L’interdiction de la manifestation des partis de l’opposition, prévue le 21 novembre, s’est invitée aux débats à l’Hémicycle. Les députés de l’opposition sont encore montés au créneau pour charger le pouvoir de Macky Sall. Ces derniers, avec Modou Diagne Fada en tête, ont décidé de tenir leur manifestation quoi qu’il advienne. Des propos que ceux de la majorité ont qualifiés de «provocation».
La marche du Parti démocratique sénégalais (Pds), prévue le 21 novembre prochain, a été au cœur des débats lors de la Déclaration de politique générale (Dpg) du Premier ministre, Mahammad Boun Abdallah Dionne. Des députés de l’opposition se sont relayés pour donner leur avis sur l’interdiction de cette manifestation. Cette mesure les a poussés à lancer de nouvelles piques à l’endroit du gouvernement.
La première banderille a été jetée par le président du Groupe parlementaire libéral et démocratique. Modou Diagne Fada dit se préparer à toute éventualité. «Nous dénonçons l’interdiction par le gouverneur de la région de Dakar de manifestations publiques en violation des libertés individuelles et collectives garanties par la Constitution du Sénégal et les conventions internationales ratifiées», peste le député libéral.
Selon lui, le Pds a décidé de tenir sa manifestation quoi qu’il advienne. Dès lors, Modou Diagne Fada et Cie ne comptent pas se soumettre à une interdiction de leur meeting. Ils sont d’avis que le sommet de la Francophonie ne saurait constituer un évènement imprévisible de nature à justifier la suspension des libertés fondamentales. M. Diagne Fada se désole du fait qu’une réunion internationale soit prise comme prétexte pour interdire une marche. Le président du Groupe parlementaire libéral estime que les troubles à l’ordre public sont la conséquence de nombreuses interdictions de manifestation.
Embouchant la même trompette, Mamadou Diop Decroix martèle : «Le meeting aura lieu s’il n’y a pas tremblement de terre». «On parle du 30 octobre burkinabè. Mais on pourra parler du 21 novembre sénégalais», ajoute le secrétaire général d’Aj/Pads.
Me El Hadji Diouf, député non-inscrit, a lui aussi demandé au Premier ministre et son gouvernement de ne pas s’aventurer à interdire une marche. «La liberté de l’homme est inaliénable. Il ne faut pas tomber dans leur piège», prévient l’avocat. Même son de cloche du côté du député libéral Fatou Thiam, qui pense que le gouvernement a tort d’interdire la marche du Pds.
Furieux, les députés du groupe parlementaire Benno bokk yaakaar n’ont pas tardé à répondre. C’est Abdou Mbow qui a lancé la première flèche. Le député aperiste qualifie ces propos de ses collègues de l’opposition de «véritable provocation». Les députés Moustapha Cissé Lô et Moustapha Diakhaté ont abondé dans le même sens.
En réponse aux préoccupations des députés, le Premier ministre indique qu’il n’y a aucun arrêté qui suspend la liberté de manifestation. «Nous n’avons pas de complexe par rapport à cette question de liberté. Je ne demande pas à aller en guerre. Si on doit aller en guerre, c’est contre le sous-développement», soutient M. Dionne. Le Premier ministre réaffirme ainsi l’engagement du gouvernement à respecter l’Etat de droit ainsi que les principes de liberté et de démocratie. Le chef du gouvernement précise que «ce n’est pas le président de la République ou le Premier ministre qui autorisent des marches. C’est le préfet ou le gouverneur qui en ont la prérogative». «Je ne dis pas que la marche sera autorisée», renchérit Mahammad Dionne.
Le Quotidien