Pour une Assemblée nationale citoyenne si on pouvait oser la lotocratie citoyenne ……pour en finir avec le parlement de politiciens
La lotocratie permet de concevoir une Assemblée nationale citoyenne et non politicienne comme c’est le cas depuis 1960.
Ce modèle est centré autour du tirage au sort des parlementaires, à la manière d’un loto, dans un système démocratique innovant.
La lotocratie, dit Guerrero, se débarrasse des campagnes électorales aux financements douteux, assure le renouvellement du pouvoir législatif, et respecte mieux les principes d’égalité politique. Elle remplacerait la lutte des intérêts privés et claniques par un dialogue réfléchi venant d’une assemblée inévitablement hétérogène et désintéressée.
A vrai dire, la pratique n’est pas nouvelle. Elle a d’abord été utilisée en Grèce antique pour constituer la Boulé, assemblée développant les lois soumises au vote de l’Ecclesia. On l’instaura à la Renaissance pour choisir les Doges des Républiques italiennes. Au Sénégal, on compose par tirage au sort le jury les cours d’assises.
La lotocratie est une réelle solution aux maux de la démocratie sénégalaise. Pour qualité intrinsèque des députés tirés au sort, il faut exiger le baccalauréat pour s’assurer qu’ils soient suffisamment compétents pour participer à l’élaboration de nouvelles lois.
Pour permettre à cette Assemblée de type nouveau, la Cour des Compte doit être déjudiciarisée et mise à la disposition du parlement pour accompagner les commissions dans leurs missions de contrôle de l’action du gouvernement et d’évaluations des politiques publiques.
En tout état de cause, l’élimination du système électoral conduit à la dépolitisation de représentation nationale.
Avec ces vertus citozenne, la lotocratie réduit l’envergure des faiblesses politiques de l’Assemblée nationale:
1- Les fréquentes passations de pouvoir diminuent l’intérêt de corrompre les membres des commissions. Le départ automatique des membres après 3 ans de service leur fait perdre en intérêt aux yeux des lobbys cherchant un soutien à long terme.
2- La lotocratie réduit la force des réseaux permettant l’accès aux pouvoirs. L’entraide ethnique est minimisée, et la redevabilité des représentants envers leurs congénères est inexistante. Nul ne doit rien à personne lorsque le hasard choisit les nouveaux dirigeants.
3- La démocratie aurait tendance, par processus d’auto-sélection, à favoriser les individus avides de pouvoir. La lotocratie assurerait le désintéressement des représentants. Savoir que l’on doit sa position à la chance, conduirait à une plus grande humilité vis à vis des connaissances de chacun, ce qui renforcerait la consistance des débats.
4- La diversité des expériences des membres offrirait une meilleure représentation des problèmes réels de la société. Guerrero se réfère au livre « La Différence » du sociologue américain E. Scott Page, qui postule l’avantage concret des groupes aux styles cognitifs variés. Ceux-ci éviteraient l’auto-validation aveugle des groupes aux idées semblables.
5- Par nature, les élections poussent les politiciens à se focaliser sur des problèmes à court-terme, afin de conserver leur popularité jusqu’aux prochaines élections. Le désintéressement de la lotocratie permet aux députés de s’engager dans des projets difficiles qui porteront leurs fruits sur plusieurs décennies.
Le but final n’est pas d’imaginer la structure politique idéale, mais de chercher des améliorations au système actuel. Les luttes d’intérêts personnels et claniques étouffent le débat politique; elles sont incompatibles avec une véritable réflexion sur les besoins des populations sur le long terme.
Quand les politiciens ne cachent pas leur désintérêt pour le bien commun, choisir des représentants par le biais du hasard ne peut constituer qu’une amélioration de la représentation.
Avec la lotocratie, il ne s’agit pas de créer un système parfait, mais d’envisager un modèle qui soit comparativement meilleur que la démocratie élective classique.
Vive la Republique
Vive Sénégal