Le départ de Aminata Tall de la présidence de la République, conforte, selon plusieurs observateurs, la « Génération du concret » du ministre d’Etat, ministre des Infrastructures, de la Coopération, des transports aériens et de l’Energie, Karim Wade qui compte ainsi les coups contre les « légitimistes » et raffermit sa prise du pouvoir.
2012 est dans… six mois utilement. Les autres six mois n‘offrant aucun recul nécessaire pour pouvoir corriger les manquements dans les dispositifs stratégiques et tactiques qui seraient observés. C’est la raison pour laquelle, Me Wade s’organise et déroule dès maintenant. Rien ne sert de courir, il faut partir à point. C’est connu. Le plan B de dévolution en douce du pouvoir qu’on lui prêtait depuis sa réélection en 2007 grippé par l’avanie des locales de 2009, il est revenu à son plan A et s’apprête à affronter pour la énième fois ses adversaires dans une présidentielle qui paraît cependant la plus ouverte de ces quinze dernières années.
Mais a-t-il renoncé pour autant à son plan B ? Rien de moins sur. Une situation qui installe le Parti démocratique sénégalais (Pds) dans une guerre de tranchée entre « légitimistes » et « Concrétistes » du fils. Du déjà-vu chez les anciens tenants du pouvoir aujourd’hui, dans l’opposition, qui se réclament eux, de la social-démocratie. Si au Parti socialiste (Ps), la guerre entre « refondateurs » de Ousmane Tanor Dieng et « rénovateurs » de Djibo Kâ avait tourné à l’avantage des premiers nommés avant de les perdre tous en 2000, chez les libéraux de Wade, les « Concrétistes » comptent les coups assénés par le patron même du parti à leurs adversaires dits « légitimistes», assure-t-on chez certains libéraux. Des « légitimistes » qui se morfondent et ruminent leur colère tout en préparant leur revanche. Pendant ce temps, les « Concrétistes » accentuent leur main mise sur l’appareil d’Etat et du gouvernement. Alors que les seconds tentent de s’agripper sur ce qu’il reste du parti. Entre les deux, le président de la République et patron du Pds, penche pour la nouvelle génération. La jeunesse n’est-elle pas l’avenir ?
Mme Aminata Tall quitte le palais à la suite du dernier réaménagement gouvernemental du chef de l’Etat. En cédant son fauteuil de Secrétaire général de la présidence de la République à l’administrateur civil tombé en politique, Zakaria Diaw qui revient en poste, l’ancien édile libéral de Diourbel fait perdre aux « légitimistes », certes pas la guerre mais une bataille importante. Son éviction et sa démission de sa charge de ministre de la Fonction publique dans le gouvernement de Souleymane Ndéné Ndiaye offrent également un point de plus aux « Concrétistes » de Karim Wade qui accentuent ainsi leur main mise sur les rênes du pays.
Une démission cependant, qui risque même d’accélérer sa mise à l’écart du parti et des sphères du pouvoir. On apprend en effet que les opérations de renouvellement des instances libérales de Diourbel vont démarrer dès la première semaine après le Magal de Touba prévu le 23 janvier prochain. Ablaye Sène, le superviseur de la Fédération du Pds, a lancé hier, dimanche dans la capitale du Baôl, sa base politique, les opérations d’installation des secteurs libéraux dans le département. « Nous avons expliqué les enjeux, les objectifs, les procédures et les modalités et nous avons proposé un calendrier », a déclaré M. Sène, après la réunion qui s’est tenu au siège du Conseil régional. Il a invité également, assurent des témoins, l’ensemble des militants à « faire preuve d’unité, de cohésion et de discipline » pour l’échéance de 2012 ». D’aucuns ont vite fait de voir dans ce souci de renouveler les secteurs du Pds dans le département, un projet de mis à l’écart « politique » de la « Lionne » de Diourbel, qui, faut-il le rappeler, avait déjà été priée à céder sa place à la tête du mouvement des femmes libérales à sa « sœur concrétiste » Awa Ndiaye.
N’empêche, l’égérie du Pds, ex-secrétaire générale de la présidence de la République désormais, n’en démord pas. Elle refuse de siéger dans le gouvernement de Souleymane Ndéné Ndiaye et persiste dans son refus. Selon des sources généralement bien informées, l’ancien édile de Diourbel s’est encore arc-bouté hier, dimanche 9 janvier sur ses positions. Ne lui parlez pas de son nouveau poste de ministre de la Fonction publique. Elle n’en veut pas, malgré plusieurs tentatives de médiation.
Des mêmes sources, on apprend qu’elle aurait déclaré s’être faite à l’idée de quitter l’entourage du président. « Je n’attends que la passation de service pour partir », aurait-elle, en effet indiqué. En 2007, Aminata Tall avait refusé un poste de vice-président à l’Assemblée nationale. Cette fois-ci, son obstination semble conforter la génération du Concret de Karim Wade.
sudonline.sn