Le cours de samedi dernier de l’Université du ramadan a été une occasion pour le responsable moral des moustarchidines de faire une révélation. En effet, devant l’assistance, Serigne Moustapha Sy a annoncé qu’on a encore tenté de lui ôter la vie. En cause, deux individus envoyés à ses trousses, mais qui ne sont pas parvenus au résultat que leurs commanditaires attendaient d’eux. Par Oumar Seydou BA
Les rapports entre le responsable moral des moustarchidines et certains cercles du pouvoir sont loin d’être apaisés. Samedi dernier, au cours d’une conférence pour les besoins de l’Université du ramadan, Serigne Moustapha Sy a révélé qu’«on a cherché à attenter à (sa) vie». «Un jour alors que je quittais Dakar pour rentrer à la maison, j’ai été suivi par une voiture», a dit Serigne Moustapha Sy. «Une fois arrivé à la maison, j’ai entendu un crépitement suivi d’un bruit assez strident.» Puis, poursuit le guide religieux : «J’ai demandé au chauffeur d’aller voir ce qui se passe». «C’étaient deux “fous” ivres de rage qui cherchaient à pénétrer de force dans la maison»,?indique le fils de Serigne Cheikh Tidiane Sy. «Ils ont dit au chauffeur?: Nous sommes envoyés pour inspecter la plaque d’immatriculation, nous la suspectons de ne pas être la vraie plaque de la voiture. Leur argument?: Elle (la plaque) est trop vieille pour une voiture neuve. Lorsqu’à mon tour, je leur ai demandé?: Qu’est-ce qui se passe?? L’un d’eux, celui qui paraissait être le chef, est retourné à leur voiture pour en revenir armé d’un pistolet. Ce par quoi j’ai réagi par un rire sarcastique. Il en fut grandement étonné», poursuit Serigne Moustapha Sy. «C’est en ce moment que je lui ai dit?: Vous et ceux qui vous envoient, vous êtes tous des fous.»
Et le responsable moral des moustarchidines d’affirmer?: «Je l’ai mis au défi. Je lui ai dit?: Je te donne un rayon de 100 m. Tu tires et si le coup part, je renonce à ce que je suis (Ndlr?: un marabout). Conséquence?: le lendemain, un ministre a été limogé.»
Revenant sur son vis-à-vis, il a laissé entendre?: «J’ai dit au type?: Dites à vos chefs que le fait de se suicider, ce n’est pas bon. Je te laisse la vie sauve, parce que Dieu en a décidé ainsi. Pourtant ce jour, je n’étais pas armé.»
D’où a-t-il trouvé cette force synonyme de sang froid?? A travers les enseignements de son grand-père, Seydi El hadj Malick Sy, qui a toujours demandé aux fidèles de la prudence. Citant ce dernier, Serigne Moustapha dit?: «Maodo avait pour habitude de dire : Je suis l’imam, je suis le chef. Je n’ai pas de palais, je n’ai pas de garde du corps.?Faire attention est mon palais, un comportement exemplaire est mon garde du corps. Ce que l’honnêteté et la sincérité peuvent donner à la personne, le fusil ne peut pas l’octroyer. Si vous ne pouvez pas avoir les gens par le cœur et le sentiment, n’y allez ni avec l’argent ni avec la force.»
A titre illustratif, il sert cette boutade?:?«Un jour, un sérère s’est plaint qu’on ne l’ait jamais responsabilisé. Donnant suite à sa requête, le commandement l’élève au rang de caporal. Une fois installé, la première chose qu’il fit, c’était de mettre en rang ses subordonnés, puis de les gifler. Mais ces derniers se liguèrent et lui administrèrent une sévère correction.» Serigne Moustapha Sy a clos ce chapitre par cette phrase lourde de sens : «L’union des faibles conduit naturellement à la défaite des forts.»
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