Après avoir quitté le Palais de la République, Me Abdoulaye Wade s’est retranché avec sa famille à Fann Résidence. Où le Pape du Sopi mène un train de vie de Président. Ou presque.
Me Wade a toujours l’agenda d’un Président. Un chef de…parti couru dont la feuille d’audience est toujours remplie. Malgré sa perte du pouvoir et de ses attributs présidentiels, le Pape du Sopi reste toujours un homme couru. Reclus dans cette villa que lui a prêtée son ancien ministre des Affaires Etrangères, Me Madické Niang, Me Wade vit presque au rythme d’un chef de clan adulé par ses fidèles. Il reçoit chaque jour une centaine de personnes, planifie tout, rigole et mange avec ses militants. Il mène les séances de prières et anime les débats. On dirait même que l’ancien pensionnaire du Palais de la République n’est pas affecté par cette défaite cinglante au soir du 25 mars 2012 qui l’a éloigné définitivement des affaires de l’Etat. «Seule la trahison de ses anciens collaborateurs lui fait mal, explique un de ses fidèles. Mais, en bon démocrate, il (Me Wade) ne leur en veut pas car, il est persuadé que ses fils qu’il a façonnés en politique, enrichis et sortis de l’ombre, alors qu’ils étaient d’illustres inconnus, ne tarderont pas à regretter le fait de lui avoir tourné le dos.» Chaque fois qu’il est interpellé par ses militants sur les départs du Pds de bon nombre de ses cadres politiques, Me Wade en parle avec beaucoup de philosophie : «Vous voyez ma main, tout le monde s’y retrouvait, mais certains vont la quitter et il ne restera que les plus fidèles», rapporte le proche du Président.
Wade ne dégaine plus
Fréquenté, à majorité, par ses militants de la première heure qui avaient du mal à décrocher une audience avec lui durant ses 12 années de règne sur le Sénégal, Me Wade vit, aujourd’hui, comme aux premières heures de la création du Pds. Selon ses fidèles compagnons qui ont toujours accompagné la marche du Pds et de son patron, ce sont les ex-collaborateurs de Me Wade, qui ont quitté aujourd’hui le navire Pds après qu’il a échoué sur les rives de l’opposition. «Aly Ngouye Ndiaye (actuel ministre de l’Energie, Ndlr) a été une fois retenu au Palais alors qu’il avait une audience avec Wade. C’est un collaborateur du Président avec qui il partage la même zone politique (Linguère) qui avait ordonné aux gendarmes de ne pas le laisser entrer au Palais. Très remonté contre ce proche de Wade, Aly Ngouye Ndiaye a juré de faire perdre le Pds à Linguère et lors de la Présidentielle, il a, à lui seul, battu le Pds et ses alliés», a dit un militant du Pds à Linguère, lors d’une séance de discussion entre Wade et ses militants venus lui expliquer les raisons de sa défaite dans le Djolof. Séance tenante, Me Wade a demandé à son collaborateur de répondre aux affirmations du militant. «Il n’a pas pipé mot et lorsqu’il est sorti hors de la résidence, les militants l’ont conspué. Histoire de prendre leur revanche sur celui qui leur interdisait l’accès au Palais», ajoute un témoin de la scène.
Mais si Me Wade a retrouvé la chaleur de ses militants de la première heure, le Secrétaire général national du Pds s’est départi de quelques-unes de ses habitudes présidentielles : le Pape du Sopi ne dégaine plus. «Ce n’est pas parce qu’il est fauché, mais seulement, expliquent ses proches, c’est une stratégie.» Une autre source, plus avisée, explique : «Le Président (Abdoulaye Wade) a confié tout son argent liquide à Samuel Sarr. Il ne garde aucun rond à Fann Résidence. Aux militants qui sollicitent un appui, il demande de revenir dès son retour de l’Arabie Saoudite où il se rend aujourd’hui.»
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