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Djibo Leïty Kâ, secrétaire général de l’Urd :‘Je serai candidat, si la candidature de Wade est invalidée’

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Il ne doute pas de la validation de la candidature du président Wade par le Conseil constitutionnel. Mais le secrétaire général de l’Union pour le renouveau est formel : Si cette candidature est invalidée, il sera candidat à l’élection présidentielle de 2012. Le ministre de l’Environnement et de la Protection de la nature a fait cette révélation au cours d’un entretien qu’il nous a accordé, dimanche dernier, à Paris. Ne sera-t-il pas forclos ? Se prépare-t-il à cette éventualité ? A toutes ces questions, il a répondu sans ambage. Durant l’entretien, il est également revenu sur l’érosion côtière qui menace les côtes sénégalaises ainsi que sur certains projets de son ministère.

Wal Fadjri : Vous êtes à Paris où vous avez rencontré vos militants et ceux du Pds. Comment avez-vous trouvé votre parti en France ?

Djibo Leïty Kâ : Je profite d’un passage à Paris, en provenance de Ndjaména (Tchad) pour rencontrer, hier, samedi (l’entretien a eu lieu le dimanche 6 mars, Ndlr), mes militants. J’ai beaucoup apprécié cette rencontre parce que l’Urd est un parti qui étonnera toujours les Sénégalais. Chaque fois qu’on nous donne mort, c’est en ce moment qu’on se porte le mieux. Bref, j’ai eu une réunion très importante pour le parti qui se porte très bien en France. Il a compris les enjeux et le projet politique qu’on a pour le pays.

Les camarades du parti ont encore manifesté leur adhésion à mon option d’accompagner Wade jusqu’à terme. Même s’ils savent que le but ultime pour nous, c’est d’accéder au pouvoir. Ça, tout le monde le sait. C’est une question de méthode. Je leur ai demandé de rester unis. Il n’y a que l’unité qui peut garantir la victoire d’un parti, surtout un parti qui monte. Chaque fois qu’un parti monte, les tendances ou les ambitions se créent, se font jour. C’est naturel. Il faut savoir les gérer, sans oublier la ligne originelle et les perspectives de l’objectif fondamental duquel il ne faut jamais dévier. Je crois avoir été entendu par mes camarades.

Vers la fin de la réunion, les amis du Pds sont venus avec le député Amadou Ciré Sall et Mme Athia Niang. Ils ont apporté leur soutien à l’Urd avec qui ils sont dans l’Alliance Sopi pour toujours qui porte la candidature de Wade en 2012. C’était un acte que j’ai salué, un acte de solidarité et de compagnonnage réciproque, chaque parti jouant sa partition dans cette affaire, quels que soient son identité et son objet. Je crois qu’on s’est entendu. J’en ai profité pour recommander que le Pds soit uni. Sans l’unité, il n’y a pas de possibilité de gagner alors qu’on a un bon bilan qui plaide pour nous. J’ai dit, hier (samedi 5 mars 2011, Ndlr), qu’un bilan seulement ne suffit pas. Il faut parler au cœur des Sénégalais pour encore créer l’espoir. Un bilan positif comme le nôtre, quoi qu’il reste encore beaucoup à faire, mérite d’être consolidé chaque jour davantage, mais dans l’unité également des partis alliés et des partis en leur sein. C’est donc une bonne réunion et j’en suis très heureux.

Et au Sénégal, comment se porte l’Urd ?

Elle se porte à merveille, grâce à Dieu. J’ai dit aux camarades que, samedi prochain 12 mars, nous avons un meeting important à Thiès où beaucoup d’anciens de Rewmi vont organiser un meeting de ralliement à l’Urd que je vais présider, inch Allah. J’ai passé quatre jours à Podor, avant-hier. Je suis bien placé pour dire que mon parti se porte très bien. Mais je ne vais pas tromper moi-même puisqu’il y a des poches où nous sommes très faibles. J’étais, il y a quelques mois, à Tambacounda avec notre camarade Fatou Gassama qui a fait du travail là-bas. Ils étaient étonnés. Ils se demandaient d’où venaient tous ces militants. Ils étaient là, sans bruit, mais ils travaillent avec méthode, case par case, porte par porte. Récemment, des camarades m’ont dit que quatorze villages ont rejoint l’Urd. Ils m’invitent le 9 avril prochain avec notre camarade Fatou Gassama. Bref au total, ça va très bien. Les jeunes du parti étaient également à Khombole. Des villages qui entourent Khombole, ont, presque tous, rallié l’Urd.

C’est donc un parti qui attire les Sénégalais parce qu’ils savent c’est là où il y a la vérité. Et on n’a jamais dévié de notre objectif majeur, mais on n’a jamais blessé quelqu’un, on n’a jamais agressé qui que ce soit. On n’insulte pas, on n’attaque pas. Mais on se défend et, si besoin, on attaque. Notre projet est bien compris par les Sénégalais. C’est l’alternative. J’ai également dit aux camarades qu’il faut éviter l’aventure ou la restauration. L’aventure, c’est l’inconnu. La restauration, c’est l’ancien régime. Bref, c’est une mise en garde, mais sans menace. Il faut éviter l’aventure avec des gens qu’on n’a pas pratiqués.

Quand un parti se porte si bien, c’est pour aller aux élections. Celles de 2012 se profilent à l’horizon et vous avez annoncé que vous allez soutenir le président Wade. Pourquoi ne vous engagez-vous pas pour 2012 ?

Ça viendra. Je me suis largement exprimé devant mes camarades. Wade a dit qu’il est candidat. On prend acte et on le soutient en tant qu’allié puisque l’Alliance Sopi pour toujours a décidé d’en faire le candidat. Mais le jour où il ne sera pas candidat, je le saurai tout de suite. Donc il n’y a pas de quoi fouetter un chat. On ne me surprendra jamais, moi. Aujourd’hui, je suis prêt, mais tant que Wade sera candidat, je le soutiendrai. Mais le jour où je sentirai qu’il ne pourrait pas être candidat, je le saurai tout de suite. Donc attendons de voir.

Mais la vocation d’un parti, c’est d’aller aux élections, surtout présidentielles.

Bien sûr que je le sais très bien. J’ai été aux élections en 2000, mais ce n’est pas suffisant. C’était un test. En 2007, j’ai accompagné le président Wade. Il sait quel rôle j’ai joué pour sa réélection. Il est plus facile d’être élu que d’être réélu à cause d’un bilan qui offre des éléments de comparaison. Hier (durant sa rencontre avec ses militants de Paris, Ndlr), ils m’ont dit qu’il y a beaucoup de poches chez eux qui sont exclues de l’action gouvernementale. Voilà pourquoi j’ai dit qu’un bilan seul ne suffit pas. Quand quelqu’un voit un bilan brillant quelque part et que rien n’est fait chez lui, il est frustré.

Bref pour revenir à la candidature de 2012, Wade étant candidat de nous tous de l’Ast, je ne vois pour quelles raisons je vais dire que je l’affronte. Sur un coup de tête ? Non ! Moi, je réfléchis, je l’accompagne et on verra après.

‘Vous pensez que je vais rester les bras croisés pour attendre le Conseil constitutionnel. Je ne le ferai pas. Je me prépare à toutes les éventualités. Je n’ai pas de doute que le Conseil constitutionnel dira oui (à la candidature de Wade). Mais dans le cas contraire, je présenterai ma candidature. Ça, c’est clair’

Et si le Conseil constitutionnel déclare que la Constitution oblige Wade à ne pas se présenter aux élections de 2012 ?

Je serai tout de suite candidat.

Vous ne serez pas forclos ?

Non ! Croyez-moi.

Comment allez-vous faire ?

Ça dépend ! Croyez-moi. Dites-moi que vous me croyez. Vous pensez que je vais rester les bras croisés pour attendre le Conseil constitutionnel. Je ne le ferai pas. Je me prépare à toutes les éventualités. Je n’ai pas de doute que le Conseil constitutionnel dira oui. Mais dans le cas contraire, je présenterai ma candidature. Ça, c’est clair.

Vous préparez-vous donc à être candidat au cas où le président Wade ne le serait pas ?

Bien sûr. Quel que soit le cas de figure, je suis prêt, quoique je n’ai aucun doute sur la validité de la candidature du président Wade. Mais comme ça dépend du Conseil, attendons le Conseil.

Pourtant, des juristes contestent la candidature du président…

Ils ont tort. Pour moi, ils ont absolument tort. Mais on fait confiance à l’organe qui va se prononcer en son temps.

Pourquoi ont-ils tort ?

C’est trop long à expliquer. Je ne suis pas juriste. Je ne vais pas entrer dans ce débat juridique. Je considère qu’il faut être simple et renvoyer ça au Conseil constitutionnel dont c’est le rôle.

L’Alliance Sopi pour toujours avait l’intention de passer par l’Assemblée nationale pour faire voter une loi interprétative. L’avez-vous abandonnée ?

Pas encore. Mais c’est à notre niveau, et non au niveau de l’Assemblée. On est en réflexion. Au Sénégal, les gens sont très bizarres. C’est comme si on n’a pas le droit de réfléchir. Nous, on réfléchit à haute voix. On a dit, qu’à cela ne tienne, pourquoi ne pas présenter à l’Assemblée nationale une loi permettant d’interpréter la Constitution elle-même. On n’a pas dit que ce sera fait. C’est une question de réflexion. On réfléchit à haute et intelligible voix pour que nul n’en ignore. On n’a pas dit que ce sera fait, mais que si c’est nécessaire, on le fera.

Où est-ce que vous êtes dans le cadre de la réflexion ?

Elle est au point mort. On n’en a plus reparlé depuis lors.

Cela veut-il que vous l’avez abandonnée ?

Non !

Pourtant, au sortir de votre audience avec le khalife général des tidianes à Tivaouane, vous aviez dit qu’il faut laisser le Conseil constitutionnel statuer. Doit-on comprendre que le recours à l’assemblée nationale que vous aviez proposé, est abandonné ?

Mais non ! Il y a deux choses. Quand je suis sorti de cette audience avec Serigne Mansour Sy Borom Daradji, on m’a dit pourquoi approuvez-vous la loi interprétative. Je leur ai répondu ce que je viens de vous dire. Ensuite, on m’a demandé pourquoi prendre la place du Conseil. Je leur ai dit que l’Assemblée n’est pas le Conseil constitutionnel. Dans ce pays, il y a trop de confusions. Donc laissons le conseil, le moment venu, se prononcer en toute connaissance de cause, conformément à la loi fondamentale. En attendant cela, s’il le faut, on fera une loi interprétative. Voilà le débat. Mais puisque c’est trop confus, j’abandonne cette question. (…).

A part le bilan, sur quoi pouvez-vous vous appuyer pour réélire Wade ?

J’ai remarqué que chaque fois que la politique étrangère marche, est flamboyante, disons au firmament, gare aux élections qui arrivent. Chaque fois qu’on dit que les compteurs sont au vert et que c’est vrai, gare aux élections qui arrivent. Ça, c’est constant dans le monde entier en démocratie. Tous les pays démocratiques ont connu ça. C’est pourquoi je dis : ‘Attention au bilan !’. Il peut faire gagner comme il peut faire perdre. J’ai entendu un éminent homme politique dire que le bilan fait gagner rarement, par contre, il fait perdre souvent.

Alors, sur quoi faut-il s’appuyer pour faire réélire votre candidat ?

Sur le cœur des gens, sur les actes positifs, sur l’équilibre des Sénégalais et des électeurs, sur l’égalité, sur la justice, sur l’écoute et sur l’humilité. Il faut être humble. Il faut se mettre au niveau des citoyens, les écouter et les entendre. Aller les trouver sur leur lieu de travail où ils vivent quotidiennement, vivre leur difficultés, constater ça de visu dans les faits pour ne pas rester abstrait et être arrogant. Il ne faut jamais être arrogant. L’arrogance tue. J’ai dit hier (samedi 5 mars, Ndlr) aux camarades du parti que l’intelligence est la force des hommes politiques forts. La méthode est également une question de patience. L’humilité est maintenant une forme d’intelligence parce que c’est une question de se mettre au niveau de ses concitoyens. C’est très fort chez moi.

La question énergique ne sera-t-elle pas un point négatif ?

Pas tellement ! Il est vrai que le Sénégal vit des difficultés dans ce domaine. On s’est bien expliqué de long en large. Les citoyens ont compris. Je disais aux Sénégalais qu’on a maîtrisé ce dossier dans tous ses aspects parce qu’on sait pourquoi et comment le régler pour s’en sortir. C’est-à-dire la maîtrise globale du dossier. Et pour les solutions, on a mis en place un plan d’action à court terme. Dans quelques mois, on va améliorer la situation. Je ne dis pas qu’on va la régler définitivement, mais on va l’améliorer. Vers la fin de l’année, elle sera encore mieux. Maintenant, on a un autre dossier à moyen terme qui demande beaucoup de ressources. Tout sera budgétisé et mis en œuvre sans recours à l’extérieur.

‘Macky Sall est un frère. Il est intelligent, mais il a encore besoin de maturité. Il surfe sur une vague d’enthousiasme, mais ça ne dure pas. Là où il est actuellement à Benno, ce n’est pas sa place (…) J’aurais préféré qu’il soit avec nous, avec Wade. Mais il a fait son choix. Je le respecte’

Macky Sall ne va-t-il pas déstabiliser votre coalition ?

Il est vrai qu’il a pris quelques camarades de l’Ast, surtout du Pds et de l’Urd ici en France. Des citoyens sénégalais ont cru devoir quitter le Pds et l’Urd, il faut le reconnaître, pour le suivre. Je le comprends. J’ai connu le même phénomène. Moi, je ne néglige absolument rien du tout. J’ai dit hier (samedi 5 mars, Ndlr) que Macky Sall est un frère. Il est intelligent, mais il a encore besoin de maturité. Il surfe sur une vague d’enthousiasme, mais ça ne dure pas. Là où il est actuellement à Benno, ce n’est pas sa place. Ça, je me permets de le dire en tant que frère. J’aurais préféré qu’il soit avec nous, avec Wade. Mais il a fait son choix. Je le respecte. Comment va-t-il se comporter en 2012 ? Qu’est-ce qu’il va obtenir ? Ça, il appartient aux électeurs d’en décider. Quant à nous, on se battra pour gagner. En 2007, on a raflé tous les bureaux de vote ici à Paris et même en France. En 2012, ça ne sera pas facile ici en France pour faire le même score. Mais on va faire un bon score parce qu’on va se battre et rien n’est gagné d’avance.

Vous avez aussi parlé de l’unité du Pds lors de votre rencontre avec vos militants. Quel sera le potentiel destructeur des conflits internes du Pds en 2012 ?

J’ai dit que le Pds est un parti qui gouverne le Sénégal. Tout ce qui l’atteint, atteint le pays tout entier. Et, par conséquent, il faut qu’ils (les militants du Pds, Ndlr) le comprennent très sérieusement. Les enjeux sont trop énormes pour permettre des divisions internes destructrices. Même chose pour l’Urd aussi qui est un parti allié important du Pds. Afin, je pense que l’Urd est le parti le plus important de la coalition après le Pds. Je ne dis pas ça pour négliger les autres camarades alliés. Tout au moins en France. Donc l’unité est très importante en période électorale pour un parti comme le Pds, l’Urd et l’Alliance Sopi pour toujours. Donc l’Alliance doit être unie. Mais chaque parti allié doit être uni comme il se doit. J’ai bon espoir que j’ai été bien compris par les uns et les autres. C’était un langage d’unité et de solidarité réciproque.

Parlons de votre ministère. Où en êtes-vous avec la Grande muraille verte ?

J’y vais le 15 mars. Venez avec moi ! Je vais inviter l’ambassadeur des Pays-Bas. Ça se porte bien. Je vais toujours sur le terrain pour voir comment les plantes que nous avions mises sous terre depuis trois ans, se portent. J’ai dit avant-hier à Ndjaména, au Conseil de l’agence panafricaine que les arbres que j’ai plantés il y a trois, sont déjà grands. On m’a dit qu’ils vont produire dans deux ans. C’est rassurant. Nous avons certes un problème d’entretien, mais c’est un dossier déjà réglé. Je vais aller voir quand même le 15 mars avec l’ambassadeur du Pays-Bas s’il accepte mon invitation. J’ai déjà signé l’invitation avant d’aller à Ndjaména. J’espère qu’il va venir avec moi. J’invite toute la presse sénégalaise.

Quel est le taux de réussite des arbres que vous avez plantés ?

Nous avons un taux de réussite de 66 à 72 % selon les périodes : en 2008, c’était 66 à 72 %, en 2009, on a eu un taux 72 % et en 2010, c’est 66 %. En fait, ça dépend de la saison des pluies et surtout de l’entretien. On n’avait pas réussi à mettre toutes les parcelles sous grillage, sous protection, surtout celles de 2010. Il y a eu beaucoup de dégâts, il faut le reconnaître. Mais on a réglé cela parce que nous avons mis des grillages et on a tout clôturé. Dans tous les cas, je vais voir et après, je vais prendre les mesures qui s’imposent.

Ça représente quoi en superficie ?

En 2008, on a fait 10 000 hectares ; 5 000 hectares en 2009 et en 2010, 5 000 hectares. Ça fait donc 20 000 hectares. En termes de kilomètres, ça fait 120 000 km sur les 545 000 que l’on devrait faire. On est à notre début.

En tant que ministre de l’Environnement, quelle est votre position sur le Centre d’enfouissement technique (Cet) de Sindia ?

C’est la position que j’ai toujours exprimée : il faut le faire, mais il faut prendre des précautions parce qu’il y a l’aéroport de Diass qui est à côté. On m’a signalé qu’il faut toujours faire attention quand il y a un aéroport à côté d’un Cet. Et j’ai dit aux techniciens de tenir compte de ces phénomènes. En tout cas, il est presque en finition. L’aéroport international de Diass va être un aéroport ultra moderne. Par conséquent, tout autour, toutes les conditions de sécurité doivent être réunies, surtout les oiseaux – on connaît bien les dégâts que cause un oiseau dans un aéroport.

‘L’ensemble du pays est infesté de sel sur un million d’hectares. Ça fait beaucoup, en Casamance, dans le Delta et dans le Saloum, même sur le fleuve. On a un programme national de lutte anti-sel de 32 milliards de francs Cfa depuis 2008. On en cherche le financement auprès des partenaires économiques et financiers. Ils n’ont pas encore réagi’

Le Projet d’appui à l’irrigation locale (Papil) qui a coûté 10,9 milliards., a pris fin en décembre dernier. Si vous devez en tirer un bilan, quel sera-t-il ?

C’est un bilan très positif. Si tous les projets étaient comme ça… Voilà ce qu’il faut faire. J’ai dit à l’époque de ma tournée dans le Delta qu’au lieu de grands barrages, voilà ce qu’il faut faire. C’est-à-dire de petits aménagements à portée de main pour les familles, l’agriculture, pour la lutte contre le sel. On a dégagé 2 000 hectares infestés par le sel dans le Sine-Saloum, à savoir dans le Saloum, dans le département de Fatick et celui de Foundiougne sur les 100 000 hectares. C’est très peu parce que c’est le cinquième. Mais c’est quand même positif. Là où il y a du sel, on ne peut pas faire de l’agriculture ni de la pêche. Le projet Papil a fait des barrages anti-sel très forts, très grands. Non seulement cela, il a fait des bassins de rétention très importants dans la même zone, dans le Kolda également. C’est un projet qui a parfaitement marché. La Bad a été convaincue que ce qu’il fallait faire. Je pense qu’on va faire un deuxième projet, mais je ne sais pas encore la date.

Et la Casamance où les rizières sont envahies par le sel ?

L’ensemble du pays est infesté de sel sur un million d’hectares. Ça fait beaucoup, en Casamance, dans le Delta et dans le Saloum, même sur le fleuve. On a un programme national de lutte anti-sel de 32 milliards de francs Cfa depuis 2008. On en cherche le financement auprès des partenaires économiques et financiers. Ils n’ont pas encore réagi. Le ministre de l’Economie les a saisis au nom du Premier ministre à l’époque après un Conseil qui a produit un rapport exhaustif qui fait le point sur l’ensemble des éléments de la Casamance et de l’ensemble du fleuve Sénégal. Mais il faut que les Sénégalais sachent également que la mer pénètre à 400 km de profondeur par rapport à la côte pour le sel. C’est pour cela que Linguère est plein de sel maintenant. C’est donc un phénomène environnemental grave. Un jour, le président Wade me disait qu’il faut prendre ce phénomène à bras-le-corps pour le porter sur mes épaules. Je le ferai si Dieu le veut. C’est un projet important qui coûte très cher, qui dépasse les moyens du Sénégal seul.

Il y a aussi l’érosion côtière qui menace Saint-Louis, Rufisque et certains villages de la Petite côte. Votre ministère a-t-il une stratégie pour lutter contre ce phénomène ?

Non seulement, on en a, mais il y a déjà un programme en cours d’exécution de 10 milliards 600 millions. Il est financé par le Pnud, le Japon, l’Union européenne et l’Uemoa. De Saint-Louis à Saly, on a identifié les poches. Des études ont été faites ou son en cours. Mais un plan d’action est a commencé à Thiawlen, à Jokoul et à Rufisque. Le président Wade a dit d’en faire un projet sous-régional de Casablanca au Golfe de Guinée. Il a écrit à la Banque mondiale, à l’Union européenne pour qu’elles prennent en charge les études avec des experts internationaux. C’est un dossier que le Sénégal ne peut pas gérer seul. On a fait des appels pour les études de Casablanca au Golfe de Guinée. Les gens ne savent pas les dangers de l’érosion côtière. Et pourtant, c’est un phénomène extrêmement important dans le monde entier, et pas seulement en Afrique. Au mois de mai prochain, on se réunira à Marrakech autour de ces questions, sur un rapport du Sénégal et du Maroc. Le Bénin a aussi un dossier à présenter. On va faire un dossier complet à la demande du chef de l’Etat sénégalais qui coordonne le Nepad dans le secteur de l’environnement.

Pourquoi l’Etat a-t-il fait appel aux privés pour la gestion du Parc Niokolo Koba ?

Le gouvernement s’est rendu compte que l’Etat ne peut pas gérer les parcs. Voyez l’Afrique du Sud, le Kenya, la Tanzanie, de grands pays à grands parcs. Là-bas, ce sont des privés qui gèrent. J’ai fait quinze jours en Afrique du Sud. On a dit aux gens que l’Etat du Sénégal conserve les parcs dans son patrimoine, mais il vous transfère la gestion. En attendant cela, l’Etat sénégalais a mis un milliard dans le parc de Niokolo Koba pour le sauver, pour arriver qu’il soit retiré des sites en péril de l’Unesco. J’y étais avant-hier avec mon ami Abdoulaye Diop, ministre de l’Economie et des Finances. On a fait une journée entière au Niokolo Koba. On a tout vu. Je savais déjà tout parce que j’y avais fait deux jours. Je lui ai dit qu’il aille voir lui-même. Nous avons mis un plan d’urgence sur trois ans d’un milliard chaque année qui doit commencer dans quelques jours, s’il n’a pas commencé en mon absence.

Et les autres parcs ?

Il y a plusieurs parcs. Chacun a sa spécificité. A part le Niokolo, il y a la réserve du Ferlo qui fait 417 000 hectares. C’est la moitié du Niokolo. Il est à quelques kilomètres de Ranérou. Il est très difficile d’y accéder. Il a été créé en 1972 par le président Senghor. Si les privés l’avaient géré, il n’y aurait pas de problèmes d’accès. J’y étais au mois de novembre avec beaucoup de difficultés. D’autres existent au Sénégal. On a en vue une réserve animalière dans le Kédougou. Un décret m’attend sur ma table pour être présenté au chef de l’Etat. C’est un dossier important qui concerne l’ensemble du territoire national. On s’est rendu compte que l’Etat ne peut pas gérer ces parcs et réserves animalières et autres. Il faut les intégrer aux sites touristiques nationaux. Il n’y a que le privé qui peut le faire. Il y a de l’argent à gagner, la faune, la flore, la biodiversité est en jeu. J’appelle encore les privés sénégalais et autres étrangers à s’intéresser à cette gestion.

‘Cette année, il va encore beaucoup pleuvoir, mais nous serons à l’abri d’inondations catastrophiques que nous avions connues. En 2005, c’était dur, dur ! Ce fut le cas en 2003 et bien avant cela (…) C’est un phénomène maîtrisé maintenant. Toutefois, quand on dit que le phénomène est maîtrisé, cela ne veut pas dire qu’il est résolu, mais qu’on en connaît tous les aspects’

Quelles solutions pour les inondations qui sont les conséquences du dérèglement climatique ?

(…). On a fait beaucoup d’efforts. Je crois que cette année, il va encore beaucoup pleuvoir, mais nous serons à l’abri d’inondations catastrophiques que nous avions connues. En 2005, c’était dur, dur ! Ce fut le cas en 2003 et bien avant cela. On a fait des études d’impact totales, environnementales et sociologiques. On a dit aux habitants de ne pas y construire. Mais les Sénégalais s’installent dans des zones inhabitables. Quand les gens s’y installent et qu’il pleut, l’eau reprend sa place. Il n’y a pas de doute là-dessus. Maintenant, nous avons construit des ouvrages qui vont évacuer les eaux vers la mer. Ça n’a pas été suffisant. On a fait d’autres efforts en mettant en place le plan Jaxay, en demandant aux populations de se déplacer pour aller occuper ces maisons à bas prix. C’est un phénomène maîtrisé maintenant. Toutefois, quand on dit que le phénomène est maîtrisé, cela ne veut pas dire qu’il est résolu, mais qu’on en connaît tous les aspects. C’est ça la maîtrise d’un dossier.

Mais c’est toute la bande des Niayes qui est concernée. Les gens s’y installent sans que les zones ne soient viabilisées. Quelles sont les mesures que vous avez prises pour mettre fin à cela ?

Le Sénégalais est sourd. Il a un espace, il construit coûte que coûte. On a mis en place beaucoup de mesures qui sont en cours d’exécution. Allez faire un reportage là-dessus, vous allez voir.

Et le prélèvement du sable marin ?

C’est formellement interdit. A Somone, c’était le massacre. On l’a empêché, ils sont allés à Sandiara plus haut. Une mine de sable a été créée en 2005 et je l’ai fait fermer. Avec le ministre des Mines, on a trouvé un site qu’on a accepté d’accord partie à Tivaouane Peul. Là aussi, ce n’est pas adéquat parce que les gens m’ont saisi récemment pour protester fortement. Arrivé à Dakar, je vais examiner ça avec mon ami Abdoulaye Baldé (ministre de l’Industrie et des Mines, Ndlr) pour voir si l’on peut aller ailleurs encore.

Le sable marin n’est pas fait pour la construction du bâtiment. Il est déconseillé par les spécialistes. Mais les Sénégalais veulent le sable marin coûte que coûte. Les sanctions sont importantes. Il y a la saisie du matériel, la sanction pécuniaire et la sanction pénale également. C’est donc une série de sanctions. Mais rien n’y fit. Je préfère sensibiliser les gens aux dangers du prélèvement du sable marin. Récemment, j’ai reçu le patron de la brigade d’hygiène et de l’environnement avec le directeur de l’Environnement. On a parlé de ces questions importantes. J’ai été alerté que vers les Parcelles et Diamalaye, des charretiers prélèvent nuitamment le sable marin. Ils avaient fait une dune de sable. J’ai dit qu’il faut la fermer. Je ne sais pas s’ils l’ont fait. A mon retour, je vais contrôler. Bref, c’est un dossier tellement compliqué.

La construction, c’est mon ami Oumar Sarr qui s’en occupe. Moi, mon devoir, c’est de défendre le sable marin et le sable de dune. Si vous enlever les sables de dunes, c’est une catastrophe écologique. Donc gare aux sables de dune, attention au sable marin ! Je préfère faire cela que de sanctionner ou de réprimer. Mais si des sanctions s’imposent, je le ferai.

Propos recueillis à Paris par Moustapha BARRY

lasquotidien.info

 

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