Le général Abdoulaye Fall, chef d’état-major général des armées (Cemga) serait, selon des sources concordantes proches de l’Armée nationale, victime de sa position contre toute prolongation de l’âge de la retraite des généraux et officiers supérieurs au-delà de 60 ans. Un projet qui n’aurait pas reçu son aval et qui serait sur la table du président de la République voudrait porter à 65 ans l’age de la retraite des généraux et à 63 ans, celui des officiers supérieurs.
Plusieurs rédactions du pays ont bruit juste après la sortie à Ziguinchor le 31 décembre dernier du chef d’état-major général des Armées (Cmga), le général de Corps d’armée, Abdoulaye Fall, de folles rumeurs alléguant de son limogeage. Une disgrâce entraînant son reversement à la section B (la section de retraite des officiers supérieurs et généraux Ndlr) qui ferait suite aux événements récents en Casamance qui ont encore endeuillé la grande muette avec la perte de huit hommes tombés dans une embuscade aux abords de Bignona dans le week-end du 26 au 27 décembre 2010. Ces rumeurs qui ont été distillées par des sources proches de l’armée ayant requis l’anonymat mettaient sur le compte de la non « tenue » en main des troupes et les pertes importantes enregistrées dernièrement en Casamance notamment, le décret présidentiel mettant fin à ses fonctions de Cmga qui aurait été déjà signé. Elles se gardaient néanmoins, de mettre un nom sur son remplaçant. Le Conseil des ministres d’hier, jeudi 6 janvier n’a point corroboré l’information. Aucun général n’a été désigné à la place de l’actuel Cemga appelé donc à poursuivre sa mission à la tête des armées.
Derrière ce qui passe pour une intox qui semble avoir fait long feu, on apprend cependant de sources concordantes et généralement bien informées, que se cacherait une bataille farouche entre camps opposés d’officiers généraux et supérieurs autour de l’âge de retraite. Si en effet, certains veulent coûte que coûte que leur temps de service soit prolongé au-delà de soixante ans. Ils voudraient, ces « étoilés et galonnés » partir plutôt à 65 ans comme leurs collègues Magistrats et Inspecteurs généraux d’Etat en ce qui concerne les généraux et à 63 ans pour les officiers supérieurs.
Un projet qui n’aurait pas reçu l’aval de l’actuel Cemga qui viserait à prolonger l’âge de la retraite serait même sur la table du président de la République. Les autres, dans le camp desquels, certaines sources logent le Cmga, opteraient plutôt pour un statut quo. Ils pensent que les problèmes de l’armée sont autres que de prolonger l’âge de la retraite de ses dirigeants. Le général de Corps d’Armée, Abdoulaye Fall, apprend-on des mêmes, certainement confronté au casse-tête de la gestion des effectifs et des plans de carrières de la troupe serait réticent à toute prolongation et s’en serait ouvert, avancent les mêmes sources aux autorités politiques compétentes. Pour ce camp même, il est grand temps que le Sénégal trouve exemple au Nigeria ou le « up out » est de mise chaque fois qu’un nouveau Cemga est nommé. Tous les officiers supérieurs et généraux plus anciens sont mis d’office à la retraite. Un système qui a l’avantage d’atténuer les frustrations nées souvent des nouvelles nominations des politiques.
La position pour le statut quo que l’on prête au général Fall et qu’il semble devoir payer depuis avec la distillation chaque jour qui passe d’informations sur son probable limogeage ainsi que les événements de Bignona ont été une aubaine pour les « rumeurilogues » qui ont envahi les rédactions du pays en faisant courir le bruit de son départ.
L’Armée sur priorité
Ces rumeurs et la recrudescence de la violence en Casamance avec son lot de pertes en vie humaine au sein de la troupe polluent l’atmosphère de la grande muette. Elles n’en posent pas moins, la nécessité de réformes arrivées à maturité, la tenue des troupes, le manque de moyens et la maîtrise des effectifs.
Analysant lucidement la situation qui prévaut en Casamance, le général Abdoulaye Fall qui a passé la Saint Sylvestre avec ses hommes sur le terrain le 31 décembre dernier n’avait pas manqué de centrer son intervention sur la question de la protection de la force. « …Nous avons perdu beaucoup d’hommes et de matériels par négligence. Il y a eu beaucoup d’accidents. Simplement soit parce que la formation n’était pas très poussée dans certains domaines, soit que l’entraînement manquait dans d’autres domaines, soit par négligence des personnels. Et je les ai exhortés à revenir aux fondamentaux et ceci dans tous les domaines…»
Cette sortie qui s’est voulue une autocritique sans complaisance des « négligences » coupables n’en est pas moins un réquisitoire contre l’autorité politique dont les préoccupations ces dernières années ont été moins centrées sur l’armée nationale, son outillage et ses entraînements. Il s’y ajoute, qu’avec le retrait des troupes françaises et le souci « souverain » sénégalais de s’affranchir de la présence militaire, les manœuvres annuelles « Deggo et Amitié » excellents outils de conditionnements des soldats risquent d’être de simples souvenirs. Déjà, les partenaires français qui prenaient entièrement en charge le coût de ces manœuvres cotisent désormais simplement. Laissant à la partie sénégalaise avec ses faibles moyens, son écot.
Cependant depuis le retour « musclé » et militaire des éléments armés supposés appartenir au Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (Mfdc) qui opéreraient depuis la frontière avec la Gambie, l’autorité politique semble avoir pris la juste mesure de la problématique militaire. D’autant plus qu’elle s’est de plus en plus convaincue que les voisins gambiens sont moins « nets » dans cette affaire qu’ils veulent paraître.
La venue récente du ministre des Affaires étrangères de Jammeh visant certainement à rassurer son puissant voisin sénégalais n’a pas pour autant dissipé le doute. Elle n’enlève en rien en tout cas, rassure-t-on, la vigilance sénégalaise qui refuse d’être prise à défaut. Le président de la République aurait décrété que l’armée et les questions de sécurité, étaient maintenant la sur priorité.
sudonline.sn