En suivant la confrontation qui opposait Gris Bordeaux à Modou Lô, le texto de l’éditorialiste de Sud Quotidien, Ibrahima Bakhoum, sur mon portable m’annonçant le décès de Madior Fall, a brouillé les images du combat diffusé en direct. La triste nouvelle de ce dimanche 15 juillet 2012 me perturbe.
Du coup, me revient à l’esprit la générosité de Madior Fall. Et défilent en moi les souvenirs, les moments passés avec ce talentueux confrère, les grands dossiers culturels que nous réalisions ensemble à Sud Quotidien. Ces papiers culturels étaient des délices littéraires. On se régale encore des articles de fond qu’il a produits sur Vieux Mac Faye, Aragon, Baobab, l’écrivain Amadou Kourouma et tant d’autres . Très cultivé, militant du patrimoine matériel comme immatériel, Madior aimait écrire sur les sites historiques et aussi sur les trésors humains vivants. Vif d’esprit, la plume alerte en bandoulière, ce descendant de Fatma Gologne Fall animait avec bonheur la page culture de Sud Quotidien vers les années 97.
Et il déployait des efforts extraordinaires pour donner du vrai contenu culturel à la page. Homme épris de paix et de justice, la situation en Casamance le préoccupait. Ainsi, il s’est consacré davantage à la région du Sud, présent sur le terrain pour faire des reportages fouillés. Ses analyses sur la Casamance sont pertinentes. Ce qui lui a valu des sollicitations régulières à travers les radios et télévisions pour partager ses vues sur la région meurtrie du Sud qu’il chérissait tant .
La politique l’a passionné aussi. De par son expérience politique à la Ligue Démocratique : Mouvement pour le Parti du travail, Madior avait des connaissances avérées sur le paysage politique au Sénégal, les mutations, les acteurs de la vie politique. Devenu journaliste, il opte pour l’impartialité et la neutralité politique dans l’exercice de son métier . Avec des signatures confirmées comme Babacar Touré, Abdoulaye Niaga Sylla, Sidy Gaye Vieux Savané, Latif Coulibaly, Babacar Justin Ndiaye, El Hadj Kassé, Madior a marqué de son empreinte le contenu politique de Sud Quotiden, ce journal de référence des intellectuels du Sénégal et d’Afrique . Madior était un journaliste aux multiples facettes. Il était à l’aise dans tous les domaines de la culture à la politique, en passant par les faits de société et la Casamance.
Généreux, humble, courtois, Madior symbolisait aussi la politesse, denrée rare dans ce monde en perte de valeurs. Courageux, il a défié sa maladie en continuant de tremper sa plume au service de sa patrie et de son continent, l’Afrique dont il rêvait l’unité comme Kwame Krumah .
Alassane CISSE
Journaliste culturel
sudonline.sn
