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Demain, quel Sénégal ?

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Si les Sénégalais font, dimanche, mieux que ce qu’on a vu dans les meetings et autres « marches » des coalitions, on pourra dire de la démocratie, qu’elle a vraiment fait un grand et nouveau pas dans ce pays. Le contraire se passerait de commentaires.

Partons d’une hypothèse optimiste, s’agissant du taux de participation. Ce pari gagné, il resterait à voir comment les 24 listes qui sont allées à la conquête de l’électorat pourraient se comporter au lendemain du 1er juillet 2012. Les partis et personnalités indépendantes qui ont composé les coalitions ne devraient pas se contenter d’avoir fait le tour du pays ou partie des 14 régions, pour ensuite tourner la page de la politique.

Les formations traditionnelles et – jusqu’ici – plus ou moins bien implantées dans le pays, sortiront-elles indemnes des législatives ? Des signes manifestes autorisent à envisager beaucoup de remous dans les rangs. Le Parti démocratique Sénégalais (Pds) s’est déjà inscrit au tableau des remises en question parties pour être très profondes. Les coalitions et listes rebelles, parties de ses flancs, pourraient n’avoir plus aucun intérêt à retourner à la maison d’origine, en dépit de déclarations faussement contraires.

A moins que dimanche – et de manière fort inattendue – les électeurs choisissent de donner un bon score à la liste sponsorisée par Me Abdoulaye Wade. Ce qui devrait logiquement signifier que les fruits n’auront pas répondu à l’espoir suscité par les fleurs de la campagne de Bokk Guis Guis. Si au contraire, les compagnons de Pape Diop font mieux que leurs ex-frères libéraux, on ne voit pas comment la formation qu’ils pourraient créer laisserait intacte ce qui reste encore de « fidèles » à Wade. Commencerait alors pour le Pds, le processus de fin, ainsi que le rappelait récemment son Secrétaire général national.

Ce dernier déclarait fort justement que les organisations ont un cycle de vie allant de la naissance à la mort en passant par l’apogée comme en a connu le parti créé en 1974 par (Me Abdoulaye Wade) lui-même. Les législatives restent donc pour les libéraux de vraies primaires. Le fondateur du Pds a eu au moins la bonne idée de ne pas abandonner les troupes à leur sort dès sa propre défaite constatée. Sur ce registre, il a fait mieux que son prédécesseur au pouvoir. Maintenir un semblant de mobilisation, que l’hyper médiatisation des audits n’a pas découragée.

Les socialistes, camardes de Ousmane Tanor Dieng, ne pourraient espérer un meilleur avenir, si la coalition Bennoo Bokk Yaakaar ne sortait pas majoritaire dimanche. Le Secrétaire général du Ps est déjà contesté de l’intérieur. Ceux qui ne le font pas publiquement ne semblent pas moins déterminés à changer de chef, que ceux qui grondent dans les médias. Sans espoir de revenir rapidement au pouvoir, beaucoup pourraient faire les yeux doux à l’Apr du Président Macky Sall qui cherche à se renforcer comme principal parti de gouvernement. Echouer à donner une majorité parlementaire au Chef de l’Exécutif signerait la fin du compagnonnage. Le prochain gouvernement ne tarderait alors pas à prendre des allures de recomposition de la famille libérale avec l’Apr et Bokk Guis Giss comme moteur. L’Apf de Moustapha Niasse qui peine déjà à se massifier en sortirait encore avec plus de difficultés, car son leader prendrait une retraite forcée. Sauf à être un autre… Abdoulaye Wade politique.

Quid de ceux qui ont constitué les nouvelles attractions à l’occasion des trois semaines de la campagne ? Les religieux ou supposés tels n’ont pas dit leur dernier mot. Que la coalition soit conduite par Serigne Modou Kara, Imam Mbaye Niang, Serigne Manour Sy Djamil, Abdou Samath Mbacké, Khadim Tioune ou encore Akioune Vadiane, on ne peut ignorer que des surprises peuvent venir de ce côté. Imagions que ces listes – en hypothèse basse – obtiennent collectivement 20 députés sur les 150 de la prochaine Assemblée.

Des propositions de loi venant de ces dernières, sur certaine questions de société gêneraient énormément l’Exécutif. Les rejeter après que le débat aura occupé la place publique pourrait amener de larges secteurs de l’opinion à considérer que cette Assemblée ne représente pas les Sénégalais. Le Président de la République n’a pas besoin que, dès sa première année, son gouvernement consolide l’avis de ceux qui l’accusent de représenter des intérêts non nationaux. Suivre les religieux dans une orientation conforme à leur vision de la société placerait le Sénégal au nombre des pays en marge d’une conception occidentale de la mondialisation. On attend les premiers signaux, dès ce dimanche soir, pour savoir vers quel Sénégal nous allons.

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