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Désert médical et banalité du mal (Par Assane Gueye)

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Il ne fait plus bon de marcher à Dakar. Ses artères sont devenues un enfer. Elles sont atrocement marquées par le sauve-qui-peut, la violence de l’insécurité routière et la plaie béante de la mendicité. Activité dégradante dans laquelle ont sombré de très jeunes enfants talibés. Des éléments du décor qu’on fait mine de ne pas voir. Cachez ces tares et laideurs qu’on ne saurait voir. Elles pourrissent la vie de la capitale. Celle-ci a capitulé et tourné le dos à l’urbanité, la bienveillance, la qualité de vie. Dakar s’enlaidit et s’enlise. Mais on regarde ailleurs. D’autres plans sont ourdis. Les priorités sont inversées.

La collecte tapageuse des parrainages est une occupation qui frise le ridicule. La démarche bruyante de la majorité telle une bravade, comporte une part d’obscénité. En ces temps de paralysie sanitaire, de pénurie et détresse sociale, il eut mieux valu la discrétion et l’aparté plutôt que bander les muscles avec des parrains amassés.

On est passés à côté d’une erreur massive pour ne pas dire faute morale. Le nombre des députés ne va pas augmenter. L’intention et l’idée sont impopulaires. C’est d’ailleurs l’exact contraire qui devait s’imposer. Il faut réduire le nombre de parlementaires. Ils sont pléthoriques. Le surnombre ne garantit pas la sérénité à l’hémicycle. Il laisse libre cours aux débats confus où personne n’est audible. La cure d’amaigrissement est une lucidité. Toute chose étant égale par ailleurs, le Président de la Côte-d’Ivoire vient de justifier la réduction du nombre de ses ministres par les contraintes budgétaires. Ce pays tient pourtant l’économie la plus robuste de l’Uemoa. « Un acte politique ne se juge pas aux victimes qu’il fait mais aux maux qu’il évite », disait le philosophe. Fatigué et usé par les longues années au pouvoir, Alassane Ouattara a fait d’une pierre deux coups en se choisissant un dauphin constitutionnel. Être en bout de course n’empêche pas d’être lucide.

La lucidité s’oppose toujours à la duplicité. Ce qu’on appelle transhumance sous nos tropiques est le tombeau des convictions. Les Sénégalais en ont marre de l’infidélité politique. Chercher à affaiblir son adversaire pour conserver le plus longtemps le pouvoir, c’est de bonne guerre. Mais débaucher, débusquer et tourner casaque comme une girouette sont des pratiques aux antipodes du bon sens et de la moralité. Notre pays se déshonore et se fourvoie dans l’apologie du manque de constance.

On n’a pas le sens de l’honneur non plus quand on donne autant d’intérêt aux histoires de sexualité et de stupre à longueur de plateaux médiatiques et dans l’espace public. La vacuité est sidérale dès l’instant qu’on oublie que le plaisir meurt toujours de son propre accomplissement. Plus de pudeur et moins de frivolité et de fébrilité ne feraient pas de mal.

Tout ce qui est excessif est ridicule. Il ne faut pas tomber dans le dénigrement et l’amalgame systématiques à l’encontre des soignants. C’est une facilité qui les oppose à la population. La solution réside dans l’ouverture et non la fermeture. La complexité sanitaire appelle au sang-froid à tous les niveaux.
Le niveau zéro de la communication. Les annonces brutales des chocs à venir dans le secteur des hydrocarbures présagent la dépressurisation. Les non-dits sur les tenants et aboutissants nous disent qu’on est plus que jamais en présence d’une usine à gaz.

Le fatras qui remplace la baraka. C’est de l’eau dans le gaz. Il ne faut pas se bercer d’illusions. La vie sera de plus en plus chère. Le gâteau se rapetisse. Les invités s’agrandissent. La tempête n’a pas encore commencé. Les dirigeants, où qu’ils se trouvent sont réduits à la gestion de crises. Pince-sans-rire, un vieux sage a joué les Cassandre sans l’air d’y toucher : « Quand les temps sont durs, les gros maigrissent et les maigres meurent ». Il faut se serrer la ceinture. On est dans le dur.

22 avril 2022

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