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De la violence aveugle et barbare au pays de la Teranga.

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« La violence, sous quelle forme qu’elle se manifeste, est un échec ». Jean Paul Sartre/ Situation 2.

La société sénégalaise traverse une grave crise des valeurs. Les actes criminels se multiplient et gagnent pratiquement toutes les régions du pays. La paix sociale tant revendiquée, chantée sur tous les toits du monde et obtenue grâce au legs de nos illustres prédécesseurs s’effiloche de jour en jour. Les meurtres et les crimes sexuels sont devenus récurrents  et banals au pays de la Teranga. Pourquoi ce regain subit de violence inouïe et folle qui menace sérieusement l’équilibre de la société sénégalaise ? Nous tenterons d’apporter un éclairage objectif à cette question qui taraude l’esprit de toute une communauté. Beaucoup de citoyens sénégalais se demandent pourquoi ce phénomène de violence prend de l’ampleur au pays de l’islam confrérique de Cheikhoul Khadim , de El hadji Malick Sy , de Baye Niass ect… ? Et pourquoi à nous sénégalais qui chérissons tant la fraternité , qui est au cœur de nos valeurs culturelles et religieuses ? Les sénégalais estiment que ce pays est béni de Dieu et qu’aucun malheur ne s’abattra sur la terre de nos  guides religieux. Nous feignons d’ignorer que le Sénégal est comme les autres pays du monde, composé  d’hommes et de femmes avec des trajectoires de vie différentes. Nous ne sommes pas un peuple angélique. Nous existons avec nos travers et nos vices. Nous n’avons pas le droit de nous leurrer sur notre condition humaine. Nous ne sommes pas un peuple de saints. Depuis belle lurette, le Sénégal a connu des actes criminels qui ont créé l’émoi au sein de la société. Toutefois , la recrudescence des meurtres à laquelle nous assistons impuissants aujourd’hui est récente. Elle est la résultante de plusieurs facteurs socio- culturels. L’ouverture des frontières grâce aux accords de libre échange au sein de l’UMOEA a eu un effet pervers avec l’arrivée massive de ressortissants africains n’ayant pas la même culture ni le même mode de vie que les sénégalais. La société sénégalaise dans son ensemble n’a pas su créer une parfaite et équilibre symbiose avec les autres  communautés africaines présentes sur son sol. Toutefois , la présence de plusieurs nationalités ouest africaines sur le sol sénégalais n’explique pas tout. Depuis l’avènement de la première alternance démocratique en 2000, l’opulence subite et arrogante d’une certaine catégorie de politiciens sénégalais a suscité voire favorisé l’envie chez certains d’entre nous en dépit de toutes considérations morales et religieuses. Beaucoup de sénégalais se sentant exclus du système de partage ou de distribution des ressources publiques tentent par tous les moyens de se faire une place au soleil. Ils n’ont pas eu pour l’essentiel l’opportunité d’avoir une formation qualifiante leur permettant de trouver un travail digne et  rémunéré. La cupidité peut pousser certains à commettre des délits et crimes pour faire face aux difficultés et aléas de l’existence. Il s’y ajoute le fait que la société sénégalaise vit sur le mode de l’apparence. Nous souhaitons et voulons que notre entourage immédiat nous regarde avec fierté d’avoir réussi, d’avoir des connaissances dans certains milieux maraboutiques et politico-affairistes. Nous étalons à longueur de journée une certaine aisance démesurée afin de montrer notre rang au sein de la société au moment même où des sénégalais vivant à proximité de nos villas flamboyantes manquent de tout  et pis la misère de leurs enfants se manifeste dans sa splendeur devant nos yeux insensibles. Il ne s’agit nullement dans mes intentions de minimiser la responsabilité des auteurs d’actes délictueux et criminels, mais de comprendre les motivations réelles de tels agissements. En effet, certains actes délictuels ou criminels sont souvent commis en raison de difficultés passagères rencontrées et subies par le malfrat ou de situations inextricables. Il peut s’agir en l’occurrence de l’impossibilité pour l’auteur des faits réprimés par la loi de faire preuve de détermination, de courage, du sens élevé de l’honneur afin de ne pas commettre l’irréparable. Cette catégorie de délinquants peut être récupérée par la société grâce à une politique viable de réinsertion sociale. Par contre, il existe une autre catégorie de détenus  qui sont en rupture définitive avec les normes sociales du pays. Ils sont un danger réel et éminent pour la vie en communauté. Ils ne privilégient que leurs intérêts désinvoltes au détriment du peuple. Pour arriver à leurs fins, ils sont capables des plus pires atrocités ou barbaries. La République doit être en mesure de mettre hors d’état de nuire de tels individus, si toutefois elle tient encore à la préservation de nos valeurs ou croyances, à la sécurité, à la protection des personnes et des biens de la communauté. Dire comme le bouffon de la République Moustapha Cissé Lo que l’insécurité généralisée qui sévit au Sénégal est le résultat d’une très mauvaise éducation de la population, est une idée saugrenue et en porte à faux avec les prérogatives de la puissance publique. Indépendamment de l’éducation à transmettre et à inculquer à la population sénégalaise, l’État est le premier responsable en matière de sécurité et de sauvegarde des citoyens. Moustapha Cissé Lo doit comprendre que la bonne éducation commence par un usage juste, courtois et véridique de l’usage de la parole en public et non à déverser des injures ou insanités en toute impunité sur des citoyens sénégalais. Une éducation réussie permet d’éviter que certaines personnes ne brandissent pas  pour un oui ou un non des armes à feu pour menacer voire faire peur aux gens. Moustapha Cissé Lo n’est guère un modèle de politesse ou de sagesse pour donner au peuple des leçons de vertu mal à propos et de discourir  sur le  manque d’éducation des sénégalais. Il est regrettable que de tels propos puissent sortir de la bouche d’un responsable politique, député et président du parlement de la CDEAO, un habitué de saillies incendiaires et ignobles et au demeurant ignore magistralement les compétences et les prérogatives de l’Etat républicain. Par conséquent, il n’est pas étonnant que le Sénégal se trouve à mille lieues d’un véritable État de droit.

Par ailleurs, la société sénégalaise est monstrueuse dans son fonctionnement. Il n’y a pas de solidarité réelle entre ses différentes composantes. Il s’agit plutôt d’une solidarité de circonstances qui ne permet aucunement aux personnes en situation de précarité de s’en sortir dignement. Nous pensons aider nos proches, mais dans le seul dessein qu’ils nous soient redevables ad vitam aeternam . La société exige beaucoup de ses membres et elle ne permet point à ces derniers de mener une vie digne ancrée sur des vraies valeurs. Nous privilégions la réussite sous toutes ses formes, indépendamment de savoir si notre réussite est basée sur le travail, l’altruisme , le partage et le respect des valeurs morales,  des principes de la foi en Dieu. Nous avons abandonné voire négligé plusieurs des vertus qui jadis cimentaient l’union sacrée de la nation. Ces valeurs sont en passe de devenir rétrogrades aux yeux d’une bonne partie de la société sénégalaise. Le mode de vie familiale élargie  à l’ensemble de la fratrie du père semble céder le pas au seul couple du ménage et de sa progéniture dans les milieux urbains du pays. Depuis que dans nos villes, les gens faute de moyens suffisants pour acquérir une maison se ruent sur les appartements privés avec son cortège  d’isolement , de manque de convivialité, l’individualisme gagne du terrain au détriment du communautarisme. La famille de type élargi permettait de juguler beaucoup de problèmes et jouait un rôle prépondérant de régulation sociale. Toute la famille était unie par des liens indéfectibles. La pudeur enseignée et valorisée au sein de la cellule familiale permettait à ses membres d’éviter de commettre des forfaits voire des ignominies afin de ne pas jeter l’opprobre sur l’ensemble de la fratrie. La montée soudaine des crimes de toutes natures au Sénégal est aussi le résultat d’un manque d’autorité dans les familles. Lorsque le responsable familial n’arrive plus à subvenir dignement aux besoins de sa progéniture, on assiste au délitement des liens et que chaque membre de la famille tente de voler de ses propres ailes. Les parents restent impuissants et désarmés du fait que ce sont les enfants du couple qui apportent la dépense quotidienne. Ils ne se posent plus les questions légitimes sur la provenance de l’argent ou de leurs objets de luxe. A partir de là , il n’est pas étonnant pour les esprits avertis de constater la crise des valeurs qui sévit au Sénégal et son lot de catastrophes sordides et inimaginables. C’est la nation entière qui est interpellée afin qu’elle prenne son destin en main pour revoir les fondements de la société. Cette introspection est nécessaire pour assurer la pérennité de l’héritage de nos illustres prédécesseurs. L’assassinat sauvage et cruelle de la vice présidente du Conseil économique , social et environnemental ( CESE) au-delà de l’émotion et l’indignation qu’il a suscitées au sein de la population , doit servir de cadre, somme toute regrettable, pour se poser les bonnes et légitimes questions sur le devenir de la société sénégalaise et de ses fondements idéologiques. Notre pays ne survivra pas de cette barbarie tant que les composantes de la nation ne prendront pas au sérieux cette crise des valeurs qui ne cesse de  détruire le corpus socio-culturel sénégalais. Nous avons l’obligation de nous départir de nos certitudes. Nous ne sommes pas les meilleurs croyants au monde. Nous ne sommes pas immunisés contre les dangers qui menacent toute organisation humaine qui prend ses distances de manière inexorable sur la vertu et les lois intemporelles du Seigneur de l’univers. Il est grand temps de nous demander quel modèle  d’organisation sociétale nous voulons pour le Sénégal et les générations futures ?

Massamba Ndiaye

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