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Echec d’Odinga à Abidjan : Comment ADO a déjoué le piège de Gbagbo

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Le Premier ministre kenyan quitte la Côte d’Ivoire, aujourd’hui, après avoir échoué à convaincre Laurent Gbagbo de céder pacifiquement le pouvoir.

La mission de Raila Odinga a pris fin avant d’avoir débuté. Le Premier ministre kényan quitte aujourd’hui Abidjan sans avoir trouvé de solution pacifique à la crise post-électorale, comme il l’avait espéré et promis. Pouvait-il en être autrement ? Lundi, après environ deux heures de discussions avec l’ex-chef de l’Etat, l’envoyé de l’Union africaine n’a obtenu que des broutilles qu’il qualifiera hâtivement d’ « avancées ». Selon nos sources, à aucun moment, les deux hommes n’ont abordé la question centrale du départ de Gbagbo du palais. Les salamalecs ont tourné autour de la levée du blocus autour de l’hôtel du Golf et d’un éventuel dialogue direct entre le président élu, Alassane Ouattara et le perdant.

Bien entendu, Odinga a fait remarquer à l’ex-chef de l’Etat que lors de sa précédente visite, ce dernier lui avait promis la levée du blocus du Golf, sans que cela ne se traduise dans les faits. Il tente de faire comprendre à son interlocuteur qu’il était dans son intérêt de jouer la carte pacifique pour contrer les foudres de la communauté internationale. Sa proposition ( ?) de dialogue direct avec Ouattara est acceptée par Gbagbo qui n’y met aucune condition. Et, comme geste de bonne volonté, ce dernier promet de lever le blocus imposé au président élu et à son gouvernement, dès mardi. Mais, Gbagbo réaffirme son statut de président légitime, disposé à tendre la main au nom de la paix. Il pouvait d’autant afficher cette raideur qu’il savait que du côté de New York, la Russie bloquait l’adoption d’une résolution corsée contre lui.

L’envoyé de l’UA se rend ensuite chez Ouattara avec cette proposition, en laquelle lui seul croyait.

Il propose même la date de mardi. Surpris par la tournure prise par la mission, Ouattara et son Premier ministre Guillaume Soro restent sur leur position de principe : la seule négociation qui vaille est celle relative au départ de Gbagbo du pouvoir.

Du côté du Golf, l’on s’étonne même que le blocus devienne un point de négociation alors qu’il s’agit d’un problème créé de toutes pièces. Mieux, lors de la dernière mission commune Cedeao/UA, Gbagbo avait déjà promis de mettre fin à cette situation absurde, sans tenir parole.

Quant à la proposition de dialogue direct avec Ouattara, elle rappelle étrangement celle initiée avec les Forces nouvelles en 2006, pour se soustraire des griffes de la communauté internationale. L’Onu était sur le point d’adopter une résolution consacrant son illégitimité.

Odinga, qui veut tout de même croire en son étoile, met sur la table le principe d’une rencontre préliminaire entre des cadres des deux camps. Pour ne pas donner le sentiment d’être fermé à toute solution pacifique, le camp Ouattara demande à l’envoyé de l’UA d’aller recueillir les propositions de Gbagbo par écrit. Ce courrier officiel doit donner les motivations de la rencontre, un projet d’ordre du jour. Etant entendu que ce document ne mériterait analyse et réponse que s’il ne reprend pas les propositions du genre Gbagbo président et Ouattara vice-président. Surtout, il devait respecter le mandat d’Odinga, c’est-à-dire se conformer strictement à la position de la Cedeao et de l’UA qui, toutes deux demandent à Gbagbo de céder pacifiquement le pouvoir à Ouattara.

En quittant l’hôtel du Golf après plus d’une heure trente d’échanges, le Premier ministre kényan promet de revenir dans l’après-midi.

Entre-temps, convaincu qu’il tient le bon bout à New York, le camp Gbagbo lui envoie deux émissaires à son hôtel, pour lui dire qu’il n’est plus question de lever le blocus au motif qu’Abidjan est attaquée.

Raila Odinga comprend alors ce que tout le monde savait déjà: il a été roulé dans la farine. Il décide d’écourter son séjour sur les bords de la lagune Ebrié.

A l’analyse, l’échec de Raila Odinga était prévisible. En s’écartant de son mandat qui était de venir demander à Gbagbo de partir pacifiquement, le Premier ministre kenyan donnait le sentiment de chercher à tirer profit de sa mission. Un éventuel succès lui aurait donné du coffre au plan international. Est-ce pour cette raison qu’il est venu seul, sans aucun mandataire de la Cedeao ? Le résultat est malheureusement là. In-so-lu-ble !

Kesy B. Jacob

Nord-Sud

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