmanuel Macron, lors d’entretiens séparés avec l’émir du Qatar, le président iranien Hassan Rohani et le roi Salmane d’Arabie Saoudite, a « invité toutes les parties » à poursuivre « le dialogue ».
« Nous n’avons pas demandé de médiation »
Le ministre saoudien des Affaires étrangères Adel al Djoubeïr a de son côté déclaré que les États du Golfe étaient à même de résoudre le différend entre eux, sans aide extérieure. « Nous n’avons pas demandé de médiation ; nous estimons que cette question peut être traitée entre les États du Conseil de coopération du Golfe (CCG) », a-t-il déclaré. Le CCG comprend six États : l’Arabie saoudite, Oman, le Koweït, Bahreïn, les Émirats arabes unis et le Qatar.
Le Qatar soutient des mouvements islamistes, mais dément soutenir le terrorisme. Il accueille notamment des membres des taliban afghans, du Hamas palestinien et du Front islamique du salut (FIS) algérien.
Vers de nouvelles restrictions économiques
Le ministre d’État émirati aux Affaires étrangères, Anwar Gargash, a posé une série de conditions pour une sortie de crise, notamment l’arrêt de ce qu’il qualifie de propagande « extrémiste » de la chaîne de télévision qatarie Al-Jazeera et des mesures contre des représentants des Frères musulmans et d’autres islamistes ayant trouvé refuge à Doha.
L’Arabie saoudite a fermé les bureaux d’Al-Jazeera lundi. La chaîne qatarie a dit jeudi être victime d’une vaste cyberattaque sans préciser l’origine de cette agression informatique.
L’Autorité de l’aviation civile des Émirats arabes unis a déclaré avoir fermé l’espace aérien à tout trafic vers Doha et en provenance de la capitale qatarie jusqu’à nouvel avis.
Les Émirats arabes unis ont également suspendu tous les services de courrier vers le Qatar et réinstauré une interdiction des pétroliers liés au Qatar.
Avec AFP et Reuters