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Ah, chérif ! Par Mamadou AMAT

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Et maintenant, qui c’est qui va deviner très facilement, tout en tentant de les démonter, les blagues et autres plaisanteries auxquelles j’aime me livrer de temps à autre avec mes amis ? Tu m’aurais par exemple dit à brûle-pourpoint que le titre de ce papier aurait dû être «A Chérif», puisqu’il s’agit d’un hommage (plus que mérité) rendu à la mémoire d’une personne. Et non d’un simple jeu de mots («pourri», aurais-tu ajouté en rigolant) censé dérider le vis-à-vis de son auteur.

Ce caractère dual de ton être, ce mélange de rigueur logique et d’humour fin que je te connais depuis ce jour lointain d’octobre 1974 où, pour la première fois, je te rencontrai sur les bancs de la Ve promotion du Cesti, vont sûrement me faire défaut avec ton rappel à Dieu. Que je nommerai, comme tu dois t’y attendre, le «rappel du 18 juin». Les très nombreux coups de téléphone et courriels que je reçois, depuis, de la part de personnes qui nous savaient proches constituent, à mes yeux, le témoignage éloquent que ton départ a créé un vide qu’il ne sera pas facile de combler, tout en me faisant choisir la date de ton départ comme étant le premier jour du reste de ma vie. Mais aussi que la douleur subséquente, loin d’être feinte, est largement partagée vu les nombreux hommages qui se sont mis à affluer de partout… Les confrères ayant loué à l’envi ton professionnalisme, ta très belle plume, ta probité morale, ton sérieux, ton engagement au service de l’Afrique, je décide de changer d’angle, moi qui n’aime pas tellement m’aventurer sur les sentiers battus.

Mais rassure-toi boy, je ne serai pas long. Agencier dans l’âme (comme tu me qualifiais parfois), j’ai appris à aller à l’essentiel. Peut-être pas directement cette fois-ci, mais bon, voilà, la situation n’est pas ordinaire. J’ai tellement de choses à dire à ton propos que, bien sûr, je ne sais ni par où commencer, ni de quelle manière continuer, ni, surtout, comment finir… euh ! disons conclure.

En entendant à la radio Abdoulaye Ndiaga Sylla évoquer ta piété, je ne vais pas hésiter à conforter cet autre éminent journaliste dans son propos par le témoignage que voici : si je suis devenu le musulman pieux que je me pique aujourd’hui d’être, je te le dois pour l’essentiel. Souviens-toi de ce jour de 1988 où nous nous retrouvâmes à un séminaire de formation à Bamako, avec d’autres confrères des pays du Sahel. Alors que j’étais en plein doute existentiel, hésitant sérieusement entre un athéisme pur et dur et un agnosticisme totalement assumé, je te vis faire tes cinq prières quotidiennes précédées d’ablutions dont j’avais complètement oublié l’enchaînement des étapes. Plus tard, tu me montras les vertus indéniables que recèle le fait de se réveiller avant l’aube pour aller faire sa prière à la mosquée. Jusque-là j’étais persuadé qu’il s’agissait là d’une corvée réservée aux seuls musulmans zélés.

Cela explique peut-être les circonstances de notre ultime rencontre. C’était le dernier vendredi du mois de décembre passé et je m’apprêtais à regagner mon lieu de travail à Abuja après quelques semaines de vacances à Dakar. Tu pris mes coordonnées en promettant de me contacter à ton prochain séjour dans la capitale nigériane, et moi je pris ton nouveau numéro de téléphone, car je venais de perdre dans un taxi d’Abuja tout le contenu de mon répertoire. Ton numéro est toujours dans mon téléphone et à mon arrivée en congé à Dakar, il y a deux semaines, alors que je m’apprêtais à t’appeler, j’appris que tu étais gravement malade et hospitalisé à Nairobi, loin des êtres qui te sont le plus chers.

Pour en revenir à mon exercice favori, les jeux de mots («pourris»), tu feignais toujours l’agacement quand je m’amusais à tes dépens en jouant avec ton prénom. Mais voilà, aujourd’hui je n’ai pas une très grande envie de t’appeler Chérif l’invalide Sèye. Ce que je veux, c’est que tu dises à nos camarades de promotion qui nous ont précédés dans l’Au-delà, ces chers Pape Marcel Sène et Mamadou Moustapha Mbodj, que nous pensons toujours à eux et prions pour le repos de leur âme. Et là, bien que non mandaté par aucun d’eux, j’ai la prétention d’exprimer le sentiment de ceux qui restent : Abdallah Faye, Aliou Diongue, Momar Seyni Ndiaye, Elhadj Bassirou Sow, Jean René Odou, Moussa Paye…

Et moi, bien sûr !!!

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