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Crise ivoirienne: A quel Président se fier? (Entre légitimité et légalité) Par Mouhamadou Bamba NDIAYE

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Le président du parti socialiste vient de défrayer la chronique en soutenant sans réserve et sans états d’âme, au nom d’une certaine solidarité doctrinale, le Président Gbagbo qui a manifestement usurpé son pouvoir par un ignoble putsch institutionnel ; c’est désolant, quoiqu’il ne s’agisse pas de la position officielle du parti socialiste. Ainsi, on est entrain d’épiloguer sur les véritables raisons de cette bourde et sur ses conséquences politiques. Selon certains observateurs, cette alliance de type ‘’franc-maçonnique’’ qui rappelle aussi les douloureuses périodes de la guerre froide (engagement constructif), ne peut être motivée que par des motivations économiques ; en effet, nos partis politiques ne peuvent pas se libérer de leurs alliés étrangers qui constituent leurs principaux bailleurs de fonds ; et c’est dire donc toute la nécessité de moraliser leur financement ; oui, tant que ce ne sera pas fait, ils ne seront pas indépendants et il ne faudra pas s’attendre à autre chose que ce qu’on a vu avec ce soutien au Président Gbagbo – Et au passage, très vraisemblablement, la visite du candidat Ouatara à son frère libéral, le Président Wade, procèderait de cette démarche (recherche de financement). Oui, il ne faut pas se voiler la face, les militants ne peuvent pas financer un parti ; et le recours aux mécènes nationaux a les mêmes inconvénients et ne fait que favoriser la corruption. C’est triste, mais c’est la réalité, on ne peut pas être chef de parti dans nos pays pauvres, si on n’a pas de bailleurs de fonds étrangers ou si on n’a pas détourné l’argent du contribuable, d’une manière ou d’une autre. Et on ne peut même pas exclure le blanchissement d’argent sale comme un mode de financement occulte des partis politiques.

Au-delà de ces considérations, et sans l’intention de vouloir dédouaner qui que ce soit, il faut accepter que le problème ivoirien à été très mal engagé dès le départ ; en son temps, aucun pays, ni institution ne devait recevoir ou soutenir, d’une manière ou d’une autre, les ‘’forces nouvelles’’ ; ces dernières devaient être condamnées avec vigueur par tout le monde ; en ce moment, tout le monde devait soutenir Gbagbo qui avait la légitimité et l’aider à combattre la rébellion par tous les moyens nécessaires et suffisants, jusqu’à ce qu’elle soit anéantie ou qu’elle s’amende – Il ne devrait pas y avoir d’autres alternatives. Ainsi, à notre avis, c’est le non respect de ce principe de résolution des conflits qui a conduit à des protocoles de paix aussi iniques les uns que les autres et qui sont responsables de la situation chaotique présente ; à l’évidence, la communauté internationale avait réellement manqué de lucidité et de fermeté ; la nomination d’un chef rebelle comme premier ministre en était une illustration explicite ; et sa reconduction inattendue lors de cette nouvelle crise démontre malheureusement que la rébellion a encore de beaux jours devant elle. En vérité, tant qu’on continuera à négocier avec les rebelles et les putschistes, il en sera toujours ainsi ; aucun conflit ne sera réglé de façon satisfaisante.

Rappelons que les socialistes n’auraient jamais dû féliciter le Président sortant qui a manifestement perdu les élections et s’est mis à dos toute la communauté internationale ; ce d’autant que l’idéal socialiste, c’est surtout et avant tout un idéal de paix, de justice, de démocratie, bref d’humanisme. En outre, dans pareilles situations, tous les partis, toutes obédiences confondues, devraient s’aligner sur la position officielle de l’Etat ; mais encore, faudrait-il que le Chef de l’Etat fasse preuve de neutralité et que sa position ne soit motivée que par les principes conformes aux idéaux de la nation et de la communauté internationale. Ainsi la position du Sénégal ne doit pas en principe différer de celle de la CDEAO, de l’Union Africaine (UA) et des Nations-Unis.

Certes l’ONU pouvait dénoncer, condamner, soutenir le candidat Ouatara, mais, en le proclamant Président, elle a outrepassé ses prérogatives. En vérité, il n’y a de président légal que celui que la Cours Constitutionnelle reconnaît. Oui, on ne pas avoir la légalité en dehors du Conseil Constitutionnel ; c’est dire la nécessité d’une réflexion approfondie sur sa composition et ses prérogatives ; il faut absolument trouver une sorte de contre-pouvoir à son pouvoir absolu en matière d’élection. Actuellement, la situation en Côte d’Ivoire est très complexe ; il faut savoir raison garder et faire preuve d’humilité dans ses analyses et ses déclarations. En vérité, quoique légitimement vainqueur des élections, en se proclamant Président et en installant son gouvernement, Ouatara est entrain de verser dans l’illégalité – Certes, je suis quelque peu gêné de cette conclusion, du fait de l’énorme capital de sympathie qu’il a engrangé, mais c’est là la réalité, c’est là le droit. Que l’on nous démontre le contraire ! Comment peut-on récuser un Conseil Constitutionnel après la proclamation des résultats et le solliciter ensuite pour sa prestation de serment. C’est incohérent et incompréhensible !

Certes, on reste dans la légalité, en félicitant Gbagbo, mais on se discrédite forcément, car on porte atteinte à l’éthique – et c’est inacceptable ! A l’évidence, Tanor a manqué de clairvoyance et d’élégance ; certes, il a commis une erreur monstrueuse, mais de loin moins grave que l’Affaire Ségura et autres fautes lourdes de nos hommes politiques toutes obédiences confondues ; il doit donc être réhabilité, ce d’autant qu’il constitue l’une des alternatives les plus réalistes pour bouter un pouvoir libéral à bout de souffle et qui, à moins de deux ans de la Présidentielle de 2012, faute d’un candidat qui fait l’unanimité s’accroche désespérément à un chef manifestement handicapé par son âge et dont la recevabilité de la candidature à été sérieusement mise en doute par d’éminents constitutionnalistes et réprouvée par l’éthique (car non conforme après l’esprit de la loi).

Et pour conclure de rappeler à tous les protagonistes de cette crise que la paix n’a pas de prix. Prions donc pour qu’une solution politique satisfaisante puisse être trouvée le plus rapidement possible pour épargner la Côte d’Ivoire et la sous-région du chaos.

Docteur Mouhamadou Bamba NDIAYE

Ancien Interne des Hôpitaux de Dakar

Pédiatre à Thiès

Recteur de l’Université Virtuelle ‘’La Sagesse’’ de la Fondation Serigne Babacar SY Ihsaan – Bienfaisance (Thiès).

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