Direction générale de la senelec : Les tares congénitales du candidat de Macky Sall

Après la Sonatel, voici venue la Senelec. Macky Sall a envoyé une correspondance à Cheikh Tidiane Mbaye, Président du Conseil d’Administration (PCA) de Senelec et futur ancien Directeur général de la Sonatel, pour lui faire part de son intention de faire nommer Pape Dieng, PDG de la Société industrielle de matériels électriques (Simelec) à la Senelec, en remplacement de Seydina Kane.

Les jours semblent être comptés pour l’actuel Directeur général de la Senelec, Seydina Kane. Pape Dieng, un ancien socialiste qui avait suivi l’actuel président de la République dans le «Macky», serait pressenti pour le remplacer. Monsieur Dieng n’est pas un novice en la matière, car il dirige actuellement la Simelec, une entreprise qui a pour seul et unique client, la Senelec et qui fait plus de 90% de son chiffre d’affaires. Dans quel domaine s’active Simelec ? Alors, si vous ne le saviez pas, elle est le fournisseur quasi-exclusif de Senelec, à qui elle vend ses compteurs sans appel d’offres, par simple système des marchés de gré à gré, jusqu’à des sommes chiffrées à plusieurs milliards Fcfa. En plus d’être «le plus gros client» de Simelec, la Senelec en est, également, l’actionnaire principal qui détient 34% de son capital. Créée en 2003, la Simelec est une société anonyme de droit sénégalais dont l’activité principale est la fabrication de matériels électriques : compteurs électromécaniques et les accessoires de réseaux. L’usine est située à Petit Mbao dans la banlieue de Dakar, elle est bâtie sur une surface de 5100 m². La Simelec fabrique depuis le mois d’août 2003 des compteurs électromécaniques monophasés sous licence Itron et Actaris.

« Mauvaise qualité des compteurs fournis »

Certains spécialistes des finances assimilent d’ailleurs cette collaboration Simelec-Senelec à «une arnaque montée de toute pièce pour contourner le Code des Marchés, qui fait obligation aux démembrements de l’Etat et sociétés nationales (donc Senelec), de passer systématiquement par des appels d’offre pour leurs achats de biens, d’équipements et de services». Et puisque le PDG de Simelec, Pape Dieng, avait eu «le courage de quitter le PS pour l’APR» à la veille de l’élection présidentielle de 2012, afin de soutenir Macky dans sa communauté rurale, un poste aussi stratégique que la Direction générale de Senelec serait le «cadeau mérité», à la hauteur de son acte. Cependant, il faut noter que les conclusions des audits commandités dans le cadre du Plan Takkal avaient démontré «la mauvaise qualité des compteurs fournis par Simelec à la Senelec», qui ont une importante part de responsabilité dans la situation économique fortement déficitaire de la boîte. En son temps, le Plan Takkal avait conclu que «Senelec devait vendre sa participation dans Simelec et procéder à des appels d’offres pour acheter ses compteurs et, ainsi, faire jouer la compétition pour disposer de compteurs de meilleure qualité, fiables et moins chers». Les Imams de Guédiawaye, avec à leur tête Youssoupha Sarr, n’ont cessé de dénoncer la mauvaise qualité et les défaillances des compteurs de Simelec qui, disaient-ils, «ne reflètent pas le niveau réel de consommation des clients». D’ailleurs, des milliers de ménages ont vu leur facture mensuelle augmenter au moment où Senelec ne fournissait pas d’électricité à cause des délestages. Naturellement, de puissants lobbies s’étaient opposés à cette vente et continuent d’exercer des pressions pour porter le patron de Simelec au sommet, c’est-à-dire à la direction de Senelec.

Saïdou Nourou Barro à l’affût

Pourtant, ceux qui auraient dû tirer les ficelles, c’est-à-dire les bailleurs de fonds, avaient fermement fustigé, à plusieurs reprises, «les relations incestueuses entre Simelec et Senelec». Pape Dieng, lui-même, avait décrié le volet distribution du Plan Takkal, notamment le projet de remplacement gratuit des compteurs existants et le déploiement de nouveaux compteurs sur financement de l’Agence Française de Développement (AFD) et de la Banque Mondiale. Pour la première fois, le contrat de fourniture des compteurs à la Senelec allait être mis en concurrence par appel d’offres. Ce qui n’arrangeait point le commerce de Simelec. Cette procédure, font remarquer nos sources, avait également été fustigée par Pape Dieng : « le processus de cession de la participation de la Senelec dans Simelec n’a jamais rapporté de dividendes à la Société nationale d’électricité ». Dans le passé, Pape Dieng s’était opposé avec véhémence, par voie de presse, à ce projet, prétextant qu’il «allait mettre les travailleurs de son entreprise au chômage». Va-t-il se soucier de ces mêmes employés, quand il sera chargé de rende compte de la gestion de l’électricité en tant que DG de Senelec. Pour toutes ces raisons, Cheikh Tidiane Mbaye avait, diplomatiquement, émis de fortes réserves à la demande présidentielle. Occasion en or qu’attendait le très madré Macky Sall pour proposer à l’actuel Président du Conseil d’administration de la Sénélec de prendre la direction générale de la Sénélec. Macky Sall a de fortes chances de réussir, là où Me Abdoulaye Wade avait échoué, avec le soutien de son Premier ministre Abdoul Mbaye, grand frère de Cheikh Tidiane. A défaut, un « troisième larron », un certain Thierno Saidou Nourou Barro, Directeur des Systèmes d’Information de Sénélec, cadre de ladite entreprise, serait sur le point d’électrocuter ses concurrents.

Ces défaillances qui ont électrocuté Pape Dieng

Pressenti à la tête de la Société nationale d’électricité (Senelec), Pape Dieng est un homme du sérail, très connu pour sa forte implication dans le monde de l’électricité. Mais, le candidat proposé par le président Macky Sall pourrait voir sa nomination par le Conseil d’Administration obstruée par la mauvaise qualité des compteurs qu’il vendait à l’entreprise. En effet, selon l’audit technique des appareils vendus à la Senelec, un nombre important du parc de compteurs fournis par Simelec ne marche pas et ferait perdre à la Senelec plusieurs milliards de FCFA. Les sources du «Pays au Quotidien» sont d’ailleurs catégoriques : «C’est grâce à la vigilance du PCA de Senelec, Cheikh Tidiane Mbaye et de certains de ses administrateurs qui, à la réception de la lettre du Président de la République, Macky Sall, instruisant le Conseil d’Administration de nommer Pape Dieng à la tête de la Senelec, que ces derniers ont pris sur eux de retarder un peu les choses».

Cheikh Tidiane Mbaye, nommé PCA de la Senelec par le président sortant, Abdoulaye Wade, devant la proposition du Président Sall de porter Pape Dieng à la tête de l’entreprise d’électricité, a immédiatement appelé son grand-frère, le Premier ministre. Notre source de préciser : «Ensemble, ils ont pu dissuader Macky Sall, qui semble être revenu sur sa décision». La même source rappelle d’ailleurs que «Cheikh Tidiane Mbaye connaît bien les problèmes de compteurs, puisque la Sonatel a eu, également, à déployer des compteurs pour ses clients». Mais, contrairement à la Senelec, la Société nationale de télécommunications (Sonatel) «achetait ses compteurs par appel d’offres». Après le lobby du pétrole (Itoc et Trafigura), le lobby de l’électrification rurale (Myna Distribution) qui a coûte à la Senelec 17 milliards Fcfa, c’est celui des compteurs, avec Simelec en tête, qui tente de protéger son juteux marché annuel de plusieurs dizaines de milliards de FCFA en tentant lancer une OPA sur la Direction générale de Senelec. Pendant que les Sénégalais payent une facture d’électricité de plus en plus salée, malgré les délestages qui ont repris leur cours, d’autres s’en mettent plein les poches, à coup de milliards.

lesenegalais.net