Le Sénégal, comme tous les pays du Sahel, a connu, du début des années 1970 au milieu des années 1980, une terrible période de sécheresse. Rien ne poussait. Le cheptel était presque totalement décimé. La famine s’installa dans les campagnes. Car les agriculteurs ne récoltaient plus rien. Les pluies avaient disparu. Cette situation à laquelle les États et les peuples ne s’étaient pas préparés fit des ravages à tous les niveaux de nos sociétés.
Les paysans et leurs familles affluèrent vers les villes et plus particulièrement vers la capitale, Dakar.
Avec le mode d’habitat des villes ( espace réduit) les parents qui ne réchignaient, certes, pas à aider les leurs venus du monde rural ne pouvaient pas les héberger tous.
On assista, alors, à l’érection d’habitats spontanés, à l’occupation de zones autrefois réservées au maraichage ou autres.
Les bas fonds, les canaux, les voies d’évacuation des eaux pluviales ( quand il y avait la pluie) furent occupés . Dans l’indifférence générale. Et dans un désordre indescriptible. Des quartiers entiers virent le jour dans des sites où, naguère, il était inimaginable d’habiter. Les autorités d’alors laissèrent faire. Et certaines zones non aedificandi étaient devenues, entre temps, des bastions électoraux. Aujourd’hui certaines zones de ces habitations spontanée s sont devenues des mairies d’arrondissement avec l’Acte II de la Décentralisation. Pour dire!
Les phénomènes naturels évoluant par cycles celui de la sécheresse dans le Sahel annonça sa fin entre le milieu des années 1980 et le début des années 1990.
Les populations se rendirent, petit à petit, compte qu’elles avaient occupé des zones qui étaient tout sauf habitables.
Avec l’annonce du retour des pluies les paysans qui pouvaient le faire retournèrent au village. Les gens qui avaient encore la possibilité de quitter ces lieux pour de meilleures conditions ne se firent pas prier. Pour d’aucuns, faute de solution, on géra l' »ingérable ». En ce qui concerne ceux qui avaient déjà investi tout leur patrimoine dans ces lieux le désarroi resta total.
Le début des années 2000 marqua d’une manière très nette la recrudescence des pluies. Et forcément la régularité des inondations dans des zones où la nappe phréatique, à certains endroits, affleure ( Wakhinane).
Avec la persistance de ce phénomène et face au désarroi des populations il fallait des solutions.
Déplacement des populations, plans, nouvelles zones de recasement, drainage des eaux….. Tout y passe. Le pouvoir d’hier aujourd’hui passé dans l’opposition a fait ce qu’il a pu . L’opposition d’hier, aujourd’hui au pouvoir fait ce qu’il peut. Et les débats politiciens n’ont jamais cessé de polluer l’atmosphère sociale sans qu’on entrevoie le bout du tunnel. Et , jusqu’ici, on n’a jamais fait ce qu’il fallait.
Pendant des années les inondations détruisent les habitations, charrient les eaux dans des endroits où elles détruisent tout sur leur passage. Sans réaction de la part des populations, des autorités…….
Fuir les zones inondées reste tout à fait naturel et normal. Pomper les eaux pour les drainer hors des habitations est aussi très humain comme réaction.
Mais la logique voudrait qu’on ne s’arrête pas à la réaction. Et agir sur le phénomène pour le dompter ou, pourquoi pas ?, en tirer profit.
Ces eaux détruisent et sont mal venues dans les marécages transformés en habitations et dans les zones non aedificandi.
Les habitants et les autorités qui ont fauté en payent, aujourd’hui, le prix. Et cette eau qui fait des ravages pendant tout ce temps ? Il ne lui arrive rien sinon que de stagner, si elle n’est pas drainée ailleurs, et causer des maladies et des périls.
Or, paradoxalement on a besoin de cette eau ailleurs où elle pourrait être salutaire.
Ne devrait-on mettre en place des mécanismes qui captureraient ces eaux pour les conduire là où elles seraient les bienvenues ?
Pourquoi ne pas influer sur le phénomène ? Etudier les conditions d’écoulement des eaux, les réorienter pour l’emploi judicieux de ces flots.
La construction de digues, de bassins de rétention hors des zones inondées répondrait à cette logique.
Trés près de nous un pays a utilisé les eaux des inondations, avec un investissement léger , pour ériger cinq mille ( 5000) mini barrages.
L’eau, une source cruciale au centre de nos activités ne devrait, en aucun cas, causer autant de soucis.
Depuis l’aube des temps l’homme n’a cessé de franchir ou de contourner les obstacles à son épanouissement, à sa sécurité.
Wagane Faye
Professeur d’anglais
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