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Drame à Kaffrine : Encore nous, les responsables…(Par Papa Cissé)

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Dans cet énième drame qui vient de s’abattre sur nous, l’on ne pourrait dégager la responsabilité exclusive de l’État, qui est d’établir les pleines conditions qui garantissent aux citoyens un bon déroulement des transports, en général, à travers l’application et le respect strict du code de la route. La sécurité routière est du ressort de l’État. Un accident mortel survenu à Kaffrine, faisant au moins 39 morts, vient de replonger le pays dans une angoisse de deuil, nous rappelant le naufrage du ‘‘joola’’. A cette époque, le Sénégal était dans les colonnes de la presse internationale. Et pour la plupart des plumes qui se sont prononcées, l’État était tenu comme principal responsable même que des autorités du gouvernement d’alors devraient être interpelées et jugées parce que plus mêlées dans ‘‘l’irresponsabilité collective’’. Le transport est un secteur d’activités régi et garanti par l’État. Ce dernier délivre les autorisations tels que les permis de conduire, les certificats de mise en consommation. Il construit les voies, établit des lois et règlements à respecter et veille au respect de ceux-ci par l’intermédiaire des forces de l’ordre. Nos pensées attristées à l’endroit des morts et de leurs familles endeuillées nous exhortent à donner notre opinion face à cette grosse problématique.

Dans tout accident de la route, les responsabilités semblent partagées entre l’autorité étatique et les acteurs évoluant dans le secteur du transport.

D’abord, il y’a le facteur humain. Celui-ci engage le conducteur qui, en résumé, commet une infraction qui cause en partie l’accident. Au Sénégal, nombreux sont ceux qui détiennent un permis de conduire sans même être capables de lire correctement les panneaux de signalisation. Dans un pays où plus de la moitié de la population est analphabète, les formations et les examens pour l’obtention du permis de conduire devraient être endurcis et strictement encadrés. De même que la délivrance du permis professionnel ou de transport devrait se soumettre à un certain nombre de critères. De plus en plus, l’indiscipline dans le transport routier devient notoire. ‘‘Mbédu buur’’, ‘‘Alaalu buur’’.. ces termes qui nous apprennent combien l’homo senegalensis peut présenter des comportements d’incivilité. Parfois nous sommes rattrapés par certains de nos démarches néfastes et qui parfois portent préjudice à notre paix sociale. Les passagers ne se gênent point de s’en prendre au conducteur. Le receveur insulte la vieille dame qui tarde à descendre du bus. Tels des comportements de tous les jours constatés dans le secteur du transport urbain.

Les conducteurs de minibus de transport comme les ‘‘Tata’’et les ‘‘car-rapides’’ sont quasiment d’âges très jeunes d’où les excès de vitesse, les dépassements dangereux et même l’insolence devant les passagers. L’anarchie dans le secteur du transport routier est même banalisée. Dans la commune de Yeumbeul Nord, par exemple, les populations subissent quotidiennement le dictat des automobilistes. Les passages à piétons sont presque inexistants. Soit ils sont occupés par de vieilles carcasses de voiture, soit des véhicules y sont stationnés, soit des commerçants s’y installent. Ce qui obligent les passants à emprunter la voie goudronnée. Le transport en dehors de la capitale ou dans les régions est comblé par les motocyclistes ‘‘Jakartamen’’. Une activité certes informelle mais qui accueille de plus en plus de jeunes. A défaut de pouvoir décrocher un emploi durable et garanti, les jeunes trouvent dans ce milieu, de quoi subvenir à une partie de leurs besoins. Toutefois, le manque d’encadrement dans ce secteur cause d’énormes pertes en vies humaines. Des cas d’accidents sont enregistrés chaque année. Du fait que beaucoup de ces conducteurs n’ont reçu aucune formation en amont et ne respectent pas les mesures préventives de sécurité en aval.

Le transport interrégional routier est tout aussi problématique. D’ailleurs le secteur vient d’enregistrer l’un des accidents les plus meurtriers jamais connus. Avec plus de 39 morts, ce drame vient de s’inscrire dans le registre des incidents mortels ayant choqué les consciences. Survenue dans la nuit du samedi au dimanche 8 Janvier, dans le département de Kaffrine, la collision de deux bus a causé d’énormes pertes en vies humaines et plusieurs blessés graves. L’origine d’une si rare violence reste méconnue du grand public. Les témoignages divergent d’un côté comme de l’autre parmi ceux là en charge du secteur. Pour les conducteurs, l’état dégradant des routes est aussi une des causes principales de cet accident en plus du manque d’éclairage des routes nationales. L’État pointe du doigt l’irresponsabilité des conducteurs de bus qui roulent constamment en excès de vitesse et ne respectent aucunement les normes requises pour chaque tronçon de la route. Nous concernant, l’État a une très grande part de responsabilité dans ces tragédies. 

D’autre part nous pouvons pointer du doigt l’état des véhicules admis au transport.

Le secteur du transport au Sénégal est très mal encadré. D’abord la vétusté des véhicules de transport est un constat connu de tous. Comment comprendre que des véhicules de transport comme ceux communément appelés « car rapides » puissent passer avec succès les visites techniques? Les bus comme ceux en question, sont de marque Renault et ont au moins 35 ans d’existence et continuent d’effectuer les longs voyages. Parfois ils sont surchargés au point qu’ils roulent en déséquilibre. Les cars de marque Mercedes connus sous le nom de ‘‘Ndiaga Ndiaye’’ souffrent d’insécurité, de manque de confort et bien d’autres maux. Ces véhicules subissent des transformations internes comme externes, une fois reçus au Sénégal. Le propriétaire fait augmenter les sièges en modifiant les dispositions de sécurité dans l’intérêt de gagner plus de passagers. Et rien que cette option frauduleuse fausse l’aspect sécuritaire du véhicule et crée d’énormes dangers. Dans la clandestinité, circulent des anciens véhicules, bannis du transport appelés ‘‘taxi-clandos’’. Ils sont généralement aperçus dans les quartiers mais de plus en plus, ils rallient la banlieue et la capitale. Ces automobiles ne présentent aucun papier en règle et ne sont pas admis au transport. 

Et l’État est bien conscient de tous ces risques qui gravitent autour du secteur du transport mais préfère se plier face à certaines réalités sociétales. Le gouvernement n’entend pas faire appliquer rigoureusement les mesures contre certaines pratiques malsaines. De peur d’être sanctionné aux prochaines élections. La police de la circulation accuse un manque d’effectif. Le contrôle des véhicules n’est pas aussi fréquent. Parfois la tolérance est de trop devant les conducteurs et les sanctions ne suivent pas.

L’année dernière, une politique de renouvellement du parc de transport avait été mise en place par le gouvernement de Macky Sall et a été décidée au cours de ce processus, la mise en place du Fonds de développement des transports terrestres (FDTT) qui aura pour mission de moderniser le système de transport public. Dans une interview accordée par un journal de la place, l’administrateur du fonds a parlé d’un projet de milles gros porteurs et d’autres véhicules de transport pour remplacer ceux déjà en circulation depuis plus de vingt ans. Jusqu’à ce jour, nous attendons de voir les anciens véhicules comme ceux cités en haut, disparaître au profit d’autres plus sûrs avec le confort qui sied.

Des mesures drastiques s’imposent pour réformer le transport routier et l’État doit redoubler d’efforts en ce sens pour faire reculer ce fléau.

Le Sénégal semble n’avoir rien appris du naufrage du ‘‘Joola’’ et pourtant des jours de deuil national étaient décrétés mais au vu de ce qui s’est passé à Gniby, nous sommes en droit de se demander si le mal pouvait être éradiqué. De plus en plus, des scènes d’infractions routières se font constater et toujours pas de solution. L’impunité a vraiment pris le dessus dans ce secteur et la corruption s’est installée à tous les niveaux. 

Un retour vers les valeurs fondamentales de la république reste l’unique solution.

Paix aux âmes des disparus et nos condoléances à leurs familles..

Papa Cissé,

Homme politique, chroniqueur et analyste.

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