Deux mois après sa nomination comme chef du gouvernement en remplacement d’Abdoul Mbaye, Aminata Touré a passé son grand oral devant l’Assemblée nationale hier, lundi 28 octobre. Une déclaration chevillée au programme Yoonu Yokkuté du candidat à la présidentielle de 2012, Macky Sall, aujourd’hui homme fort du Sénégal. Centrée sur trois grands axes (urgences sociales, relance de l’économie, et consolidation de l’Etat de droit), elle est surtout adossée à un échéancier de réalisation. Tout à l’opposé de son prédécesseur Abdoul Mbaye qui avait été lors de sa déclaration de politique générale du 10 septembre 2012 bien évasif sur l’agenda et les délais de réalisation des stratégies arrêtées pour redresser le Sénégal. Conformément à la vision du chef de l’Etat.
Du premier chef de gouvernement de Macky Sall, en l’occurrence Abdoul Mbaye, à son successeur à la Primature, Aminata Touré, deux présentations du programme Yoonu Yokkuté de redressement économique et social du Sénégal ont été déclinées devant la représentation parlementaire. En l’espace de 13 mois (10 septembre 2012-28 octobre 2013), la feuille de route du gouvernement inspirée de la vision de Macky Sall ne pouvait ainsi guère connaître de profondes mutations, en dehors de quelques légères retouches. Mimi Touré a donc présenté, devant la douzième législature, une mouture du Yoonu Yokkuté similaire, pour l’essentiel, à celle de son prédécesseur Abdoul Mbaye. Ce qui a poussé l’opposition (Modou Diagne Fada, président du groupe parlementaire libéral) à parler de « réchauffé ».
Chevillée à trois grands axes (la prise en charge des urgences sociales et la correction des inégalités; la relance de l’économie pour une croissance génératrice d’emplois; la consolidation de l’Etat de droit avec le renforcement de la bonne gouvernance et le développement local), la déclaration de politique générale rompt avec le grand oral d’Abdoul Mbaye sur un point essentiel. Celui de l’échéancier des stratégies préconisées pour arriver aux objectifs de développement économique et social.
Alors que la déclaration du premier chef de gouvernement de Macky Sall était restée évasive sur l’agenda et les délais de réalisation des réformes et programmes du « Yoonu Yokkuté », celle de Mimi Touré a voulu être concrète. Toute la batterie de mesures avancées par l’actuelle Première ministre de Macky pour répondre à la forte demande sociale des Sénégalais est adossée à des dates qui tournent globalement entre 2014 et 2017.
Un espace de temps clos en somme pour juger du degré de réalisation des promesses. Création de 11 nouveaux centres et 40 postes de santé d’ici 2017, afin d’améliorer l’offre en services de santé ; examen à l’Assemblée nationale « avant la fin de l’année » du nouveau Code de la presse qui dort dans les tiroirs de l’hémicycle depuis 2011, mise en route opérationnelle de la carte d’égalité des chances destinée à la prise en charge des personnes vivant avec un handicap en 2014 ; construction de l’arène nationale de lutte au cours de la même année sur un site consensuel.
Qui plus est, « pour accélérer le désenclavement interne de notre pays, le gouvernement a déjà engagé la réalisation de 33 projets routiers d’un coût global de 627 milliards de FCFA, pour un linéaire de 940 km de routes revêtues, avec 7 ponts et ouvrages d’art », a rappelé Aminata Touré, en soulignant que « toutes ces routes devront être réceptionnées d’ici à 2015 ».
Quid enfin de l’épineuse question de la fourniture d’électricité ! Mimi Touré a annoncé à ce niveau une « capacité suffisante » en électricité d’ici 2017. « Pour renforcer la production, l’option a été prise de recourir à un mix énergétique, avec les sources d’énergie les moins coûteuses comme le charbon, le gaz, l’hydroélectricité, le solaire et l’éolienne », a dit Mimi. Avant de préciser que « des contrats d’achat d’électricité ont déjà été signés avec des investisseurs privés pour la construction d’une centrale à charbon à Sendou d’une puissance de 125 mégawatts, et d’une seconde de 300 mégawatts.
Le démarrage de leur production est prévu en 2016. Une troisième centrale de 70 MW prévue à Tobène, entrera en exploitation en fin 2014 ». En outre, « des accords sont déjà signés pour une production de 80 MW à partir du gaz de la Mauritanie, à compter de 2015. Des perspectives s’offrent également avec le développement de l’hydroélectricité grâce à la mise en service des centrales hydroélectriques de Felou (15 MW) et de Sambagalou (51 MW) prévues respectivement en 2013 et 2017».
Nonobstant la question des moyens à mobiliser pour arriver à ces objectifs, ainsi que celle des méthodes de gouvernance devant conduire les changements attendus, Mme le Premier ministre semble de fait inscrire l’action de son gouvernement dans un concret immédiat. Les observateurs de l’action gouvernementale pouvaient-ils mieux espérer ? Eux à qui il a été manifestement délivré une grille claire de suivi de l’action publique et des engagements du gouvernement. Mimi Touré s’est engagée, les Sénégalais ont retenu, au temps de juger !
Source: sudonline.sn