«Nous ne sommes pas nombreux à pouvoir encore lui parler» : le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb a formulé en petit comité de nouvelles critiques à l’égard du président Macron et l’action du gouvernement, selon des propos publiés par La Dépêche du Midi et confirmés lundi à l’AFP par un participant.
Le 6 septembre, lors d’un déjeuner avec des journalistes au ministère, le ministre a enfoncé le clou de sa critique, lancée le jour-même dans une interview, sur le «manque d’humilité» de l’exécutif, selon le récit de La Dépêche.
«Les provinciaux, et j’en suis, ont déjà une tendance naturelle à considérer que les Parisiens ont la grosse tête et les snobent, or des expressions comme la nouvelle grammaire de la politique ou la ‘start-up nation’, ils ne s’y reconnaissent pas», a regretté M. Collomb, visant deux expressions symboliques du «nouveau monde» politique porté par Emmanuel Macron et ses soutiens.
Interrogé sur le fait de savoir s’il a exprimé cette critique au chef de l’Etat, le ministre de l’Intérieur déplore, selon la Dépêche : «Nous ne sommes pas nombreux à pouvoir encore lui parler. Ceux qui parlent franchement à Macron sont ceux qui étaient là dès le début : Ferrand, Castaner, Griveaux et moi…»
«D’ailleurs, il va finir par ne plus me supporter. Mais si tout le monde se prosterne devant lui, il finira par s’isoler, car par nature l’Élysée isole», poursuit encore M. Collomb.
Dans l’affaire Benalla, l’ancien maire de Lyon reproche également au chef de l’Etat de ne «pas être monté au créneau plus tôt».
Une semaine après ce déjeuner, l’ancien maire de Lyon a annoncé dans une interview à l’Express qu’il quitterait la place Beauvau après les européennes de juin 2019 pour se lancer dans la campagne pour la mairie de Lyon en 2020.
Une annonce anticipée de départ qui est venue compliquer encore un peu plus la rentrée difficile d’Emmanuel Macron et a interrogé sur les liens entre le chef de l’Etat et un ministre censé être parmi ses plus proches soutiens.
Sollicité par l’AFP, le ministère de l’Intérieur n’avait pas fait de commentaires en fin de journée. L’Elysée n’a pour sa part pas souhaité commenter des «propos rapportés».
Selon les propos rapportés par la Dépêche, et dont un participant au déjeuner a confirmé la teneur, M. Collomb «regrette que nos relations avec les collectivités locales se soient dégradées alors que nous avons pris des mesures qui auraient dû les satisfaire».
«On a fait une campagne sur le pacte girondin, il serait urgent de renouer avec cette promesse (…) On n’a pas bien traité un certain nombre de problèmes comme l’accueil des mineurs isolés, les 80 km/h», dit encore celui dont le ministère inclut les collectivités locales.