EnQuête ne pensait pas si bien écrire lorsqu’il avait révélé dans un dossier (édition 694 du 3 octobre 2013) des magouilles sur les timbres fiscaux avec des effets bien visibles au niveau Grand-Yoff et suite. Un important réseau de trafic de timbres fiscaux vient en effet d’être démantelé à la Direction générale des Impôts et domaines, même si la magouille a été découverte depuis le mois de novembre dernier, mais gérée… »en famille ».
Une dizaine de personnes travaillant aux Impôts et Domaines dont le gestionnaire de la Direction de l’enregistrement et des timbres, Lamine Bâ, ont été arrêtées et placées en garde-à-vue, à la Section de recherches de la Gendarmerie de Colobane.
Des timbres d’une valeur d’un milliard, dans le vent
L’affaire n’est pas mince puisque le montant du préjudice subi par l’Etat est estimé à…un milliard de francs Cfa, selon des estimations sorties de l’inventaire réalisé par les services des Impôts et Domaines, aussitôt après découverte du trafic. Pour des faits qui remontent au mois de novembre dernier, moment où le pot aux roses a été découvert, les enquêteurs de la Section de recherches de la Gendarmerie nationale ont dû travailler dur pour reconstituer le puzzle des délinquants supposés.
Selon nos investigations, les hommes du commandant Sarr qui en sont presque à la fin de leur enquête ont pu identifier les éléments du réseau ; du moins en grande partie. C’est ainsi que les comptes bancaires des personnes incriminées ont été bien fouillées.
Des enquêtes ont pu être menées sur le niveau de vie des personnes incriminées, qui établissent bien non seulement que ces agents avaient des avoirs de loin supérieurs à leurs revenus, mais qu’ils avaient aussi un train de vie très dispendieux. Parmi les personnes arrêtées, la grande majorité est bien curieusement composée de manutentionnaires.
Personne ne semblait faire attention aux agissements de ce personnel bien spécial qui avait pris l’habirude de faire sa sieste et de prendre du thé, à la fenêtre du magasin où sont stockés les précieux timbres fiscaux. Selon certaines informations recueillies au niveau des Impôts et domaines, c’est par ce canal que passaient ces agents subalternes pour se servir. Dans le lot, le rôle d’un certain El Hadj Malick Ndiaye, coursier à la direction des Impôts, semble avoir été déterminant…
De la responsabilité du Directeur de l’enregistrement et du timbre
Mais selon des sources dignes de foi, ils ne sont pas les seuls voleurs…présumés de timbres fiscaux. Lamine Bâ, le gestionnaire à la Direction de l’enregistrement et du timbre, présentemet en garde-à-vue, en aurait aussi profité pour se servir.
Etait-il au courant du vol orchestré par ces agents subalternes qu’il en a profité pour lui aussi se servir en passant par la porte, lui qui détenait les clefs du magasin ? En tout cas, il est difficilement envisageable comme certains veulent le faire croire, qu’un trafic de cette ampleur puisse se dérouler dans les murs de la Direction des Impôts et domaines sans que Lamine Bâ, responsable de la Direction des Timbres, ne soit au courant.
Il serait tout aussi probable que d’autres niveaux de complicité soient établis. Même si des sources au niveau de ce service stratégique estiment que les choses s’arrêtent avec Lamine Bâ, on comprend alors très mal comment des stocks aussi importants de timbres ont pu être écoulés.
En tout état de cause, le niveau de complicité ne remonte pas jusqu’à la toute nouvelle Directrice générale des Impôts et domaines Seynabou Niang Thiam qui, aussitôt mise au courant, a non seulement demandé une enquête interne qui a permis d’établir le niveau financier des dégâts qui est d’un milliard Cfa et quelques francs près (voir plus haut), mais aussi de prendre des décisions administratives en retirant la gestion des timbres à la direction qui la gérait.
Par Enqueteplus.com
