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Dans les territoires conquis du sud de l’Ukraine, la russification à pas rapides

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Marioupol, Berdiansk, Melitopol, Kherson…  Dans ces villes et ces régions conquises depuis « l’opération spéciale » en Ukraine, comme dit le Kremlin, la Russie met en place très rapidement ses responsables et ses institutions. De nouveaux maires sont en poste, la monnaie commence à être changée et depuis quelques jours, des passeports russes sont distribués.

Le premier symbole date de plusieurs semaines. À Melitopol comme à Berdiansk, il y a une double circulation de monnaie ukrainienne comme russe. L’installation des banques et surtout des distributeurs automatiques est plus lente mais partout on a commencé le paiement des retraites et parfois des salaires en roubles. Dans d’autres aspects de la vie courante aussi la Russie avance, comme dans les médias. À Marioupol, les habitants font toujours la queue aux citernes pour l’eau mais des camions diffusent dans les rues la première chaîne d’État russe. La radio était déjà sur les ondes avant la fin du siège. Le réseau téléphonique n’est plus ukrainien mais russe, y compris dans l’oblast le plus à l’ouest, celui de Kherson, presque entièrement conquis.

Autre symbole important, les fêtes nationales: le 9 Mai, fin de la seconde guerre mondiale, « la grande guerre patriotique » en Russie a également été commémorée dans ces territoires. Même chose le 12 juin dernier, jour de la commémoration de la fête de l’indépendance de la Russie.
À part les immenses grues du port de Marioupol encore peintes au jaune et bleu de l’Ukraine, partout dans ces territoires conquis flotte le drapeau blanc bleu rouge de la Russie. Il est sur les bâtiments officiels, les monuments, les lampadaires… Et à Berdiansk par exemple, les autorités ont annoncé d’ici un an au plus tard un monument aux soldats venus « libérer les habitants du nazisme et du fascisme ». Alexander Fedorovich Saoulenko, le nouveau responsable de la région rencontré lors d’un voyage de presse organisé par l’armée russe précise : « Les habitants comprennent très bien que les soldats russes sont venus nous libérer du nazisme et du fascisme, et en remerciement, ils veulent ériger un monument. Nous choisirons le projet et le monument sera érigé d’ici un an ».

À écouter les dirigeants de ces villes et de ces régions, les habitants restés sur place sont tous en accord avec la réalité militaire du terrain. 23 citoyens de Kherson, selon l’agence officielle TASS, ont déjà reçu un passeport russe. 55 à Melitopol mais, selon la maire, ils seraient plusieurs centaines dans la file d’attente de sa ville. Et la distribution devrait s’accélérer grâce à une « procédure simplifiée » permise par un décret signé fin mai par Vladimir Poutine.

Rapprochement rapide avec Moscou

Ces changements s’installent-ils tous sans heurts ? Il est difficile de savoir de manière concrète et précise. En tout cas, des incidents ont été signalés et reconnus par les nouvelles autorités. À Berdiansk, Alexander Fedorovich Saoulenko, évoque « un incident, des conduites endommagées au point de distribution d’électricité. Nous l’avons déjà réparé et il y a de la lumière dans presque tous les quartiers de la ville. Je ne peux pas appeler cela une attaque terroriste. C’est un sabotage ». 
À Melitopol en revanche, la nouvelle maire, en accord avec la nouvelle donne, rencontrée elle aussi lors d’un voyage de presse organisé par l’armée russe, juge : « Oui, malheureusement, il y a eu un acte terroriste lorsque nous commémorions la fête de la Russie. Les jeunes blessés n’étaient que des piétons, des gens qui se promenaient près du parc du centre de la ville. C’est un exemple de plus de l’attitude ukrainienne envers nous. Ils savent parfaitement que ce sont les gens pacifiques qui paient le prix de leurs actes », explique Galina Danilchenko.

Quel avenir pour ces régions ? L’intégration au territoire russe ou bien la naissance de Républiques consacrées par des consultations locales ? En tout cas, la direction est claire : le rapprochement avec Moscou. Jeudi dernier, Vladimir Poutine évoquait les conquêtes territoriales de Pierre le Grand : « On a l’impression qu’en combattant la Suède, il s’emparait de quelque chose. Il ne s’emparait de rien, il reprenait. Apparemment, il nous incombe aussi de reprendre et de renforcer ». Des propos qui ont été largement perçus comme une allusion à la mise en place de ces administrations pro-russes dans le sud de l’Ukraine.

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