Crise post-électorale en Guinée ; les institutions Africaines seraient-elles aphones ? (Par Moussa Seydou Diallo)

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« Ne doutez jamais qu’un petit groupe  de citoyens  réfléchis et engagés puisse changer le monde. C’est d’ailleurs toujours ainsi que cela s’est produit ». Margaret Mead

C’est dommage. C’est très dommage même pour l’Afrique et les Africains.  Alors qu’on n’a pas encore fini de régler la question du Mali voisin, voici que la république de Guinée s’achemine inéluctable vers le chaos, devant le mutisme curieux, « suspect » et « complice » d’institution régionale comme la CEDEAO et continentale comme l’UA. La crise post-électorale que vit cet Etat frontalier était prévisible et les germes qui ont conduit à cela ont été connu depuis la candidature « forcée » d’Alpha Condé à briguer un troisième mandat. Hélas ! Quoique ce forcing soit perçu comme une violation de la constitution qui a été revue pour le permettre de « s’éterniser » au perchoir, personne n’a pipé mot pour alerter mais aussi appeler à la raison ce président que Tiken Jah Facoly a qualifié de « fou ».

Au regard de la situation qui prévaut présentement en Guinée, le chanteur ivoirien n’aurait peut-être pas tort. Sinon, comment pour assouvir un goût démesuré de pouvoir, on peut se permettre d’y accéder en marchant sur les cadavres de ses propres citoyens ? C’est à la fois immoral et abominable. A 82 ans, physiquement et visiblement, Alpha Condé ne tient plus. Pourquoi, il continue à s’accrocher au prix du sang avec des forces de l’ordre « inconscients » et « antirépublicains » qui tirent à sang froid sur les foules ? Plusieurs cas de décès ont été annoncés et de blessés graves, pourtant jusqu’à présent personne ne bronche. C’est à se demander si ces organismes existent réellement où elles existent uniquement pour des pays comme la Gambie ? La posture responsable des Etats-Unis est quand même salutaire pour demander à l’Etat de veiller au grain et à respecter les droits des populations.

Mais, le courage du député français et leader politique Jean-Luc Mélenchon n’est pas à passer sous silence car, à la place d’un silence coupable, il a choisi le plus difficile ; la vérité. Et cette vérité comme il l’a si bien dit est que : « la Guinée n’intéresse que lorsqu’il s’agit de piller ses mines ». Au-delà, il eut le courage et l’intelligence d’interpeller la France et les Etats-Unis, face à la tuerie des populations en Guinée par un pouvoir déchu qui veut se maintenir vaille que vaille au pouvoir. On peut même aller plus loin dans sa réflexion pour dire de manière générale « l’Afrique n’intéresse que lorsqu’il s’agit de piller ses ressources pour enrichir une Europe en pleine crise». C’est une vérité qui n’est pas facile à dire ni attendre pour quelqu’un qui est de l’autre côté.

Hélas ! C’est ça la réalité des choses et les rapports entre l’Afrique et le reste du monde, notamment l’Europe. C’est pourquoi, comme cette citation de Margaret Mead, les jeunes Africains doivent se mobiliser pour prendre le destin de l’Afrique en main et mettre hors d’état de nuire tous ces « vieux » présidents qui veulent prendre le pouvoir en otage. Le pouvoir ne les appartient pas et n’est la propriété de personne. C’est aussi ce combat qui doit être mené en Guinée par les jeunes mais, aussi les populations pour refuser qu’on confisque leur voix par un gouvernement en perte de vitesse et une commission électorale nationale(CENI) qui a fini de montrer ses limites, son incompétence et sa partialité.

Comment peut-on proclamer les résultats d’une élection présidentielle dans 20 bureaux de vote sur un total de 38 ? Qu’est-ce qui se passe dans les 18 autres bureaux ? Où sont passés les nombreux observateurs qui ont été déployés en Guinée pour suivre les élections ? Sont-ils devenus aphones tout d’un coup ?     En plus d’avoir refusé à certains citoyens guinéens : le droit de vote que leur confère la constitution de leur pays. Ce qui est une violation flagrante de ce droit, le président Condé est assis confortable sur son fauteuil observant les populations se faire massacrer par des forces de l’ordre surexcités.

En Afrique les choses doivent changer et le Sénégal l’a bien démontré en 2012 avec maturité et engagement. D’autant qu’on s’achemine vers une autre élection en Côte d’Ivoire, les prochains jours. Des foyers de tension sont déjà enregistrés dans le pays pour contester la candidature du président sortant. Chers présidents, pensez à votre prochain en laissant le pouvoir à temps pour la stabilité, la paix et la cohésion nationale gage d’un développement intégré et harmonieux.

Par Moussa Seydou DIALLO

Journaliste/Ecrivain

ms_diallooutlook.com

1 COMMENTAIRE

  1. J’ai lu religieusement l’article de mon frère Papis S Diallo et je le félicite pour la pertinence de son analyse sur la question des élections de manière générale en Afrique de l’Ouest et en particulier pour le cas de la Guinée et de la Côte d’Ivoire. Quelque chose est elle cachée derrière le déploiement de n observateurs nationaux, sous régionaux et internationaux. Les institutions africaines (UA, CEDAO etc.), ont il leurs raison d’être s’il sont incapables d’assumer leurs responsabilités ?

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